LIVRE 2005 - page rieuse - Free

ationalise le rejet de la société française
et justifie [...] la violence à son égard. [...
Le] commissaire [... va] simplement [...]
inverser les proportions pour faire de la
dérive violente le risque non pas mineur
mais véritablement central de l'islamisation
des quartiers.
Ainsi se profile la menace suprême, le
terrorisme de grande échelle. "L'aventure
du djihad" fournit en effet un "modèle
héroïque" d'identification à "des
jeunes déjà formés par la délinquance et
l'action illégale" [6]. Ainsi [s'expliquerait]
comment le Groupe Islamiste Armé (GIA)
a pu organiser les terribles attentats qui
ont frappé les parisiens en 1995. Le cas
de Khaled Kelkal devient [...] emblématique
d'un processus général » [5] [Voir
« Algérie aux éclats », p. 248].
Et le leurre peut durer un bon peu. Ainsi,
arrêté en 1993, « Moussa Kraouche, leader
suspecté d'une puissante “association
de malfaiteurs en relation avec une
entreprise terroriste”, a [finalement, en
2000,] bénéficié d'un non-lieu à cause
“d'une construction de preuves pure et
simple [...]” » [8], par la police antiterroriste,
dirigée alors par Roger Marion.
« [Ce] discours [...] simplificateur, catastrophiste
et ultra-stigmatisant [..., trahit
des] intentions implicites :
- 1. Accréditer l'idée d'un engrenage toujours
plus dangereux, de jeunes de plus
en plus jeunes, etc.
- 2. Evacuer la dimension politique du
comportement agressif des jeunes
envers les institutions (en ramenant tout
au "système mafieux").
- 3. Dissimuler la coresponsabilité policière
dans la tension permanente [...
dans] certains quartiers ainsi que dans le
déclenchement direct de certaines
émeutes.
- 4. Défendre une conception répressive
du [...] policier [...] au détriment d'une
conception préventive centrée sur la
qualité de vie quotidienne des citoyens
(prévenir les conflits interpersonnels,
retrouver plus souvent les biens volés,
dissuader les cambriolages). » [5]
Il « existe [donc] une présomption de culpabilité
et [...] de dangerosité pesant sur
les jeunes d'origine immigrée, [... surtout]
maghrébine. » [5] Ce « racisme policier
anti-jeune et anti-immigré [... est]
constitutif de [...] la culture professionnelle
des policiers, bénéficiant d'une
tolérance inédite [...] ([... La police française
a été] plusieurs fois citée dans les
rapports annuels d'Amnesty International
[... ; et, pour l’exemple,] un arrêt de
la Cour européenne des droits de l'homme
du 28 juillet 1998 [condamna] la
France pour torture suite aux violences
infligées par cinq policiers à un prévenu
maghrébin au cours d'une garde à
vue.).
[... On note aussi] un dénigrement du
rôle de ces agents de médiation [..., dits]
"grands frères", une volonté de criminaliser
les associations islamiques ainsi
qu'une dénonciation particulièrement
virulente des soutiens associatifs et [militants,]
que rencontrent parfois les
[jeunes,] dans leurs critiques à l'égard
des policiers.
Au fond, les policiers reprennent ici des
schémas [très] utilisés dans les années
70 face notamment au terrorisme [dit]
d'extrême gauche. [... Leur] discours
s'apparente à une théorie du complot
[Voir « “Théorie du complot” », p. 24] et
nourrit l'image de la police comme dernier
rempart avant l'invasion, la guerre,
le chaos. » [5]
[1] : (Le Figaro, 25/4/2002)
[2] : (Laurent Mucchielli, « Délinquance et immigration :
des préjugés à l'analyse », amnistia.net - Les Enquêtes
interdites, n° 23-24, 12/9/2002, d’après le
http://www.groupeclaris.com d’alors)
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