LIVRE 2005 - page rieuse - Free

groupe terroriste, les manipulateurs de
l'horreur restent parfaitement en mesure,
en confrontant chacun à cette brutale
réalité de l'incontrôlable, de récupérer
en aval, comme militarisation, ce que
cette société a perdu en amont comme
maîtrise rationnelle de ces choix. C'est
seulement à l'intérieur de ce cadre général
qu'il faut envisager la manipulation
policière, directe ou indirecte, du terrorisme
[Voir « Risquo-logie », p. 461].
Le point faible des analyses
critiques du terrorisme
a trop souvent été de
prêter à l'Etat une capacité
de décision unifiée
qu'il ne possède en fait
presque jamais, dont il
approche seulement
dans les moments de
crise ouverte, quand il est
pressé par un danger
mortel qui contraint ses
diverses fractions à se
mettre en œuvre très
vite, ou à se regrouper
autour de celle qui prend
l'initiative. Il s'agissait précisément
dans les analyse
qui ont fait la part trop belle à un supposé
machiavélisme des dirigeants,
d'une extrapolation à partir de l'exemple
des bombes de Milan en 1969 [Voir
« 69, l'année est toxique », p. 65], c'està-dire
à un moment où l'affrontement
des classes antagonistes concentrait
pour chaque camp la multitude des
choix possibles, en quelques nécessités
tactiques pressantes.
Mais […] qu'il s'agisse de fuite en avant
de la démence nucléariste [ou] des développements
"hors positionnement" d'un
terrorisme téléguidé, on ne peut voir
dans les conséquences les résultats d'un
choix fait en toute connaissance de
cause au centre de l'Etat. Et d'abord
parce qu'un tel "centre" omniscient et
omnipotent n'existe pas. L'Etat comme
réalité institutionnelle et comme fiction
politique, ne fait de plus en plus que
couvrir un processus qu'il ne gouverne
pas réellement, qui est bien plutôt la
résultante, ajustée au coup par coup,
d'initiatives prises au CEA ou à la DGSE,
à l'INRA ou dans l'administration, mais
aussi dans l'industrie ou les médias, bref
par l'une ou l'autre des mafias qui se partagent
le territoire de
notre vie ». [13]
Une maffia de mercenaires
au service de l’impérialisme
de grandes
firmes (lobbies militaroindustriel,
pétrolier,
pharmaceutique) aura
ainsi pour couverture
un président niais mal
élu. Passe-partout pour
justifier l'hégémonie
martiale de cette maffia,
les "terroristes" qui se
ramènent, au fond, à
une seule grande clé
explicative, à une
« conspiration unique »
[11] d’Al Qaida, « et celle-ci est tellement
vouée à réussir – tant ses instigateurs
sont puissants – que les détails les plus
minimes de la réalité sociale en portent
trace » [11]… Dans les banlieues
comme ailleurs.
[1] : (Jean-Paul Baquiast, « Politique et sciences. Théories
du complot et analyse scientifique », La Revue mensuelle,
n° 73, 26/5/2006, http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2006/73/complot.htm)
[2] : (Alexander Cockburn, « Scepticisme ou occultisme ?
Le complot du 11-Septembre n’aura pas lieu », Le Monde
diplomatique, 12/2006, p. 3)
[3] : (Cf. Karl Marx, « Le Capital », Tome 1 (1867), chap. 1,
IV, http://classiques.uqac.ca/classiques/Marx_karl/capital/capital_livre_1/capital_livre_1_1/fichiers_images/capital_livre_1_1_001_195.pdf,
19,5 Mo)
[4] : (Serge Halimi, « Les nouveaux Chiens de garde »,
p. 32, d’après Noam Chomsky ; cité par PLPL n° 20, p. 5)
27 L’Empire du bien en général