LIVRE 2005 - page rieuse - Free

lences invisibles des rapports sociaux
asymétriques et de conflits (exclusion
scolaire et économique, relégation
urbaine, disqualification symbolique), de
sorte que l’insécurité est une coproduction
entre tous les acteurs, y compris de
la part d’institutions et d’organisations
qui se pensent comme une partie de la
solution alors qu’elles sont souvent aussi
une partie du problème. » [7] Se pensent
comme une partie de la solution ou se
prétendent telles.
On pourrait vouloir les croire sincères.
« Pourtant, on le sait à présent, la plupart
de ceux qui [...] ont glapi en faveur
de la loi et de l’ordre se sont révélés être
des fripouilles. Tel ancien maire de Nice,
proche du Front national, ne cessait de
réclamer davantage de police et de
poigne… jusqu’au jour où les tribunaux
l’ont contraint à aller dépenser en
Uruguay les sommes extorquées à ses
administrés. Tel autre champion de la
“lutte contre l’insécurité”, réélu maire
RPR d’une ville détenant le record de
caméra de surveillance au centimètre
carré, restera célèbre pour avoir à la fois
utilisé des employés municipaux à titre
de domestiques personnels et contraint,
pistolet au poing, une malheureuse à lui
faire une fellation. Tel ancien ministre de
la Justice, théoricien sécuritaire du RPR
dans les années 1980, a fini mis en examen,
le 30 août [2001], pour “recel
d’abus de biens sociaux”. » [1]
« Quand l’arrogance des corrompus prétend
moraliser le peuple à coups de
bâtons, quand les leçons de civisme tombent
d’une présidence qui s’endort,
chaque soir, sous des draps trempés
dans la boue et dans le sang de la
Françafrique [25], quand les éminences
néogaullistes disent le droit nouveau
avec, dans leurs placards, le corps de
Boulin [... et d’autres] : cela s’appelle la
Sécurisons un peu 264
droite » [26]. Le cynisme porte haut, et
clame bien fort qu’il n’y a pas assez de
répression contre cette mauvaise populace.
Les médias portent sa voix [Voir
« “La France a peur” », p. 256].
Pourtant, on se pose parfois des questions.
Exemple : « Le Front national (FN)
a-t-il cherché à provoquer des tensions
dans les quartiers sensibles, comme
Beauval à Meaux [Voir « Copé collé »,
p. 245], en menant des opérations de
déstabilisation ? [... Un] ancien du
département protection et sécurité (DPS)
[Voir « Dépèce ! », p. 174], le service de
sécurité du FN, [...] Claude Hermant
[Voir « Membre fantôme », p. 198] [...]
raconte comment, entre fin 1997 et
1998, il a mené “des opérations dans les
quartiers”, pour y faire “monter le Front
national en jouant sur l'insécurité”. [...
Dans] le quartier de Beauval [...,] il avait
“repéré un trafic de drogue”, en “mission
d'infiltration”, ainsi qu'une BMW noire
venue d'un autre département “pour
s'approvisionner régulièrement”.
“J'ai soumis l'idée d'une opération à
Paris, affirme-t-il, et elle a été acceptée.
Elle a consisté à récupérer une voiture
du même modèle et à mettre des
plaques identiques. Nous sommes allés
sur place, à quatre dans la voiture, vers
22 heures. Le long du boulevard, nous
avons tiré deux coups de fusil à pompe
sur les dealers, à blanc. Le but [... était]
de susciter des tensions entre les
bandes”. L'homme ne fait plus partie du
DPS depuis 1999, mais il affirme avoir
mené à l'époque “six ou sept opérations
du même genre dans le département,
en un an et demi”. » [27] Ordre et
désordre. Gros, demi-gros, détail.
[1] : (« Les pyromanes de l’insécurité », PLPL, n° 6,
10/2001, p. 3, http://www.homme-moderne.org/plpl/n6
/p3.html)
[2] : (Gilles Sainati, « La tolérance zéro à la place de l’Etat