LIVRE 2005 - page rieuse - Free

plusieurs interlocuteurs qui ne maîtrisent
pas les codes de l'interview [..., et] se
contentent de fixer l'objectif pour faire
une dédicace à la cité [... ou bien] opposent
une fin de non-recevoir plus ou
moins audible et articulée, à toute velléité
de questionnement. Ce qui est alors
"visiblement" frappant pour le téléspectateur,
c'est l'incapacité à s'exprimer
rationnellement, la dimension instinctuelle
des sociabilités et le refus de saisir
la possibilité d'argumenter.[...]
L'espace des cités est vu très souvent à
partir [du] procédé [...]
"une journée avec la
police". [...] Avec des
degrés de dramatisation
différents, suivant
[... la situation], le téléspectateur
embarque
pour un travelling de
la peur [..., avec les]
réflexions "en direct"
des policiers qui surlignent
les images. Il
[... y a] une version
piétonne [..., avec passage
obligé dans] les
caves squattées [... Nombre] de procédés
[... filmiques sont repris du film
d'horreur] (caméras "subjectives" portées
à l'épaule, grandes focales rendant l'espace
fuyant, musique de fond angoissante,
etc.). [...]
Parfois, [également,] les personnes sont
filmées au plus près, dans le cadre d'entretiens
[... censés] approcher leurs pensées
intimes [..., mais masqués ou flous,
avec une] voix robotisée. Ce [... procédé
de] "la terreur sans visage" [... est] l'un
des codes rhétoriques du film d'horreur
qui fonctionne sur l'émotion [... de]
côtoyer une personne dangereuse sans
jamais pouvoir l'identifier. [... Les] actualités
télévisées, [... disant] rendre compte
du réel, nourrissent l'imaginaire par des
références à certains codes filmiques. Les
procédés du film documentaire animalier
et ceux du film d'horreur sont importés
[ni explicites, ni permanents,] avec
des effets d'efficacité grâce au potentiel
émotif des images mais aussi grâce à
une logique de déshumanisation des
populations. » [21] Et on sait bien
comme on doit traiter le bétail [Lire
Liquidation Totale n° 1] !
Devant ces risques si bien mis en scène,
vite ! il faut plus de policiers ! En 2002,
on notait pourtant déjà : « Avec un uniforme
pour 265 habitants,
la France est le
pays le plus policé
d'Europe ». [22] Les
chiffres varient alors
selon les sources pour
cette première place :
« Notre pays compte
un policier ou gendarme
pour 252 habitants
contre 283 en Italie,
296 en Allemagne et
310 au Royaume-Uni.
Encore ce chiffre ne
tient-il pas compte du
développement exponentiel de polices
municipales, véritables milices locales [...
étant maintenant autorisées] entre
autres à porter une arme [... ni les]
vigiles et autres gardes » [23]. Car la police,
comme l’armée [Voir « Mercenaires :
De la guerre », p. 649], se privatise. On
peut se faire une idée de la privatisation
progressive de la police : « Un policier
seulement vêtu […] d'une paire de bas
résille a été interpellé au Bois de
Boulogne à Paris alors qu'il se livrait à la
prostitution, qu'il a reconnu être une
activité habituelle, selon une source judiciaire.
» [24]
Pour certains mauvais éléments, « les violences
visibles et les prédations des
dominés sont indissociables des vio-
263 Sécurisons un peu