LIVRE 2005 - page rieuse - Free

aggravé” et Alain Gomez [Voir « Jouer le
jeu vainement ? », p. 229], ancien
patron de Thomson, inculpé de “complicité
de tentative d’extorsion de fonds,
abus de biens sociaux et recel”. [...] Aux
profiteurs, qui sont leurs propriétaires,
les médias servent des compliments
[pleins] d’aromates. Du peuple, ils imposent
l’image d’un ramassis de fripouilles.
Les médias mentent. » [8]
Pendant « des mois, la lutte contre la
pédophilie, le terrorisme ou l’antisémitisme
a conduit la plupart des médias à
stigmatiser des crimes imaginaires et à
accabler des innocents (affaires
d’Outreau, du bagagiste d’Orly, du
RER D [Voir « Assaillie dans le métro ? »,
p. 265]). La presse sacrifie les informations
importantes pour donner une
large place à ce traitement de plus en
plus irresponsable des faits divers. [...] La
production d’informations à flux tendu
amenuise la vigilance. L’emploi éventuel
du conditionnel absout bien des journalistes
du devoir d’aller vérifier [...]. Enfin,
la concurrence parachève ce travail de
négligence. [... On] peut désinformer
sans [... problème si] on le fait avec les
autres. » [9]
Exemple : « Dix jours durant, Le Parisien
charrie les gros titres accusateurs : “Le
bagagiste de Roissy transportait des
explosifs” ; “Le bagagiste de Roissy avait
une bombe prête à l’emploi” ; “Le baga-
Sécurisons un peu 260
giste de Roissy confondu par son portable”…
La supercherie une fois éventée,
Le Parisien ne perd rien de sa superbe et
titre : “L’hallucinant complot”. » [10] Les
apparences étaient il est vrai trompeuses
: Le « bagagiste n’est [en fait] pas
algérien [..., mais] “Français d’origine
algérienne” [..., cependant] originaire de
Tlemcen, petite ville de la région d’Oran
“réputée pour être le berceau du
Groupe salafiste pour la prédication et le
combat” [11] [...]. Un groupe particulièrement
insidieux qui recruterait [...]
“parmi les gens qui n’ont pas de passé
suspect et n’affichent pas leur croyance
de manière ostentatoire.” [11] [... Or,]
c’est précisément le profil du bagagiste,
“bon citoyen et employé ‘irréprochable’”
[11] » [12]. Et « “souligne un expert,
pour mener une opération d’infiltration
sur un terrain aussi sensible qu’un aéroport,
mieux vaut trouver un homme au
profil impeccable.” [13] Logique : tout
innocent est présumé coupable, surtout
s’il est irréprochable et d’origine algérienne.
» [14]
Autre exemple : « La presse, après avoir
nommément accusé un certain nombre
de personnes d’actes de pédophilie [Voir
« Marque du trou », p. 168], après leur
avoir prêté des agissements monstrueux,
après les avoir condamnées sans procès,
les réhabilite, les innocente, puis les
métamorphose en héros pathétiques.
[...] Les archives Internet des journaux
de presse écrite permettent de mesurer
l’évolution. » [9]
« En janvier 2002, les aveux d’un prévenu
qui s’accuse du meurtre (imaginaire)
d’une petite fille aiguisent la voracité des
médias. “Outreau, c’est trop !” [15]. [...]
Les reporters rivalisent sur-le-champ
dans un déballage de faits aussi sordides
que [... faux]. [...] On invoque souvent la
présomption d’innocence dans le cas
d’affaires politiques, quitte à ne pas tou-