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mythes… Et ce spécialiste autoproclamé
des dits mythes chez le commun des
mortels fait comme si les mécanismes
sociaux de domination pouvaient ne pas
cheminer aussi par les nervis, les mercenaires,
par le cynisme de groupes d’oligarques
et la préméditation d’activistes
militarisés ! Son scientisme désincarné
oublie la réalité sociologique des écoles
de torture et des groupes de mercenaires,
spécialistes des coups de force,
des coups tordus et des coups d’Etat ; les
condottieres qui, à force de servir la
structure sociale de domination en
place, finissent par s’imposer eux-mêmes
aux commandes.
Il faut tenir compte des particularités du
champ de la stratégie militaire (de plus
en plus privatisé) [Voir « Mercenaires :
De la guerre ! », p. 649] et de sa capacité
d'imposer son rythme (« sécuritaire »)
aux autres champs du corps social. C’est
que les temps ont changé. « La "conception
policière de l'histoire" était au XIX ème
siècle une explication réactionnaire, et
ridicule, alors que tant de puissants
mouvements sociaux agitaient les
masses. Les pseudo-contestataires d'aujourd'hui
[tels ce “sociologue”] savent
bien cela, par ouï-dire ou par quelques
livres, et croient que cette conclusion est
restée vraie pour l'éternité ; ils ne veulent
jamais voir la pratique réelle de leur
temps ; parce qu'elle est trop triste pour
leurs froides espérances. L'Etat ne l'ignore
pas, et en joue.
[… Mille] complots en faveur de l’ordre
établi s’enchevêtrent et se combattent
un peu partout, avec l’imbrication toujours
plus poussée des réseaux et des
questions ou actions secrètes ; et leurs
processus d’intégration rapide à chaque
branche de l’économie, la politique, la
culture. » [10]
Cas exemplaire, loin « de constituer un
L’Empire du bien en général 26
bloc monolithique, l’Etat américain
apparaît comme un champ social particulièrement
éclaté, où chaque administration,
chaque agence, mène une politique
qui lui est propre. Aussi ne peut-il
exister de "grand complot américain". En
revanche, un réseau possédant des
relais auprès des différentes positions de
pouvoirs qui polarisent ce monde balkanisé,
est apte à fédérer des ressources
de natures différentes [Voir « Le gouvernement
mondial », p. 17], et, par là, à
tenter d’imposer à "l’Etat" ses propres
orientations – fût-ce en recourant à des
"coups" invisibles. […]
Pour les conspirationnistes [effectivement
égarés, les "complots"] se ramènent,
au fond, à une seule grande clé
explicative, à une conspiration unique
[comme, par exemple, Al Qaida] , et
celle-ci est tellement vouée à réussir –
tant ses instigateurs sont puissants – que
les détails les plus minimes de la réalité
sociale en portent trace ; pour les "réalistes",
au contraire, il peut exister une
pluralité de manœuvres secrètes et de
"complots", lesquels, comme tout
"coup", peuvent être amenés à échouer,
et ne possèdent par là aucune vertu
explicative exorbitante par rapport aux
autres types de "coups".
L’importance historique d’un fait, cependant,
ne se mesure pas à son adéquation
à l’intention qu’il était censé servir :
elle tient à ses effets réels sur une configuration
politique précise. Un complot
peut, au final, échouer, tout en faisant
un nombre édifiant de victimes. » [11]
[Voir « Sied à ravir », p. 571] « On est
toujours forcé de donner quelque chose
au hasard. » [12]
Au total, un échec peut être aisément
tolérable, voire même souhaitable.
« Qu'il s'agisse de la perte de contrôle
d'une centrale nucléaire ou de celle d'un