LIVRE 2005 - page rieuse - Free

En juin 2002, la « proximité des législatives
excite la fibre sécuritaire de TF1 [...] :
avant le scrutin, l’accent est mis sur les
agressions et les dysfonctionnements de
la justice. Puis, une fois les élections terminées,
TF1 se préoccupe surtout d’encenser
l’action du gouvernement. [...]
Question zèle, le journal de 13 heures
présenté le plus souvent par l’ineffable
Jean-Pierre Pernaut, [est le meilleur].
Ainsi, en janvier [2002], sur 32 reportages
consacrés à l’insécurité, 29 relataient
des agressions ou leurs conséquences.
En septembre, toujours au 13
heures, on ne comptait plus que 14
sujets, dont trois seulement évoquaient
de nouvelles violences. La quasi-totalité
des autres séquences était consacrée
aux exploits de [Sarkozy] et de ses
hommes. » [10] « A l'instar de certains de
ses collègues, Robert Namias [le patron
de l’info de TF1] [12] insiste sur la nécessité
"d'anticiper" l'intérêt du public, en
disant, pour sa part : "c'est ce que
nous avons fait sur le débat sur l'insécurité.
Il y a eu des dérapages mais je
les assume." » [13]
« TF1, France 2 et France 3 [...] ont traité
158 fois d’insécurité en septembre
2001 contre 66 fois seulement en septembre
2002. Comme si la délinquance
avait chuté de près de 60 % en un
an… » [14] Et « après ces reportages
effrayants, sont [ensuite] administrées
comme un tranquillisant des enquêtes
diffusant, images à l’appui, ce message
implicite : la police – et son célèbre
ministre – travaille ! » [15] Même l’ancien
« guide » d’un groupe d’extrême droite
(Occident, dont l’« activisme déchaîné lui
vaut d’être dissous [en] novembre
1968 » [16]) le reconnaît : « Le commerce
électoral de la sécurité attise leurs
peurs réelles ou supposées. Dans le journal
télévisé, cela donne : victimes à 20 h,
Sécurisons un peu 258
compassion à 20 h 2, bons policiers à
20 h 5, et le ministre à 20 h 7 qui déclare
: “Nous avons tout compris, nous
allons réagir.” […] Il y a là connivence
étrange entre les fabricants de peur et
les marchands de sécurité… » [17] Ça
roule !
[1] : (Roger Gicquel au journal TV de 20 heures,
30/1/1976, cité in « La France a peur : une histoire sociale
de l’insécurité », là-bas si j’y suis, France inter, 7/2/2008,
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1365)
[2] : (Pierre Bourdieu, « Sur la télévision », Liber Raisons
d'agir, 1996, pp. 5-6)
[3] : (« Les amis du vicomte », Golias, n° 67, 7-8/1999, p. 30)
[4] : (Etienne Mougeotte, Le Monde supplément Radio-
Télévision, 4/5/2002.)
[5] : (Pierre Géraud, ancien rédacteur en chef en chef à
TF1, rapporté par Pierre Péan et Christopher Nick, « TF1,
un pouvoir », Fayard, pp. 436-439, cité par Serge Halimi,
« Les nouveaux chiens de garde », Liber raisons d'agir,
p. 105 n. 12)
[6] : (Serge Halimi, op. cit., p. 24)
[7] : (Jean-Marie Renouard, « Opinions et pourcentages.
L’opinion fait-elle l’opinion ? », Pénombre, n° 34, 7/2003,
p. 2 (B.P. 87, F-75222 Paris cedex 05))
[8] : (Le Canard enchaîné, 30/4/2002 p. 2)
[9] : (Bernard Thomas, « Flash-ball de match », Le Canard
enchaîné, 22/5/2002, p. 7)
[10] : (Hervé Liffran, « La télé avait un peu oublié l’insécurité
», Le Canard enchaîné, 9/10/2002, p. 3)
[11] : (Patrice Lestrohan, « Après l’intermède Le Pen, l’insécurité
revient au galop à la télé », Le Canard enchaîné,
7/5/2002, p. 8)
[12] : (« Robert Namias », http://www.acrimed.org/mot.p
hp3?id_mot=119)
[13] : (Le Monde, supplément Radio-Télévision
11-17/10/2004)
[14] : (Le Canard enchaîné, 9/10/2002, p. 3, d’après Arrêt
sur images, France 5, 7/10/2002)
[15] : (Jean-françois Julliard, « Un grand festival de télécopie
aux "20 heures" de TF1 et de France 2 », Le Canard
enchaîné, 29/10/2003, p. 4)
[16] : (Frédéric Laurent, « L'orchestre noir », Stock,
4/1978, p. 131)
[17] : (Alain Madelin, cité in « Le trublion Madelin », Le
Canard enchaîné, 7/1/2004, p. 2)