LIVRE 2005 - page rieuse - Free

« Les attentats sont [...] arithmétiquement
insignifiants par rapport aux
victimes des accidents de la route
[..., mais] il s'agit de circonvenir les
esprits [...] par la "manipulation" de
l'horreur. Le terrorisme s'inscrit dans
les stratégies d'influence sociale
[… Un] public (passif) assiste au développement,
sous ses yeux, d'une dramaturgie
médiatique pour laquelle
les médias fournissent la scène et les
terroristes le scénario. […] Les représentations
sociales sont au centre de
l'imaginaire collectif, à la base du
comportement des individus et de
leurs croyances. En tant qu'il est une
technologie de l'imaginaire, le terrorisme
s'efforce de manipuler ces
représentations pour influencer les
groupes qu'ils cherchent à circonvenir.
Et c'est justement ce à quoi il parvient
dans la mesure où les médias lui
en fournissent les moyens. […]
Il est éprouvant de vivre dans un climat
permanent d'insécurité, quand bien
même celui ci ne correspond pas à un
risque véritable. L'idée qu'on se fait de la
réalité est plus forte que la réalité elle
même. Si cette idée est angoissante, si
l'angoisse s'exagère et se généralise
à tout le groupe, on peut assister à
une déstructuration mentale collective
et à une dissolution de la vie socio
politique ». [1]
« Les névroses expérimentales […],
comme le terrorisme, [...] placent les rapports
de l'individu avec son milieu dans
le cadre d'un conflit insoluble. De fait, la
modification artificielle des conditions
d'existence introduite par le terrorisme
ressemble d'assez près à la mise en place
expérimentale d'un climat général [d'insécurité]
qui vérifie bien la définition du
terrorisme comme laboratoire de la
peur. Et les individus exposés aux attentats
répétés ou à leur menace permanente
finissent par être privés, comme
les sujets d'expérience, d'une part importante
de leur capacité d'action et de
réaction et perdent leur pouvoir de
contrôler la
situation. […]
Les victimes
indirectes ont
l'impression
d'être inévitablementexposés
aux attentats
et éprouvent
un profondsentimentd'impuissance
à l'égard
du danger qui
les menace.
Elles partagent avec les prisonniers soumis
à divers enfermements la conviction
aliénante d'être soumis à un pouvoir discrétionnaire
extérieur, et finissant par
connaître, comme eux, le développement
progressif d'une psychasthénie au
long cours. […]
Les hommes en arrivent à confondre les
causes et les effets et à se croire assiégés,
non parce qu'ils le sont vraiment mais
255 Sécurisons un peu