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son, et comment la découverte de l'Islam l'avait amené non pas à devenir plus haineux, à sa sortie de prison, mais au contraire à essayer de sortir de la délinquance. » [8] Mais Khaled Kelkal fut tout de même manipulé, et devint un coupable « organisateur » à immoler. « Le 29 septembre 1995, Kelkal, encerclé, tombe sous les balles des gendarmes à Vaugneray. Un cri a fusé devant les caméras [... de M6] : "Finis-le !" [...] "Légitime défense", affirment les gendarmes. » [9] « A l’époque, Patrice de Carolis, directeur de l’information de M6, choisira d’interdire la diffusion de cette phrase dans le journal télévisé de la chaîne. La séquence sera également interdite de vente aux autres chaînes de télévision. [... On finit cependant par l’entendre.] Mais le 17 octobre [..., malgré tout], une nouvelle bombe explose dans le RER parisien, entre les stations Musée d’Orsay et Saint-Michel. Cette fois, il s’agit d’une bouteille de gaz. On relève une trentaine de blessés. » [10] Le spectacle continue et les services algériens sont bien couverts. Et c’est ensuite « avec ce régime terroriste-là que la France [va] nouer un accord de défense (le plus haut degré de coopération militaire) » [4]. [1] : (Philippe Migault, « Vers une coopération militaire franco-algérienne », Le Figaro, 19/7/2004, cité par François-Xavier Verschave, « A fleur de presse. Françafrique », Billets d’Afrique, 9/2004, p. 10, http://www.survie-france.org/IMG/pdf/Num128.pdf) [2] : (Nicolas Beau, « Les grands électeurs militaires du futur président algérien », Le Canard enchaîné, 3/3/2004, p. 3) [3] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, « Françalgérie. Crimes et mensonges d’Etats », La Découverte, 4/2004) [4] : (François-Xavier Verschave, op. cit., d’après Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit.) [5] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit., p. 29) [6] : (Déclaration de Rabah Kébir, président de l’Instance exécutive du FIS à l’étranger, 28/7/1995) [7] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit., Sécurisons un peu 250 pp. 448-449) [8] : (« Interview de Laurent Mucchielli [avec Enrico Porsia]. Insécurité, immigration, Islam, terrorisme: la force dévastatrice de l'amalgame », amnistia.net – Les Enquêtes interdites, 19/9/2001) [9] : (Élisabeth Fleury, « Vingt-quatre hommes à la barre », L’Humanité, 1/6/1999, http://www.humanite.presse.fr/jo urnal/1999-06-01/1999-06-01-290584) [10] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit., pp. 450, n. a, 451) En Algérie, depuis longtemps, on n'a pas hésité à s'attaquer la présidence algérienne. En janvier 1992, les « généraux algériens viennent de chasser le président Chadli et d’annuler le deuxième tour des élections pour éviter la victoire programmée des islamistes du FIS. Boudiaf semble être leur dernier joker, les militaires ayant besoin de cette caution morale et de l’intégrité austère de cet historique, écarté au lendemain de l’indépendance, pour rétablir un semblant de légalité. En revenant d’exil, Mohamed Boudiaf n’entend pas jouer les figurants. » [1] « Boudiaf semble [pourtant] dans un premier temps accepter le rôle de marionnette qu’on lui propose : le 9 février 1992, il signe, sans barguigner, le décret instaurant l’état d’urgence, prenant la responsabilité de couvrir de son autorité l’envoi de milliers d’Algériens dans des camps d’internement [... Au] fil des semaines, il décide de remettre en cause le fonctionnement du système, en s’attaquant à son cœur même, la corruption qui gangrène le commerce entre l’Algérie et ses principaux partenaires, le noyau dur de la Françalgérie. » [2] « Mais il connaît mal les méandres de cette armée qui l’a mis en vitrine, il commet même l’erreur de se heurter à l’état-

major. [... En] Algérie le président ne décide pas. Il est placé là par le pouvoir militaire de l’ombre, qui [...] propulse sur le devant de la scène qui bon lui semble. » [1] Dans « son discours officiel du 23 avril [… 1992], le président Boudiaf s’en prend, sans les nommer, aux hauts responsables militaires qui comptent sur l’aggravation de la situation sécuritaire pour justifier leur maintien au pouvoir et empêcher toute réforme [...]. A la mi-juin [1992], quand le général Khaled Nezzar insiste auprès de Mohamed Boudiaf pour qu’il effectue des voyages en province ”à la demande de l’opinion publique”, le président ne se doute pas que le haut commandement militaire est en réalité en train de lui tendre un piège mortel [...]. A Annaba, le 29 juin 1992, la troisième [tentative] sera la bonne. La scène se déroule devant les caméras de la télévision algérienne. Quand un bruit sourd résonne à l’arrière de la tribune (celui d’une grenade qui roule sur le sol), le président Boudiaf tourne légèrement la tête [...]. L’image suivante montre la salle, puis une détonation éclate. [...] Alors que la télévision a forcément filmé l’intégralité de l’assassinat du président, et notamment le(s) tueur(s) en train de tirer sur lui, les cassettes disparaissent. [...] Officiellement, Boudiaf a été tué par le sous-lieutenant Lembarek Boumaârafi, l’un des hommes venus à Annaba pour assurer sa sécurité. Soldat d’élite, il aurait aussi été un islamiste désireux d’en finir avec le président et son acte serait isolé. » [3] Il « aurait agi par conviction religieuse » [4]. « Les autorités françaises n’ont jamais cru à cette version officielle : “[...] Boudiaf a été liquidé par ceux qui l’ont sorti de sa retraite marocaine et appelé au pouvoir, à savoir la gendarmerie, des éléments des services secrets et l’ancienne administration Chadli” [5] » [6]. Très rapidement, d’ailleurs, l’historien algérien Mohamed Harbi déclare voir dans la Sécurité militaire le véritable commanditaire de l’attentat [7]. De plus, on peut remarquer que le « 29 juin [1992], le déplacement du président à Annaba se déroule dans des conditions très inhabituelles : ni le colonel Smaïl Lamari ni les généraux Toufik Médiène et Larbi Belkheir n’accompagnent le président, ce qui est sans précédent. Membre du GIS, le sous-lieutenant Boumaârafi est censé rester à l’extérieur du bâtiment. Mais [...] il est [...] posté derrière le rideau qui ferme la tribune » [8]. « “La vie est brève, nous devons tous disparaître un jour”, disait avec à-propos le président Mohamed Boudiaf qui allait être assassiné » [9]. Et quelques phrases plus tard, vers « 11 h 30, alors que Boudiaf prononce dans son discours les mots suivants : “Avec quoi nous ont surpassé les autres nations ? Elles nous ont surpassé par la science et la technologie. L’Islam…”, Boumaârafi lance sous la tribune une grenade, puis tire sur le président qui s’écroule [...]. A la grande surprise des participants, ni le colonel Smaïl Lamari ni le général 251 Sécurisons un peu

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l'avait amené non pas à devenir plus haineux,<br />

à sa sortie de prison, mais au<br />

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Mais Khaled Kelkal fut tout de même<br />

manipulé, et devint un coupable « organisateur<br />

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1995, Kelkal, encerclé, tombe sous les<br />

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cri a fusé devant les caméras [... de M6] :<br />

"Finis-le !" [...] "Légitime défense", affirment<br />

les gendarmes. » [9] « A l’époque,<br />

Patrice de Carolis, directeur de l’information<br />

de M6, choisira d’interdire la diffusion<br />

de cette phrase dans le journal télévisé<br />

de la chaîne. La séquence sera également<br />

interdite de vente aux autres<br />

chaînes de télévision. [... On finit cependant<br />

par l’entendre.]<br />

Mais le 17 octobre [..., malgré tout], une<br />

nouvelle bombe explose dans le RER<br />

parisien, entre les stations Musée<br />

d’Orsay et Saint-Michel. Cette fois, il<br />

s’agit d’une bouteille de gaz. On relève<br />

une trentaine de blessés. » [10] Le spectacle<br />

continue et les services algériens<br />

sont bien couverts. Et c’est ensuite<br />

« avec ce régime terroriste-là que la<br />

France [va] nouer un accord de défense<br />

(le plus haut degré de coopération<br />

militaire) » [4].<br />

[1] : (Philippe Migault, « Vers une coopération militaire<br />

franco-algérienne », Le Figaro, 19/7/2004, cité par<br />

François-Xavier Verschave, « A fleur de presse.<br />

Françafrique », Billets d’Afrique, 9/2004, p. 10,<br />

http://www.survie-france.org/IMG/pdf/Num128.pdf)<br />

[2] : (Nicolas Beau, « Les grands électeurs militaires du<br />

futur président algérien », Le Canard enchaîné, 3/3/2004,<br />

p. 3)<br />

[3] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire,<br />

« Françalgérie. Crimes et mensonges d’Etats », La<br />

Découverte, 4/2004)<br />

[4] : (François-Xavier Verschave, op. cit., d’après Lounis<br />

Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit.)<br />

[5] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit., p. 29)<br />

[6] : (Déclaration de Rabah Kébir, président de l’Instance<br />

exécutive du FIS à l’étranger, 28/7/1995)<br />

[7] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit.,<br />

Sécurisons un peu 250<br />

pp. 448-449)<br />

[8] : (« Interview de Laurent Mucchielli [avec Enrico<br />

Porsia]. Insécurité, immigration, Islam, terrorisme: la force<br />

dévastatrice de l'amalgame », amnistia.net – Les Enquêtes<br />

interdites, 19/9/2001)<br />

[9] : (Élisabeth Fleury, « Vingt-quatre hommes à la barre »,<br />

L’Humanité, 1/6/1999, http://www.humanite.presse.fr/jo<br />

urnal/1999-06-01/1999-06-01-290584)<br />

[10] : (Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, op. cit.,<br />

pp. 450, n. a, 451)<br />

En Algérie, depuis longtemps, on n'a<br />

pas hésité à s'attaquer la présidence<br />

algérienne. En janvier 1992, les<br />

« généraux algériens viennent de chasser<br />

le président Chadli et d’annuler le<br />

deuxième tour des élections pour éviter<br />

la victoire programmée des islamistes du<br />

FIS. Boudiaf semble être leur dernier<br />

joker, les militaires ayant besoin de cette<br />

caution morale et de l’intégrité austère<br />

de cet historique, écarté au lendemain<br />

de l’indépendance, pour rétablir un semblant<br />

de légalité. En revenant d’exil,<br />

Mohamed Boudiaf n’entend pas jouer<br />

les figurants. » [1]<br />

« Boudiaf semble [pourtant] dans un premier<br />

temps accepter le rôle de marionnette<br />

qu’on lui propose : le 9 février<br />

1992, il signe, sans barguigner, le décret<br />

instaurant l’état d’urgence, prenant la<br />

responsabilité de couvrir de son autorité<br />

l’envoi de milliers d’Algériens dans des<br />

camps d’internement [... Au] fil des<br />

semaines, il décide de remettre en cause<br />

le fonctionnement du système, en s’attaquant<br />

à son cœur même, la corruption<br />

qui gangrène le commerce entre<br />

l’Algérie et ses principaux partenaires, le<br />

noyau dur de la Françalgérie. » [2] « Mais<br />

il connaît mal les méandres de cette<br />

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