LIVRE 2005 - page rieuse - Free

Mais maintenant ces experts « saturent
les médias […]. Leur succès tient pour
beaucoup au caractère prétendument
secret, confidentiel et rare des connaissances
qu’ils proposent […,] construites
à partir d’un mode de questionnement
proprement policier mais présentées de
manière pseudo-savante. Le discours
fourni aux journalistes - […] séduits par
les grilles d’analyse que proposent les
experts, simples, carrées, parfaitement
ajustées à leur mode de questionnement
- donne l’impression d’être produit
par une longue enquête de terrain et
par une recherche de type universitaire.
[...] L’inscription de la "lutte contre l’insécurité"
au nombre des priorités du gouvernement
Jospin, la volonté de dissocier
cette lutte d’une analyse - stigmatisée
comme "sociologique" - de ses
causes économiques et sociales ont ouvert
la voie à la promotion et au succès médiatique
de ces experts en sécurité. » [2]
Aussi, la radio publique nationale France
Inter, appelée couramment « Medef Inter
[…, a pour] chouchous […] Alain Bauer et
Xavier Raufer. » [7] Ce tandem est une
pièce maîtresse du dispositif prétendant justifier,
par le discours sécuritaire, un désengagement
des moyens mis dans "la main
gauche de l'Etat" (comme dit Bourdieu :
éducation, santé, prévention) pour privilégier
"la main droite de l'Etat" (forces de
l'ordre, répression). Les USA servent
d'exemple à suivre, avec plus d'une personne
sur 150 qui survit en prison. Les
émissions TV de Charles Villeneuve sur TF1
sont données en modèle aux journalistes,
qui boivent les paroles de ces deux
"experts". Et si on ne voit guère, dans les
grands médias, les analyses, pourtant bien
plus pertinentes, de Laurent Mucchielli,
chercheur au CNRS (Cesdip), sur cette
omniprésente insécurité [8], Bauer est, par
contre, le parangon des « Envahissants
experts de la tolérance zéro » [2].
[1] : (Laurent Mouloud, « Clé en main Le business de l'insécurité
», L’Humanité 18/1/2003, http://www.humanite.fr/journal/2003-01-18/2003-01-18-256555,
à propos
de « les Marchands de sécurité », réal. Richard Vargas, in
Thema : « Les bonnes affaires de l'insécurité », Arte,
18/1/2003)
[2] : (Pierre Rimbert « Envahissants experts de la tolérance
zéro », Le Monde Diplomatique, 2/2001, pp. 20-21,
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/02/RIM-
BERT/14759)
[3] : (Philippe Chailan, « La loi Perben. La guerre au pauvre
vue des beaux quartiers », Ecologie Sociale, n° 1,
10-11/2002, p. 19)
[4] : (Cf. Gabriel Tarde, « La criminalité comparée », Alcan,
1886, Emile Durheim, « L’état actuel des études sociologiques
en France », 1895, repris in « Textes, 1 Eléments
d’une théorie sociale » (présentation Victor Karady)
[5] : (Lire Pierre Bourdieu, « Pouvoir et capital symbolique
», Seuil, points, n° 461, 9/2001)
[6] : (Voir les travaux de Pierre Tévanian et Sylvie Tissot,
« Mots à maux. Dictionnaire de la lepénisation des
esprits », Dagorno, 11/1998, réed. l’esprit frappeur ; et de
leur collectif « les mots sont importants », http://lmsi.net)
[7] : (« La laisse d’or », PLPL n° 16, 9-10/2003, p.1,
http://www.homme-moderne.org/plpl/n16/p1-1I.html)
[8] : (Laurent Mucchielli, « Violences et insécurité.
Fantasmes et réalités dans le débat français », la
Découverte, 2001. Et dir., avec Philippe Robert, de
« Crime et sécurité, l'état des savoirs », la Découverte,
2002), Voir aussi le site personnel de Laurent Mucchielli
(http://laurent.mucchielli.free.fr), avec les analyses du
groupe CLARIS : clarifier le débat public sur la sécurité.)
Il y a dans la biographie d’Alain Bauer,
tout un parcours dans les arcanes du
pouvoir de la gauche "socialiste" et,
parallèlement, du pouvoir militaro-industriel,
qui paraît légèrement téléguidé. A
18 ans, en 1980, il forme « une "troïka"
avec ses amis Manuel Valls [Voir « Valls a
mis le temps », p. 227] et Stéphane
Fouks. [… Dès l'âge de 20 ans, il est]
administrateur de l'Institut national supérieur
d'études de défense et de l'Institut
d'études judiciaires de Paris […, mais
également] administrateur de la MNEF
[… et haut responsable à l’Unef-ID. En
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