LIVRE 2005 - page rieuse - Free

Thomas Molnar, Raymond Abelio, ou
encore le PDG de Citroën Pierre Bercot,
etc. » [7]
Think tank français de la promotion de
l’esclavagisme à visage technocratique,
le GRECE et, plus largement, la
« Nouvelle Droite a méticuleusement
déblayé le terrain idéologique [...] ; elle
a procédé à une redéfinition du vocabulaire,
s’est attaqué à la syntaxe, est
partie à l’assaut de quelques tabous, a
entamé ou conduit des discussions animées
avec l’ensemble de l’intelligentsia
[...]. Le but n’était [...] pas de faire
l’unanimité au sein des “masses”, volontairement
délaissées par la Nouvelle
Droite, mais de diffuser dans les sphères
“pensantes” de la société (parmi les décideurs)
et sous couvert de recherche culturelle
et scientifique, une idéologie élitiste
opposée à l’idéologie égalitariste et
humaniste émanant de la gauche, qui
régnait alors plus ou moins formellement
avec hégémonie. [...]
Les théories assassines de naguère [...],
des Barrès, Maurras et autres Déroulède,
seront soigneusement écartées du
devant de la scène [...]. Simultanément,
des idées qui, hier, semblaient appartenir
à la gauche, seront brandies par les
héritiers spirituels de ces mêmes Barrès,
Maurras et Déroulède. [...] Hitler lui
même ne s’était-il pas exercé [...] à plagier
[...] certaines pratiques de la
gauche, notamment en organisant un
recrutement de masse à la manière communiste,
et en assurant sur le même
modèle l’éducation des militants ? Quant
aux symboles même du nazisme, beaucoup
étaient calqués directement sur
ceux du communisme : même [couleur
rouge du] drapeau [...] ; chants repris
presque mot pour mot, etc.
Les membres du GRECE, eux, vont donc
inclure dans leurs discours de multiples
références au Che Guevara, à Blanqui,
aux Brigades rouges. Les ennemis, ce
sont les “Versaillais”, les politiciens, les
puissants, en bref l’”establishment”,
comme dirait le Front national, vilipendant
les “gros” ennemis des “petits”, et
reprennent le langage populiste de la
droite nationaliste de la fin du XIX e siècle.
Les ennemis, ce seront les USA, accusés
de coloniser l’Europe, d’introduire ici
une culture décadente. Retrouver nos
racines indo-européennes s’impose.
Comment des individus de gauche ou
d’ultra-gauche, déçus par l’attitude des
partis traditionnels [...], ne tendraient-ils
pas l’oreille vers ces singuliers philosophes
qui affirment nécessaire la solidarité
avec les pauvres, pratiquent un drôle
de tiers-mondisme et soutiennent, avec
infiniment plus de vigueur que les
rouges d’antan, les luttes de libération
“ethnique” (pays basque, Corse, Irlande,
etc.) ? Mais si des liens se nouent, ce
n’est pas parce que le GRECE vire à
gauche, en dépit de ce que l’on peut
être amené à penser au vu de sa production
idéologique, mais bien parce
qu’il a pour stratégie de recruter à
gauche et surtout de ne pas apparaître
d’emblée pour ce qu’il est : une organisation
d’extrême droite » [8].
Depuis 1984, Alain de Benoist « affirme
que l’URSS et son armée ne représentent
plus un danger. A [... quoi] se sont
ajoutés [...] une critique du capitalisme,
une sympathie surprenante pour les
thèses tiers-mondistes, une apparente
ouverture d’esprit et un soupçon de
démarche révolutionnaire qui l’ont
conduit à prôner l’alliance des extrêmes
- la “périphérie” dans son jargon - contre
le “centre” (libéraux et socialistes). [...]
Alain de Benoist et ses amis ont réussi à
faire avaler [à des] gogos qu’ils défendaient
les mêmes causes qu’eux : avor-
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