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LIVRE 2005 - page rieuse - Free

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comme monnaie d’échange. Les enjeux<br />

de cette “guerre” [10] qui ne dit pas son<br />

nom ne peuvent évidemment être rendus<br />

publics [... puisqu’on ne pourrait<br />

expliquer] que Paris a promis l’arme<br />

nucléaire à l’Iran, au moment même où<br />

elle produisait également un réacteur<br />

[Osirak] à destination de l’Irak [Voir<br />

« Frères ennemis », p. 128]. L’Iran ne<br />

revendiquera donc jamais officiellement<br />

les attentats, et la France ne l’en accusera<br />

jamais. Au contraire, les différents<br />

attentats qui rythment les négociations<br />

diplomatiques seront camouflés sous de<br />

lourds écrans de fumée : ils sont attribués<br />

à des organisations différentes,<br />

avec des objectifs différents, et un mode<br />

opératoire différent. La justice antiterroriste<br />

veillera particulièrement à ce que<br />

rien ne permette officiellement de les<br />

relier les uns aux autres.<br />

[... Exemple parfait,] l’assassinat de<br />

Georges Besse, [...] est officiellement<br />

attribué à Action directe, sur la base de<br />

tracts du mouvement laissés sur place.<br />

La piste est ténue. L’enquête est confiée<br />

au juge Bruguière lorsque, début 1987,<br />

parvient enfin [à l’AFP] une revendication<br />

officielle, le 13 février 1987, soit<br />

trois mois après les faits. [...] Ce document<br />

évoque “la ‘brute’ Besse” dont l’élimination<br />

concrétiserait “l’escalade de<br />

l’antagonisme entre les classes, entre<br />

libération et oppression, entre pouvoir<br />

ouvrier et exploitation” [11]. [... Le] pouvoir<br />

en place [...] profite des nouvelles<br />

lois antiterroristes pour faire arrêter<br />

immédiatement Jean-Marc Rouillan,<br />

Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et<br />

Joëlle Aubron [12] [..., qui] auraient, à<br />

l’instar des Brigades rouges, décidé de<br />

tuer au nom de la lutte contre l’oppression<br />

capitaliste.<br />

Cette hypothèse ne résiste pas à l’analyse<br />

[... Car] comment ne pas faire le lien<br />

avec l’attentat, le 14 septembre 1986,<br />

Franco de porc 212<br />

donc deux mois plus tôt, qui a visé le<br />

pub Renault et a été officiellement attribué<br />

au Comité de solidarité avec les prisonniers<br />

politiques arabes et du Proche<br />

Orient (CSPPA) ? [...] Comment enfin a-ton<br />

pu ignorer les négociations diplomatiques<br />

qui ont eu lieu ce jour-là entre la<br />

France et l’Iran [...]. Ces questions ne<br />

seront jamais posées. Jamais les<br />

membres d’Action directe ne reconnaîtront<br />

sur procès-verbal leur implication.<br />

Ils seront néanmoins lourdement<br />

condamnés au terme de l’instruction du<br />

juge Bruguière et de leur procès, au<br />

cours duquel leur stratégie de défense<br />

aura été de conserver le silence. » [13]<br />

Ils parleront pourtant : « A partir de<br />

[1985, Action Directe] conduit des opérations<br />

contre un responsable du commerce<br />

d’armes (Audran) et contre un des<br />

grands patrons, Besse, maître d’œuvre<br />

de restructurations industrielles et de<br />

licenciements. » [14] La revendication<br />

reste assumée ; mais on peut être des<br />

révoltés sincères ET être manipulés par<br />

des provocateurs.<br />

Notons d’ailleurs que, le 25 janvier<br />

1985, l’assassinat de René Audran,<br />

« directeur des affaires internationales au<br />

ministère de la Défense, et responsable à<br />

ce titre des ventes d’armes » [15], « est le<br />

premier crime prémédité revendiqué<br />

[par Action Directe] depuis son apparition<br />

en 1979. Il intervient alors que le<br />

groupe terroriste français s’engage dans<br />

une stratégie internationale, marquée, le<br />

15 janvier [1985], par une déclaration<br />

commune avec la Fraction Armée Rouge<br />

[Voir « “Oh les braves gens !” », p. 95], et<br />

par une collaboration avec le groupe<br />

belge, les cellules communistes combattantes<br />

[Voir « Cessez ces manifestations<br />

! », p. 85] [...]. Ainsi l’organisation<br />

[...] se présente comme une suite terroriste<br />

au mouvement pacifique [...]. Le<br />

choix des cibles [...] découle de cette

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