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celles de l’Internationale] situationniste [4]. « La lune de miel avec les “situs” prend fin abruptement au printemps 1967 lorsque René Viénet vient reprendre les documents situationnistes mis en vente à La Vieille Taupe. Il semblerait que la brouille provienne du caractère trop “hétéroclite” de la librairie » [5], « souffrant la présence prolongée et les discours d’imbéciles et même de pro-chinois » [6]. Après 17 ans de fermeture, en « novembre 1990, Pierre Guillaume ouvre une [... nouvelle] librairie La Vieille taupe [..., où] on se procure des textes d’extrême droite, souvent américains [..., qui] cohabitent avec de vieux documents “ultra-gauche”, exhumés des caves de Guillaume. La confusion est à son comble. » [7] « Comment ne pas songer [...] à l’Italie des années soixante-dix où, afin d’accentuer la stratégie de la tension, des militants d’extrême droite s’étaient mis à singer le vocabulaire et le comportement des gauchistes, allant parfois jusqu’à infiltrer certains groupes marxistes-léninistes ou libertaires ? [Voir « “Les années de poudre” », p. 57] Cette démarche, à un niveau idéologique, se poursuit aujourd’hui et pas seulement en Italie. » [8] Le summum est d’afficher l’appellation « situationniste ». Le style parasite para-situationniste fit donc florès, et servit à rallier des membres de l’ultra-gauche. Par exemple, un numéro des Annales d’histoire révisionniste, en « 1988, contient pour sa part les “bonnes feuilles” du livre Commentaires sur la Société du spectacle [du situationniste] Guy Debord [9]. Il s’agit d’un “piratage”, visant à laisser entendre que Guy Debord “soutiendrait” les “révisionnistes”. Il n’en est rien. Jamais le fondateur de l’internationale situationniste n’apporta le moindre sou- Franco de porc 200 tien à Pierre Guillaume. » [10] Autre exemple de ce confusionnisme, Pierre Guillaume, dans une « circulaire » de 1995 [11], paraphrasait en français un titre en latin du situationniste Guy Debord [12] : « Consumé par le feu, j’errais dans la nuit, lorsque... [je rencontrais Garaudy] ». Et, dans la même circulaire et dans la même veine, un texte du négationniste Jean-Claude Pressac, paraphrase les titres de deux ouvrages situationnistes, en étant intitulé : « De la misère en milieu universitaire, et notamment dans la corporation des historiens. Véridique rapport, sur un exemple consternant d’aveuglement collectif [...] » [13]. Ce genre de travestissement peut fonctionner. Quand on est “radical”, on aime la critique avec un goût fort, parfois même si elle sert à dissimuler des manipulations. « Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous, [nous] nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes. » [14] « Le 3 octobre 1980, une bombe éclate devant la synagogue libérale de la rue Copernic (Paris XVI e). Aussitôt, les amis de Pierre Guillaume diffusent un tract, Notre royaume est une prison, présenté comme un supplément [... à] La Guerre sociale. » [15] « Ainsi les équipes publiant La guerre sociale et Jeune Taupe, renforcées pour l’occasion par d’autres groupes de l’ultragauche (celui publiant Le Frondeur, le groupe “Commune de Cronstadt”, le “Groupe de travailleurs pour l’autonomie ouvrière”, “Les amis du Potlach”) [l’ont] rédigé, signé et diffusé en commun, à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, lors des manifestations qui ont suivi l’attentat antisémite de la rue Copernic » [16]. « Les auteurs s’en prennent tout particulièrement aux antifascistes, qui s’élèvent
contre un attentat perçu comme relevant du “terrorisme brun” : “L’antifascisme reste le moyen d’éviter la critique de l’Etat.” [17] Le texte » [18] dit aussi : « “La rumeur des chambres à gaz, rumeur officialisée par le Tribunal de Nuremberg, a permis d’éviter une critique réelle, profonde du nazisme. C’est cette horreur mythique qui a permis de masquer les causes réelles et banales des camps et de la guerre.” [17] » [16] « Le fait notable, c’est que le tract est signé par une kyrielle de groupes. [...] Jamais sans doute le message “révisionniste” n’a été autant repris dans la mouvance des gauches communistes. [...] Les “ultra-gauche” jouissaient [jusqu’alors] d’une certaine réputation intellectuelle. [... Pour en profiter, dans la foulée,] Pierre Guillaume [...] impulse en août 1981 aux éditions Albin Michel sous les auspices de Jean-Edern Hallier [Voir « Fou, Hallier ? », p. 221] une collection nommée “Le Puits et la Pendule”, qui [..., en] décembre 1981, [...] sort un livre [regroupant plusieurs textes] visant à défendre [le négationniste] Faurisson : Intolérable intolérance [19]. Il est cosigné par [“le candide” [20]] Jean-Gabriel Cohn Bendit [frère et mentor de l’écolibéral “Dany”], [... et trois autres, dont Claude Karnoouh [21] qui viennent de “l’ultra-gauche”, [… et Eric Delcroix, qui] milite depuis longtemps à l’extrême droite. La boucle est ainsi bouclée. » [18] Petite liste de revues de la « fausse ultragauche » liées à la Vieille Taupe : « Le mouvement communiste, la Guerre sociale, le Frondeur [qui devint l’Unisme], Jeune Taupe, Révolution sociale !, l’Antimythe, [l’Ami-noir, qui devint] le Lutteur de classe, la Banquise [Voir « A la Banquise du vit », p. 207], l’Anarchie journal de l’ordre, le Petit rapporteur libertaire, l’Homme libre, Révision, Maintenant le communisme, la Gazette du Golfe et des banlieues, l’Idiot international [Voir « Fou, Hallier ? », p. 221] » [22], « Pour une intervention communiste (qui devint Volonté communiste), les Amis du Potlach, L’Abat-Jour, le Groupe Commune de Cronstadt, le Groupe des travailleurs pour l’autonomie ouvrière, [...] Guerre de classe [et] l’Antenne » [23]. Il « est incontestable qu’avec le recul, des groupes comme la Vieille taupe, La Guerre sociale ou d’autres semblent bien avoir été largement infiltrés par des policiers [...] ou pis, directement liés à ces services. » [24] De quoi semer encore un peu de confusion chez les rebelles à l’ordre du monde pour mieux les retourner. [1] : (Karl Marx, « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte », 1852, réed. Editions Sociales, 8/1984, p. 124) [2] : (William Shakespeare, « Hamlet », I, 5, 1600) [3] : (A Contre Courant, n° 144, 4-5/2003, p. 1) [4] : (Christophe Bourseiller, « Histoire générale de l’ultragauche », Denoël, 10/2003, p. 276) [5] : (Christophe Bourseiller, op. cit., p. 280) [6] : (« Misère de la librairie », Internationale situationniste, n° 11, 10/1967, p. 61, réed. Champ Libre, 1975, réed. Fayard 5/1997) [7] : (Christophe Bourseiller, op. cit., p. 449) [8] : (Thierry Maricourt, « Les nouvelles passerelles de l’extrême droite », Syllepse, 5/1997, p. 31 (Le goût de l’Être, B.P. 403, F-80004 Amiens Cedex 1)) [9] : (« Extraits choisis », Annales d’histoire révisionniste, n° 5, été-automne 1988) [10] : (Christophe Bourseiller, op. cit., p. 448) [11] : (Circulaire de l’automne 1995, citée par Golias magazine, n° 47, 5/1996, p. 39) [12] : (« In girum imus nocte et consumimur igni. », édition critique, Champ Libre, 10/1990, réed. Gallimard ; d’après Matila C. Ghyka, « Sortilèges du verbe », Gallimard, cité in Bizarre n° 1, 5/1955, p. 49 : « In gyrum [sic] imus noctes [re-sic] et consumimur igni. ») [13] : (Références à Anonyme (Mustapha Khayati), « De la misère en milieu étudiant », Champ Libre, réed. Ivrea et réed. Sulliver, 11/1995 ; et à Censor (Gianfranco Sanguinetti), « Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie », trad. fr. Guy Debord, Champ Libre, 1/1976, réed. Ivrea) [14] : (Jean de La Fontaine, « Fables », I, 7, « La Besace ») [15] : (Christophe Bourseiller, op. cit., p. 443) [16] : (Alain Bihr, Golias Magazine, n° 47, 5/1996, p. 56) [17] : (« Notre royaume est une prison », supplément au n° 3 de La Guerre sociale, 10/1980) [18] : (Christophe Bourseiller, op. cit., pp. 443-445) 201 Franco de porc
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lorsque René Viénet vient reprendre les<br />
documents situationnistes mis en vente<br />
à La Vieille Taupe. Il semblerait que la<br />
brouille provienne du caractère trop<br />
“hétéroclite” de la librairie » [5], « souffrant<br />
la présence prolongée et les discours<br />
d’imbéciles et même de pro-chinois<br />
» [6].<br />
Après 17 ans de fermeture, en<br />
« novembre 1990, Pierre Guillaume<br />
ouvre une [... nouvelle] librairie La Vieille<br />
taupe [..., où] on se procure des textes<br />
d’extrême droite, souvent américains [...,<br />
qui] cohabitent avec de vieux documents<br />
“ultra-gauche”, exhumés des<br />
caves de Guillaume. La confusion est à<br />
son comble. » [7] « Comment ne pas songer<br />
[...] à l’Italie des années soixante-dix<br />
où, afin d’accentuer la stratégie de la<br />
tension, des militants d’extrême droite<br />
s’étaient mis à singer le vocabulaire et le<br />
comportement des gauchistes, allant<br />
parfois jusqu’à infiltrer certains groupes<br />
marxistes-léninistes ou libertaires ? [Voir<br />
« “Les années de poudre” », p. 57] Cette<br />
démarche, à un niveau idéologique, se<br />
poursuit aujourd’hui et pas seulement<br />
en Italie. » [8] Le summum est d’afficher<br />
l’appellation « situationniste ».<br />
Le style parasite para-situationniste fit<br />
donc florès, et servit à rallier des<br />
membres de l’ultra-gauche. Par exemple,<br />
un numéro des Annales d’histoire révisionniste,<br />
en « 1988, contient pour sa<br />
part les “bonnes feuilles” du livre<br />
Commentaires sur la Société du spectacle<br />
[du situationniste] Guy Debord [9].<br />
Il s’agit d’un “piratage”, visant à laisser<br />
entendre que Guy Debord “soutiendrait”<br />
les “révisionnistes”. Il n’en est rien.<br />
Jamais le fondateur de l’internationale<br />
situationniste n’apporta le moindre sou-<br />
Franco de porc 200<br />
tien à Pierre Guillaume. » [10]<br />
Autre exemple de ce confusionnisme,<br />
Pierre Guillaume, dans une « circulaire »<br />
de 1995 [11], paraphrasait en français<br />
un titre en latin du situationniste Guy<br />
Debord [12] : « Consumé par le feu, j’errais<br />
dans la nuit, lorsque... [je rencontrais<br />
Garaudy] ». Et, dans la même circulaire<br />
et dans la même veine, un texte du<br />
négationniste Jean-Claude Pressac, paraphrase<br />
les titres de deux ouvrages situationnistes,<br />
en étant intitulé : « De la misère<br />
en milieu universitaire, et notamment<br />
dans la corporation des historiens.<br />
Véridique rapport, sur un exemple consternant<br />
d’aveuglement collectif [...] » [13].<br />
Ce genre de travestissement peut fonctionner.<br />
Quand on est “radical”, on aime<br />
la critique avec un goût fort, parfois<br />
même si elle sert à dissimuler des manipulations.<br />
« Lynx envers nos pareils, et<br />
taupes envers nous, [nous] nous pardonnons<br />
tout, et rien aux autres<br />
hommes. » [14]<br />
« Le 3 octobre 1980, une bombe éclate<br />
devant la synagogue libérale de la rue<br />
Copernic (Paris XVI e). Aussitôt, les amis<br />
de Pierre Guillaume diffusent un tract,<br />
Notre royaume est une prison, présenté<br />
comme un supplément [... à] La Guerre<br />
sociale. » [15]<br />
« Ainsi les équipes publiant La guerre<br />
sociale et Jeune Taupe, renforcées pour<br />
l’occasion par d’autres groupes de l’ultragauche<br />
(celui publiant Le Frondeur, le<br />
groupe “Commune de Cronstadt”, le<br />
“Groupe de travailleurs pour l’autonomie<br />
ouvrière”, “Les amis du Potlach”) [l’ont]<br />
rédigé, signé et diffusé en commun, à<br />
plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires,<br />
lors des manifestations qui ont<br />
suivi l’attentat antisémite de la rue<br />
Copernic » [16].<br />
« Les auteurs s’en prennent tout particulièrement<br />
aux antifascistes, qui s’élèvent