LIVRE 2005 - page rieuse - Free

ment, M. Schuller prépare son procès
dans l’affaire des HLM des Hauts-de-
Seine, M. Goasguen brigue la Mairie de
Paris, tandis que M. Longuet siège au
Sénat. » [1]
Après mai 68 [Voir « Mai, sois sans
twist ! », p. 194], en France, la « dissolution
d’Occident en novembre 1968 sera
suivie d’un phénomène d’infiltration
dans l’extrême gauche qui, à une échelle
réduite, n’est pas sans ressembler à ce
qui s’est passé en Italie à la même
époque [Voir « Va te faire infiltrer »,
p. 57]. L’extrême droite française va en
effet connaître, elle aussi, à la fin de l’automne
1968 et durant l’hiver 1969,
quelques curieuses et soudaines vocations
gauchistes. Ainsi, on verra par
exemple, à Nice, au mois de décembre
1968, un ex-responsable d’Occident,
Thierry Guyot-Cestier, devenir le dirigeant
d’un groupe anarchiste local
avant de retrouver quelques mois plus
tard les rangs d’Ordre nouveau (dont il
défendra les couleurs aux législatives de
mars 1973 [...]), puis, lors des présidentielles
de mai 1974, servir de garde du
corps “rapproché” de Giscard. » [2]
Pour réaliser l’infiltration, il fallait avoir le
« pouvoir de garder à l’esprit simultanément
deux croyances contradictoires, et
de les accepter toutes les deux. » [3]
« C’était du camouflage. Si on respectait
les petites règles, on pouvait briser les
grandes. » [4] Cette para-police ne
confondait pas la fin et le moyen. Car
c’est pour elle un principe général : « On
n’établit pas une dictature pour sauver
une révolution. On fait une révolution
pour établir une dictature » [5].
Et les infiltrations de la fin des années 60
ont été bien utilisées : Le pouvoir législatif
a ainsi fortement pu renforcer le pouvoir
exécutif quand le 29 avril 1970,
Alain Peyrefitte fit adopter la loi « anti-
casseurs » qui engage « la responsabilité
collective des organisateurs dans les
manifestations de rue. » [6] « Seront
condamnés, selon une procédure de flagrant
délit, sans avoir le temps de prévenir
famille, amis ou avocats, les organisateurs
qui n’auront pas ordonné la dissolution
aux premières violences et tous
les manifestants qui seront restés sur
place. Tout individu pris sur le fait pourra
être considéré comme financièrement
responsable de l’ensemble des dégâts,
même s’il n’y est pour rien. C’est instaurer
la notion de responsabilité collective,
inconnue du code pénal français. C’est
également justifier par avance n’importe
quelle provocation policière. » [7]
« Dès son entrée en vigueur on comprend
immédiatement la raison de l’intérêt
porté aux groupuscules d’extrême
droite. Ces derniers deviennent le détonateur
nécessaire à l’explosion de ce que
les services du ministère de l’Intérieur
appellent benoîtement des “affrontements
entre extrémistes des deux
bords”, ces opérations étant immédiatement
suivies d’une répression qui, grâce
aux renseignements recueillis, frappe les
militants révolutionnaires [et contestataires].
On retrouve là le système classique
: infiltration / répression, tactique
rodée tour à tour contre le F.L.N.,
l’O.A.S. et maintenant l’ultra gauche. » [8]
On ne change pas une méthode qui
gagne.
Et puis, même après une longue carrière
d’agent infiltré chez les contestataires, il y
a toujours pour les « agents » la possibilité
d’abjurer officiellement plus tard, pour
revenir défendre l’Occident. Alors, « ils
occupent, parmi les places qu’ils pouvaient
prétendre occuper, les meilleures.
Celles que le capital réserve de préférence
à ceux qui le rallient après avoir formé
le projet de le renverser. » [9]
197 Franco de porc