LIVRE 2005 - page rieuse - Free

Mais il y a toujours des provocateurs
prêts à jouer avec le feu... » [4]
Et l’exemple vient alors visiblement d’en
haut. « “Si la gauche gagne en 1978, on
peut prévoir des troubles que nous
avons les moyens d’encourager ; attentats,
manifestations qui dégénèrent…”
Rapportées le 14 février 1977 par
Libération, ces propos ont été tenus
quelques jours plus tôt par Michel
Poniatowski, alors ministre de l’Intérieur,
devant quelques responsables de journaux
parisiens invités place Beauvau
pour évaluer la situation politique. “Aux
journalistes éberlués, Poniatowski expose
ainsi la tactique des giscardiens, poursuit
Libération. […] Dès lors, devait-il
ajouter, Giscard pourra dissoudre
l’Assemblée et provoquer ainsi des élections
de la peur qui ramèneront au
Palais-Bourbon une majorité conforme à
l’actuelle…”
Que l’homme alors chargé du maintien
de l’ordre en France ait osé avouer aussi
ouvertement qu’il pourrait, personnellement,
participer à l’établissement d’une
stratégie de la tension à l’italienne est
assez remarquable. […] L’arrogance de
l’aveu est révélatrice sur les rapports existants
entre la majorité au pouvoir et les
seuls capables d’appliquer une stratégie
de la tension en France : les activistes
d’extrême droite. » [5]
« L’actualité lui donne curieusement raison.
Dès le début de l’année 1977 éclatent
une série d’attentats “généralement
dirigés contre les partis de gauche, les
syndicats, les organisations antiracistes
(MRAP), les collectifs de lutte (grévistes,
paysans du Larzac, viticulteurs contestataires,
etc.) ou encore, bien sûr, les établissements
soviétiques en France [...]” [6].
Dans cette escalade de la violence, le
GAJ de Stirbois [futur bras droit de Le
Pen] prend la tête d’un vaste mouve-
ment de provocation. » [7]
A l’approche des élections présidentielles
de 1981, l’esprit reste similaire.
Exemple : « Un (au moins) des policiers
marseillais membres du SAC pourrait être
[…] convaincu d’avoir participé à l’un
des attentats commis, [début 1981],
dans les Bouches-du-Rhône. C’est en
tout cas, ce que pensent ses collègues
qui enquêtent, très sérieusement, sur
ces “coups” explosifs qui ont secoué la
région et dont l’un, dirigé contre l’imprimerie
anarchiste Encre Noire a fait un
mort et douze blessés. » [8]
Un journaliste de Libération l’annonçait
en 1975 : « Si la pression de l’opposition
devient trop forte, on verra des commandos
de la violence enclencher une
nouvelle ‘’stratégie de la tension’’ qui
profiteraient exclusivement aux hommes
qui gouvernent la France. Ces commandos
de la violence, cristallisés autour du
S.A.C. et autres barbouzes, sont directement
liés à l’appareil d’Etat et bénéficient
d’appuis politiques et financiers qui leur
permettent d’armer et d’entraîner de
véritables spécialistes du coup de main,
une véritable armée de l’ombre rodée à
seule fin de violence. Car l’ombre est
indispensable à leur efficacité : ombre
des égouts, de la pègre, des arsenaux
clandestins et des caisses noires. Notre
expérience des polices parallèles, de
leurs chefs, de leurs cadres et de leur raison
d’être, nous interdit de croire au passage
pacifique à un autre régime.
L’appareil gouvernemental ne vise qu’au
maintien d’un ordre social violemment
contesté. » [9]
Il semble qu’on ait du ensuite externaliser
certains services, grâce à des relais
dans le Moyen Orient. Le 7 décembre
1985 « Deux attentats au Printemps et
aux Galeries Lafayette : 35 blessés.
[… Du 3 au 19 février 1986] Série d’at-
189 Franco de porc