LIVRE 2005 - page rieuse - Free

effets recherchés. (Tout comme le
désordre social est présenté comme justification
de la répression des petits usagers
de drogues, ce qui, en fait, renchérit
la valeur économique de ces drogues
et gonfle les bénéfices des gros trafiquants
[Voir « Pour la drogue donc
contre », p. 144].) Cela mène à la
« double pensée » [2] : on pense les
deux opposés à la fois : le trafic et la
répression.
On croit comprendre le principe :
« L'ennemi, c'est la démocratie [même
l’ersatz que nous connaissons, qui permet
au moins de protester et de réagir] ;
seule compte la règle [...,] la peur de la
punition. » [3] La « cadence [...] avait
déjà [...] un bon rythme au temps de la
gauche jospiniâtre, mais là, c’est de l’extrême
: octroi de 10 milliards d’euros
entre 2002 et 2007 pour les flics et la
justice » [4].
Légitime dépense, rendue nécessaire
par la situation sociale. Jean-Louis
Debré, fils de Michel (le ministre de
l’Intérieur de de Gaulle) [Voir « Place de
Glaive », p. 104], alors « titulaire du perchoir
[présidence de l’Assemblée nationale,
avait, en 2004,] prédit même que
la France se trouve “à la veille d’un nouveau
mai 1968”. » [5] Logique, dans une
société « qui entend lutter non pas
contre la pauvreté mais contre les
pauvres » [6]. Une société, également,
où sont en crise toutes les représentations
(médiatique, politique, syndicale,
etc.), qui ne sont visiblement plus du
tout représentatives [Voir « Verrou va-ton
? », p. 674].
Dans de telles « situations de crise politique,
caractérisée par un phénomène
de "désectorisation", d’évanouissement
des multiples cloisons et frontières
sociales qui forment habituellement,
dans les sociétés à forte division du tra-
vail, une sorte d’isolant contre la contagion
des mobilisations » [7], se cherche
un langage commun [Voir « Dans l'ère
revue », p. 677]. Nous entendons y
contribuer ici.
Mais nous tenons évidemment d'emblée
à liquider totalement ici un certain type
d'appel à la « Liquidation Totale » de certains
nihilistes manipulés. On sait trop ce
que peut finalement dire un révolté
manipulable et devenu prêt à se sacrifier
: « Je hais tout ce qui vit sur terre et
moi-même au premier rang. Alors, que
la destruction règne » [8]
On définit ainsi le terrorisme d'Etat :
« recours systématique a des mesures
d'exception, à des actes violents, par un
gouvernement agissant contre ses
propres administrés et, par extension,
contre les populations d'un Etat ennemi...
» [9] Il faut aussi pouvoir justifier un
tel recours. Les tribunaux ne furent réellement
saisis de l’affaire qu'en Italie [Voir
« L'Italie se ment », p. 62] et en Belgique
[Voir « La belle giclée », p. 82].
« Avec le recul, la fin de la Seconde
Guerre mondiale semble avoir marqué le
véritable début d'un usage répété de
méthodes terroristes par les États, afin
de déstabiliser leurs propres systèmes
démocratiques et de limiter les libertés
individuelles. » [10] [Voir « Un réseau
secret », p. 38] « Cette face cachée de
l’Histoire instantanée n’a pas fini de nous
surprendre. Et quand elle émerge au
grand jour [...,] on se dit que, décidément,
le monde de la politique et celui
des services spéciaux sont bien
proches. » [11]
Avec « le » 11 septembre [Voir « Neuf !
Hein ? Hein ? », p. 610], nous avons
changé d'échelle. « La terreur est à
l’ordre du jour. » [12] « Le pays a été divisé
en deux classes : celle qui fait peur et
celle qui a peur. » [13]
15 Tournée Générale