LIVRE 2005 - page rieuse - Free

maîtres dans l’art du blanchiment, la
Contra nicaraguayenne, la droite colombienne
alliée aux "narcos" … » [12]
Particularité états-unienne ? « Certaines
affaires […] voient cependant des policiers
français surpris en possession de stupéfiants
dans des conditions suspectes, soidisant
pour confondre des trafiquants.
Ces exemples, qui semblent
se multiplier [13]
montrent que les risques
de dérive sont
grands ». [14]
Michel Charasse annonce
[15] qu’ « "[…] on n’attrape
pas les mouches
avec du vinaigre." D’où
la nécessité de se
déguiser en marchand
de confiture. […] Tout
en alléguant [un] "flou
juridique" dont il faudrait
sortir, le chargé du
Budget invoque un ensemble d’arrêts de
la Cour de cassation qui [… avec]
constance, […] légitime depuis longtemps
le fait que les policiers se fassent
passer pour des acheteurs de drogue,
car cela "ne détermine en rien les agissements
délictueux et a seulement pour
effet de permettre la constatation des
infractions déjà commises et d’en arrêter
la continuation". Et c’est effectivement
en vain que les avocats des trafiquants
invoquent l’excuse atténuante de la provocation
devant les tribunaux. [16]
[… Le projet de loi de Charasse est] présenté
en "urgence déclarée" à la session
d’automne [1991] du Parlement […] :
"Le projet vise à permettre aux policiers,
aux gendarmes et aux douaniers habilités
à cette fin, d’acquérir, de détenir ou
de transporter des stupéfiants et des
substances et matériels nécessaires à la
fabrication des stupéfiants, ainsi que les
Franc du Collier 146
fonds provenant du trafic. Il vise également
à leur ouvrir la possibilité de fournir
aux trafiquants des instruments juridiques
[sic], des moyens de transport, de
dépôt ou de communication. […]" [17].
Une seule lecture est nécessaire devant
chacune des deux chambres : le texte
est adopté à l’unanimité et promulgué le
19 décembre 1991. Les
députés auraient souhaité
que les "infiltrés"
poussent le mimétisme
jusqu’à fournir la
drogue eux aussi. Le
ministre délégué de la
justice qui défendait le
projet se déclara hostile
à la "provocation à la
vente", à la "fourniture".
On se rabattit sur le
terme de "livraison". "Le
Palais-Bourbon est parfois
le théâtre d’étourdissants
débats sémantiques" [18] […]
Les parlementaires s’étant eux-mêmes
récemment blanchis à propos du financement
illicite des campagnes électorales, ils
ne pouvaient faire moins […]. Désormais,
une seule fantaisie devrait rester interdite
aux provocateurs d’Etat : goûter la marchandise.
Depuis 1970, consommer de la
drogue est un délit ; le législateur n’a pas
pensé que parfois, il faut en arriver à cette
extrémité pour savoir donner le change
jusqu’au bout. […]
"[…] La provocation est très dangereuse
pour les libertés individuelles. […], on ne
sait pas où ça finit. On commence par l’admettre
pour le trafic de drogue, puis on
s’habitue, on l’étend et on la généralise.
[…] Avec de telles pratiques de provocation,
on peut piéger n’importe
qui." [19] » [20] Bientôt le tabac interdit
avec des "faux" dealers de clopes au coin
de la rue ?