79 - Vaincre et Convaincre

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26.06.2013 Views

mouvement est allé de pair avec un processus similaire qui s'est manifesté en Italie à la gauche du P.C.I. parmi les différentes organisations «extraparlementaires». Ses racines théoriques se retrouvent dans la discussion des années qui précédèrent l'explosion de l'automne ouvrière: discussion sur le processus de formation de l'avant- garde et du parti révolutionnaire par rapport au développement de la lutte de masse, la portée européenne de la révolution culturelle chinoise dans son rapport à la crise des partis communistes occidentaux; ce processus accomplit un saut avec l'explosion de la lutte étudiante de 1967-1969, laquelle déplace radicalement l'axe du mouvement dans une direction extra-institutionnelle, et il connut son plein développement dans les luttes ouvrières de 1969, portant la crise à son point de rupture(19). «C'est là - selon Lotta continua - la première et essentielle ligne de démarcation qui sépare notre histoire de celle des autres groupes de la gauche dite extraparlementaire. Schématiquement : parmi les intellectuels qui se situaient à la gauche du P.C.I... il y en avait qui voyaient la formation du parti révolutionnaire comme un processus essentiellement idéologique, fondé sur la continuité avec la tradition de la Troisième Internationale, et du mouvement ouvrier officiel, et il y en avait d'autres qui la voyaient comme un processus essentiellement pratique, fondé sur la rupture avec cette tradition»(20). Et de cette ligne de démarcation se fait la classification des différentes organisations: «En substance, la première position - avec toutes sortes de différences de contenu, de style de travail, de choix organisationnels - est commune à toutes les organisations de type trotskiste (de la IVe Internationales à Avanguardia Operaia), de type néostalinien (une bonne partie du P.S.I.U.P., les premières formations marxistes-léninistes), ou issues de croisements des deux précédents (Servire il Popolo) ou enfin de type néo-révisionniste «gramscien- togliattien» (du P.S.I.U.P. au Manifesto).

La seconde position a dominé la formation de Lotta Continua et - avec de grandes différences de contenu, de style de travail, de conception de l'organisation - de Potere Operaio(21). Mais si cette histoire parallèle de l'althusserisme maoïste en France et de la «nouvelle gauche» italienne se manifeste à partir de 1968, l'histoire de l'entreprise althusserienne - ou de «l'antihumanisme théorique» comme certains aiment bien l'appeler - remonte à plus loin dans l'histoire. Il faut revenir aux conséquences du XXe Congrès. La répudiation sans critique véritable du stalinisme ouvrait la voie à un ensemble de revendications de type libéral ou moderniste s'adaptant à la nouvelle conjoncture intellectuelle. Les nouvelles thèses avancées sur la coexistence pacifique et le passage pacifique au socialisme engageaient ceux qui voudraient les fonder sur des théorisations hasardeuses. Le P.C.F. était d'autant plus exposé à ces errements théoriques et politiques qu'il importait les thèses soviétiques sans chercher à les approfondir et sans vouloir prendre le risque d'un débat. Ce refus de théoriser ses positions politiques exposait le P.C.F. à un risque constant de débordement à droite aussi bien qu'à gauche. Débordement à droite - la direction italienne de l'U.E.C., et l'humanisme de Garaudy - effectué par ceux qui voulaient théoriser le «passage pacifique au socialisme» et en tirer des conséquences politiques. Ce débordement droitier suscitait un contre-effet de gauche: critique du révisionnisme qui pouvait s'appuyer sur la critique chinoise désormais explicite du révisionnisme soviétique. Contre cela le Parti n'avait guère d'armes théoriques. La vieille orthodoxie jdanovienne n'était plus utilisable à une période riche par la critique du dogmatisme et de l'orthodoxie marxiste(22): Des textes comme «la Somme et le Reste» d'Henri Lefebvre, «Marx, penseur de la technique» de Kostas Axelos, «les recherches dialectiques» de Lucien Goldman, «Logos et Praxis» de François Châtelet, paraissent après les années 1960. La problématique qui les traverse et qui est à l'origine de la «Critique de la Raison dialectique» pouvait s'exprimer brièvement ainsi: que faire avec le marxisme?(23).

mouvement est allé de pair avec un processus similaire qui s'est<br />

manifesté en Italie à la gauche du P.C.I. parmi les différentes<br />

organisations «extraparlementaires». Ses racines théoriques se<br />

r<strong>et</strong>rouvent dans la discussion des années qui précédèrent l'explosion de<br />

l'automne ouvrière: discussion sur le processus de formation de l'avant-<br />

garde <strong>et</strong> du parti révolutionnaire par rapport au développement de la<br />

lutte de masse, la portée européenne de la révolution culturelle chinoise<br />

dans son rapport à la crise des partis communistes occidentaux; ce<br />

processus accomplit un saut avec l'explosion de la lutte étudiante de<br />

1967-1969, laquelle déplace radicalement l'axe du mouvement dans<br />

une direction extra-institutionnelle, <strong>et</strong> il connut son plein<br />

développement dans les luttes ouvrières de 1969, portant la crise à son<br />

point de rupture(19).<br />

«C'est là - selon Lotta continua - la première <strong>et</strong> essentielle ligne de<br />

démarcation qui sépare notre histoire de celle des autres groupes<br />

de la gauche dite extraparlementaire. Schématiquement : parmi les<br />

intellectuels qui se situaient à la gauche du P.C.I... il y en avait qui<br />

voyaient la formation du parti révolutionnaire comme un processus<br />

essentiellement idéologique, fondé sur la continuité avec la<br />

tradition de la Troisième Internationale, <strong>et</strong> du mouvement ouvrier<br />

officiel, <strong>et</strong> il y en avait d'autres qui la voyaient comme un processus<br />

essentiellement pratique, fondé sur la rupture avec c<strong>et</strong>te<br />

tradition»(20).<br />

Et de c<strong>et</strong>te ligne de démarcation se fait la classification des<br />

différentes organisations: «En substance, la première position - avec<br />

toutes sortes de différences de contenu, de style de travail, de choix<br />

organisationnels - est commune à toutes les organisations de type<br />

trotskiste (de la IVe Internationales à Avanguardia Operaia), de type<br />

néostalinien (une bonne partie du P.S.I.U.P., les premières formations<br />

marxistes-léninistes), ou issues de croisements des deux précédents<br />

(Servire il Popolo) ou enfin de type néo-révisionniste «gramscien-<br />

togliattien» (du P.S.I.U.P. au Manifesto).

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