79 - Vaincre et Convaincre

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26.06.2013 Views

puisse prétendre que la langue arabe n'est pas en mesure d'assimiler les sciences modernes. L'objectif déclaré d'un tel discours consiste à sauvegarder les intérêts de leurs sujets dans les colonies françaises, mais leur but implicite est de détruire les traditions arabes et islamiques afin de faire prévaloir la langue des colonisateurs partisans de la science et de l'homme. «C'est ainsi qu'un orientaliste français - Louis Massignon - s'est employé à propager ces Idées parmi la Jeunesse syrienne, en déclarant que la dignité de la langue arabe implique qu'elle soit divisée en plusieurs langues comme c'était le cas de la langue latine. «Quel bonheur pour l'Orient de voir la langue arabe en train de suivre le destin de la langue latine, quelle belle amitié nous lie à cet orientaliste qui souhaite à notre langue le sort de la langue des Romains, c'est-à-dire la mort. «Dans une conférence faite au Collège de France sur les lettres arabes, cet orientaliste essaie de démontrer que la langue arabe n'est vivable qu'écrite en lettres latines. «Ces gens disent que les Arabes dégénèrent comme les Turcs jusqu'à perdre une partie importante de l'identité de leur langue, afin de couper les liens spirituels qui nous lient à nos ancêtres, ce qui facilitera 1a tâche aux agents qui cherchent a détruire l'Orient au nom des sciences et des lettres». Ces polémiques retracent le cadre de la lutte idéologique qui déterminait les rapports entre ces courants. Nous avons une autre image de ce cadre de lutte idéologique, tracée par Ahmad Kamrawi à propos de la polémique suscitée par les deux livres de Taha Hussein sur: la Poésie pré-islamique «al-Chi'r al-Jahili» et la littérature pré-islamique «al-Adab al-Jahili»: Le livre «sur la littérature pré-islamique» est le même que le livre (sur la poésie pré-islamique) tant par son esprit que par son objet et sa méthode; son auteur n'a pas profité des critiques diverses et justes qui

lui ont été adressées; et rares sont les livres qui ont mérité autant de critiques. «Il est regrettable de voir l'auteur du livre ainsi que ceux qui le soutiennent, pousser la littérature sur une voie qui n'est pas la sienne, et ils l'habillent avec des vêtements français. Ils l'amènent sur la même voie sur laquelle la littérature allemande s'est perdue pendant un siècle et quelque avant d'être redressée par Heller et Lessing. Cette voie sur laquelle ils poussent la littérature arabe n'est que celle consistant à être séduite par la littérature française en particulier, et par la littérature occidentale en général, alors qu'aucun rapport ne lie tout cela à l'esprit de la littérature orientale, tout comme il n'y avait, au XVIIe siècle, aucun rapport entre la littérature française et la littérature allemande. «Ceux qui poussèrent l'Allemagne à imiter la France à cette époque, comme les singes, sont ceux qu'on appelle les petits princes de la littérature. Le docteur Taha Hussein et ses disciples voulaient être pour la langue arabe ce qu'étaient ces derniers pour la langue allemande; ils voulaient la séduire par l'étranger et l'aliéner; en les lisant on s'aperçoit de 1a pure imitation qu'on nous impose au nom du renouveau, et de l'esprit étranger maquillé en arabe. «Nous ne croyons dans cette imitation aucun renouveau dans la littérature arabe, car elle détourne notre attention portant sur nous-mêmes, vers l'étranger et nous préoccupe par la littérature d'autrui à la place de la nôtre». C'est dans le même ordre d'idées que s'insère l'étude documentaire de Zein Nourel-Dine Zein sur «la genèse du nationalisme arabe» et les relations liant les Turcs et les Arabes pendant 400 ans sur la base de l'Islam: «Dans l'histoire arabe à l'époque ottomane, quatre facteurs nous semblent évidents: l'Islam, les Turcs, l'influence de la civilisation occidentale, et le nationalisme arabe. «Si les Turcs sont arrivés à gouverner cette région pendant 400 ans, et les Arabes de se soumettre souvent à cette domination, c'est parce que les Turcs sont Musulmans. En dépit de l'état de désintégration et de décadence dans lequel s'est trouvé l'Islam

lui ont été adressées; <strong>et</strong> rares sont les livres qui ont mérité autant de<br />

critiques.<br />

«Il est regr<strong>et</strong>table de voir l'auteur du livre ainsi que ceux qui le<br />

soutiennent, pousser la littérature sur une voie qui n'est pas la<br />

sienne, <strong>et</strong> ils l'habillent avec des vêtements français. Ils l'amènent<br />

sur la même voie sur laquelle la littérature allemande s'est perdue<br />

pendant un siècle <strong>et</strong> quelque avant d'être redressée par Heller <strong>et</strong><br />

Lessing. C<strong>et</strong>te voie sur laquelle ils poussent la littérature arabe<br />

n'est que celle consistant à être séduite par la littérature française<br />

en particulier, <strong>et</strong> par la littérature occidentale en général, alors<br />

qu'aucun rapport ne lie tout cela à l'esprit de la littérature<br />

orientale, tout comme il n'y avait, au XVIIe siècle, aucun rapport<br />

entre la littérature française <strong>et</strong> la littérature allemande.<br />

«Ceux qui poussèrent l'Allemagne à imiter la France à c<strong>et</strong>te époque,<br />

comme les singes, sont ceux qu'on appelle les p<strong>et</strong>its princes de la<br />

littérature. Le docteur Taha Hussein <strong>et</strong> ses disciples voulaient être<br />

pour la langue arabe ce qu'étaient ces derniers pour la langue<br />

allemande; ils voulaient la séduire par l'étranger <strong>et</strong> l'aliéner; en les<br />

lisant on s'aperçoit de 1a pure imitation qu'on nous impose au nom<br />

du renouveau, <strong>et</strong> de l'esprit étranger maquillé en arabe.<br />

«Nous ne croyons dans c<strong>et</strong>te imitation aucun renouveau dans la<br />

littérature arabe, car elle détourne notre attention portant sur<br />

nous-mêmes, vers l'étranger <strong>et</strong> nous préoccupe par la littérature<br />

d'autrui à la place de la nôtre».<br />

C'est dans le même ordre d'idées que s'insère l'étude documentaire<br />

de Zein Nourel-Dine Zein sur «la genèse du nationalisme arabe» <strong>et</strong> les<br />

relations liant les Turcs <strong>et</strong> les Arabes pendant 400 ans sur la base de<br />

l'Islam:<br />

«Dans l'histoire arabe à l'époque ottomane, quatre facteurs nous<br />

semblent évidents: l'Islam, les Turcs, l'influence de la civilisation<br />

occidentale, <strong>et</strong> le nationalisme arabe.<br />

«Si les Turcs sont arrivés à gouverner c<strong>et</strong>te région pendant 400 ans,<br />

<strong>et</strong> les Arabes de se soum<strong>et</strong>tre souvent à c<strong>et</strong>te domination, c'est<br />

parce que les Turcs sont Musulmans. En dépit de l'état de<br />

désintégration <strong>et</strong> de décadence dans lequel s'est trouvé l'Islam

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