79 - Vaincre et Convaincre
79 - Vaincre et Convaincre 79 - Vaincre et Convaincre
l'installation de tout nouveau gouvernement au Mont-Liban, le pouvoir avait recours à mes services. «A leur arrivée en 1914, les Turcs m'ont désigné à leur service; mais, ayant découvert leurs intentions ainsi que leurs pratiques criminelles, j'ai fait volte-face pour sauver les patriotes qu'on m'avait chargé d'arrêter. Ensuite arrivèrent les armées anglaises en 1918, On a mis sous mes ordres une cinquantaine de soldats hindous; ma tâche consistant à diriger des patrouilles dans la Béqâ' aussi bien qu'à Zahlé; les livres anglaises que je touchais témoignant de la haute place que j'occupais parmi les gens. Les vêtements anglais que j'ai portés n'ont réussi ni à fléchir mon patriotisme ni à me rendre dupe des visées anglaises au Liban. Je n'ai pas tardé à quitter mon poste et à lutter contre eux. Tout le monde est au courant comment j'ai arraché la pétition à celui qui la faisait signer, et comment j'ai organisé une manifestation devant le comité américain qui était venu enquêter à Zahlé; mon libanisme intransigeant m'a donc valu les menaces et les tortures. «Au départ des Anglais, arrivèrent les Français; ils m'ont désigné membre de la première brigade de la milice nationale. L'un des chefs libanais qui m'a demandé un jour quelle était pour moi la différence entre les autorités qui se succédèrent au Liban, j'ai répondu: les Turcs ne sont honnêtes, ni envers eux-mêmes ni envers leurs sujets, les Anglais sont honnêtes envers eux-mêmes et non envers les gens, c'est dans leur seul intérêt qu'ils défendent la justice et non au profit des autres. Quant aux Français, ils nous donnent beaucoup de conseils, nous en prenons beaucoup plus qu'il nous est possible de leur rendre; de tous les gouverneurs que j'ai pu fréquenter, ce sont les moins mauvais»(35). Entre l'Ottoman et l'Anglais. Fin 1917, début 1918 la famine s'intensifia, les maladies se répandirent dans les rangs de l'armée turque, l'épidémie se propagea parmi la population. La chute de la neige commença, les routes se bloquèrent, le froid redoubla de façon inhabituelle, le nombre des morts sur les routes de Zahlé et aux alentours augmenta parmi les gens qui quittaient les villages du Mont-Liban.
Zahlé grouillait de gens qui venaient de toute part. La période de froid commença et frappa durement les soldats turcs délaissés par leurs commandants et leurs officiers; ils mourraient par dizaines tous les jours, et leurs camarades les enterraient dans les plantations de Zahlé. La municipalité se chargeait de nettoyer les rues des cadavres et les enterrait. Les enfants erraient, sans familles pour se préoccuper de leur sort, ils se nourrissaient de ce qu'ils trouvaient, et la nuit ils dormaient dans des huttes sous la pluie, n'importe comment. Le 15 septembre 1918, Bou'inein se promenant au sommet du mont Zeina, une hauteur surplombant Ryak base de l'armée turque et allemande, et entrepôt de munitions. Muni de jumelles, il se rendait tous les matins sur ces hauteurs pour observer les mouvements de l'armée autour et à l'intérieur de la gare. Il lui était habituel de voir tous les matins un avion aller en reconnaissance, depuis Ryak, observer les mouvements de l'ennemi qui était déjà en Palestine, et retourner à Ryak au bout de trois heures; ce jour là, il a vu l'avion décoller et revenir rapidement contrairement à son habitude. Après son atterrissage, on entendit le canon, comme le grondement continu de tonnerre, mais on ignorait son point d'origine; quelques instants plus tard, un énorme incendie se déclara dans la gare, il vit de son poste éloigné le feu s'étendre de toutes parts et atteindre les dépôts de munitions.. les explosions se succédaient, la terre tremblait «comme au jour du jugement dernier». A l'aide de ses jumelles allemandes, il vit l'armée turque courir de partout en direction des trains qui les emmenaient vers le nord. L'après-midi de cette journée historique, Bou'inein a appris que les troupes anglaises avaient pénétré et occupé Damas, et que l'aviation avait bombardé Ryak en prévision de l'occupation de ces régions. Il était connu que Ryak était la base du commandement, ainsi qu'un vaste entrepôt de munitions de la quatrième armée turque commandée par Jamal Pacha. Le lendemain, Tahsin Bey, Kayem-Maqam turc de Zahlé, quitta la ville et se rendit à Istanbul. Les troupes turques commencèrent à se
- Page 195 and 196: La solde était payée par trimestr
- Page 197 and 198: «Les exemples de ces deux sortes d
- Page 199 and 200: forment, avec les ministres proprem
- Page 201 and 202: En 1660, sous le règne de Mouhamma
- Page 203 and 204: Pour maintenir cette cohésion, dou
- Page 205 and 206: Mais Marx ne précise pas le sens q
- Page 207 and 208: étaient louées à des paysans sou
- Page 209 and 210: 1 - La propriété de la terre du
- Page 211 and 212: administrative et autre. Mais jusqu
- Page 213 and 214: La forme de production en communaut
- Page 215 and 216: d'économie hydraulique, et en ce q
- Page 217 and 218: sociales, correspondait en Occident
- Page 219 and 220: donc à cette époque dans une impa
- Page 221 and 222: Les patriarches sont nommés pour l
- Page 223 and 224: 3 - Terre «Wakf», terre de réser
- Page 225 and 226: certaines redevances ou servitudes,
- Page 227 and 228: sortes ont profité de cette légis
- Page 229 and 230: donc dans l'obligation de trouver d
- Page 231 and 232: La conscience immédiate du réel s
- Page 233 and 234: et ses conseillers les plus sincèr
- Page 235 and 236: «.. En 1910, le Mexique célébrai
- Page 237 and 238: pouvoir familial local, le lieu de
- Page 239 and 240: L'affirmation de l'identité commun
- Page 241 and 242: prenaient la route de Zahlé-Biskin
- Page 243 and 244: C'est le même hors-la-loi révolt
- Page 245: - Pourquoi on ne me le demande pas
- Page 249 and 250: Anglais ne feraient pas un geste si
- Page 251 and 252: situation politique et de ce qu'il
- Page 253 and 254: s'attaquant à tout homme incapable
- Page 255 and 256: Le genre de «Moumâna'a» auquel a
- Page 257 and 258: apercevions de nos propres yeux. Ch
- Page 259 and 260: français qui seront demandés par
- Page 261 and 262: cohérence interne - que suivre la
- Page 263 and 264: La seconde difficulté concerne la
- Page 265 and 266: classification lui permettant de di
- Page 267 and 268: éfute leurs fondements théoriques
- Page 269 and 270: contemporaine, sont identiques chez
- Page 271 and 272: lutte où le point de départ méth
- Page 273 and 274: d'une domination formelle du capita
- Page 275 and 276: 4 - Peters Richard F. - Histoire de
- Page 277 and 278: 45 - Mass'oud Gibran - Le Liban et
- Page 279 and 280: -----------------------------------
- Page 281 and 282: 145 _ 1969. Lenin and philosophy, a
- Page 283 and 284: ------------------------------- 1 -
- Page 285 and 286: 36 - «... La religion est, et ne p
- Page 287 and 288: 34 - Voir la critique faite par Ami
- Page 289 and 290: s'entourer de conseillers» (Ibn Kh
- Page 291 and 292: 64 - Ibid. 65 - Ibid. 65 - Ibid. 66
- Page 293 and 294: 15 - Jésus Silva - La révolution
- Page 295 and 296: Althusser Louis - Marx et Lénine d
l'installation de tout nouveau gouvernement au Mont-Liban, le<br />
pouvoir avait recours à mes services.<br />
«A leur arrivée en 1914, les Turcs m'ont désigné à leur service;<br />
mais, ayant découvert leurs intentions ainsi que leurs pratiques<br />
criminelles, j'ai fait volte-face pour sauver les patriotes qu'on<br />
m'avait chargé d'arrêter. Ensuite arrivèrent les armées anglaises en<br />
1918, On a mis sous mes ordres une cinquantaine de soldats<br />
hindous; ma tâche consistant à diriger des patrouilles dans la Béqâ'<br />
aussi bien qu'à Zahlé; les livres anglaises que je touchais témoignant<br />
de la haute place que j'occupais parmi les gens. Les vêtements<br />
anglais que j'ai portés n'ont réussi ni à fléchir mon patriotisme ni à<br />
me rendre dupe des visées anglaises au Liban. Je n'ai pas tardé à<br />
quitter mon poste <strong>et</strong> à lutter contre eux. Tout le monde est au<br />
courant comment j'ai arraché la pétition à celui qui la faisait signer,<br />
<strong>et</strong> comment j'ai organisé une manifestation devant le comité<br />
américain qui était venu enquêter à Zahlé; mon libanisme<br />
intransigeant m'a donc valu les menaces <strong>et</strong> les tortures.<br />
«Au départ des Anglais, arrivèrent les Français; ils m'ont désigné<br />
membre de la première brigade de la milice nationale. L'un des<br />
chefs libanais qui m'a demandé un jour quelle était pour moi la<br />
différence entre les autorités qui se succédèrent au Liban, j'ai<br />
répondu: les Turcs ne sont honnêtes, ni envers eux-mêmes ni<br />
envers leurs suj<strong>et</strong>s, les Anglais sont honnêtes envers eux-mêmes <strong>et</strong><br />
non envers les gens, c'est dans leur seul intérêt qu'ils défendent la<br />
justice <strong>et</strong> non au profit des autres. Quant aux Français, ils nous<br />
donnent beaucoup de conseils, nous en prenons beaucoup plus qu'il<br />
nous est possible de leur rendre; de tous les gouverneurs que j'ai<br />
pu fréquenter, ce sont les moins mauvais»(35).<br />
Entre l'Ottoman <strong>et</strong> l'Anglais.<br />
Fin 1917, début 1918 la famine s'intensifia, les maladies se<br />
répandirent dans les rangs de l'armée turque, l'épidémie se propagea<br />
parmi la population. La chute de la neige commença, les routes se<br />
bloquèrent, le froid redoubla de façon inhabituelle, le nombre des morts<br />
sur les routes de Zahlé <strong>et</strong> aux alentours augmenta parmi les gens qui<br />
quittaient les villages du Mont-Liban.