79 - Vaincre et Convaincre
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de Nabek, de Yabroud, de Damas et de Homs... je partais avec les chameaux que je louais à Ba'albek, nous ne voyagions que la nuit, et nous évitions de nous approcher des routes. En revenant, et aux confins de Ba'albek, nous prenions des précautions aussi bien contre le gouvernement que contre les bandits. Nous avions parmi les chi'ites des amis qui nous venaient en aide, ainsi que des ennemis avec lesquels on ne pouvait que se battre. Cet état de choses se prolongea jusqu'à la fin de la guerre»(26). En plus de sa fonction d'élément indispensable à l'équilibre du pouvoir local, le hors-la-loi a une certaine légalité auprès du pouvoir ottoman qui se sert de lui pour la poursuite d'autres hors-la-loi en le nommant «officier de l'ordre»; la nomination est bien retenue par son discours pour retracer le rapport existant entre le pouvoir ottoman et les pouvoirs locaux pendant la guerre. En effet, lorsque Youssef Braydi, le rival politique d'Abou Khater, fut nommé Kayem-Makam de Zahlé, il avait mis sa maison à la disposition de Djamal Pacha et des officiers turcs; on lui demanda d'arrêter ceux qui étaient poursuivis pour leur hostilité contre les Turcs et qui pourraient se réfugier à Zahlé. Youssef Braydi présenta alors Bou'inein à Rida pacha, chef du conseil de guerre, comme étant le seul capable d'accomplir cette tâche, et il aura comme récompense le titre d'officier avec, à sa disposition, douze soldats turcs(27). La fonction est de nouveau détournée contre l'État au profit des patriotes libanais. «je partis donc avec les soldats sans rien connaître à leur propos, mais je n'ai pas tardé à savoir qu'il y en avait parmi eux un arménien du nom de Sadek, celui-ci m'a avoué s'être déguisé en Turc; il y avait aussi trois afghans, un sergent et un soldat originaires d'Albanie. Ils étaient tous prisonniers à Istanbul, et se sont engagés dans l'armée pour sortir de la prison. J'ai également constaté qu'ils aimaient fumer le hachisch, alors je leur en ai amené, et nous nous sommes dirigés vers Kesrwan. Youssef Braydi avait entre-temps prévenu Ibrahim Al-Râ'i, un des recherchés, de notre mission; quant à moi, j'ai chargé Khalil Harawi de mettre Na'oum Labaki au courant. «J'ai rendu visite à Habib Bey Al-Bitar, le Kayem-Maqam de Kesrwan qui m'a chargé d'assurer le sécurité des muletiers qui
prenaient la route de Zahlé-Biskinta-Sannine tous les lundis et qui, de retour le mardi, tombaient sur les bandits de Ba'albek qui leur volaient les marchandises»(28). La fonction d'État est donc exploitée au profit de la lutte «nationale», étant donné que les hors-la-loi qu'on poursuivait étaient des patriotes luttant contre les Turcs, et avaient des bons rapports avec la France. Cette fonction est également exploitée dans un autre sens : le sergent albanais (Rida) déteste le gouvernement turc, il s'est engagé contre son gré dans l'armée pour échapper à la prison d'Istanbul, il injuriait les Turcs devant Bou'inein en lui proposant l'évasion pour former une troupe de Bandits et lutter contre le gouvernement turc. Bou'inein, qui évitait au début ce genre de conversation avec lui, et après s'être rassuré de sa sincérité, s'est mis d'accord avec lui pour se diriger à Aley et ramener les soldats afin d'entreprendre le soulèvement prévu. «Nous donnions signe de vie à Aley tous les vingt jours. Ainsi j'ai pu voir de près toutes les horreurs qui ont valu à Aley sa réputation pendant la première guerre mondiale. Un jour, j'y ai assisté à un grand rassemblement, on se préparait - d'après ce qu'on m'a expliqué - à accueillir Jamal Pacha .. l'émir Chakib Arslan, prince de la rhétorique, arrive à la tête d'une délégation druze. Ensuite arrive Salim Bey Thabet, à la tête d'une délégation de notables avec Michel Sursok. Tout le monde attendait l'arrivée de Jamal pacha... l'émir Chakib Arslan et Salim bey Thabet étaient les premiers à le saluer, ensuite les délégations défilaient devant lui en baissant la tête... «Ce spectacle m'a fait penser à ces gens comme l'émir Chakib, d'une grande famille druze, et Salim Thabet, prince de la tribune, comment ils acceptent de se soumettre à un homme tatar comme Jamal le tyran, dont on ne connaît pas l'ascendance... ma dignité s'est alors révoltée, et il m'a semblé qu'il était plus commode et même préférable de mourir honnêtement plutôt que de voir les chefs du pays intimidés par cette affreuse créature.. Si les chefs du pays s'abaissent devant les tyrans, je ne serai donc bon à rien; les voilà les uns en prison, les autres en exil, laissons ces idées inquiétantes et fatigantes de côté, et poursuivons notre chemin prédestiné, puisse Dieu délivrer ses sujets...»(29).
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