79 - Vaincre et Convaincre
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Ottomans; il est le chef spirituel et temporel de l'empire. D'après l'ordre de succession établi pour l'empire, le trône revient à l'aîné des princes du sang, de sorte que le fils ne succède à son père que s'il n'a pas un oncle ou un cousin qui soit plus âgé que lui(47). Tous les sujets, jusqu'aux plus hauts dignitaires, étaient réputés les esclaves du sultan, et le terme «koul» (esclave) était même employé d'une façon officielle, aussi bien par le sultan pour désigner ses fonctionnaires, que par ces derniers pour se désigner eux-mêmes(48). La position des membres de la classe politique dominante, à commencer par les Grands Vizirs, était très précaire. Les services les plus éminents n'étaient pas toujours une garantie contre la disgrâce. Au contraire, ils accéléraient parfois la chute d'un ministre dont le souverain, jaloux de son pouvoir absolu, craignait la popularité. Plus un fonctionnaire se trouvait, par sa fonction, près du Sultan, plus il était exposé aux effets de se colère ou de son caprice. La description de Machiavel est pertinemment adéquate, d'autant plus que ces hauts fonctionnaires étaient dépourvus de toute assise sociale ou politique en dehors du Sultan: on a déjà vu comment ils sont produits par la machine des Janissaires(49). Immédiatement au dessous du Sultan, chef suprême de l'empire, deux ministres d'État sont placés à la tête de toutes les affaires. C'est d'abord le Grand Vizir (premier ministre) qui est chargé de toute l'administration civile, et qui, sous le nom de sérasquier, commande à toutes les forces militaires. Puis vient le Cheikh Al-Islam ou Grand Mufti, qui est chef des 'oulémas' et auquel sont confiées, comme on l'a déjà vu, l'administration civile et religieuse, ainsi que l'interprétation de la loi(50). Le Grand Vizir était assisté d'un certain nombre de Vizirs révocables à tout moment, des deux juges de l'armée (Kadi-Asker), du chancelier (nichandji), du responsable des finances (Defterdar), du grand Amiral (Kapoudan Pacha) et de l'Agha des Janissaires. Quelques ministres sans portefeuille et les conseillers des principaux ministres
forment, avec les ministres proprement dit, le Conseil d'État ou ministère d'État. Quand le Grand-Vizir, le Cheikh Al-Islam et le Conseil d'État se réunissent pour délibérer, ils forment ce qu'on appelle le Divan. Cependant, le divan proprement dit comprend tous les emplois supérieurs et inférieurs désignés sous le nom d'emplois de Kalamié (emplois de la plume). Il se compose de cinq catégories de fonctionnaires, dont la plus élevée correspond au grade de férik (chef de division). Outre le divan, il existe divers autres conseils tels que ceux de l'instruction publique, de la guerre, de l'artillerie, de l'amirauté, des travaux publics, de la police, des travaux militaires et la cour des comptes(51). L'administration des différentes parties de l'empire. L'Empire ottoman se composait de possessions immédiates et d'États vassaux. Les possessions immédiates se divisent en Eyalets (Provinces), à la tête desquels sont placés des gouverneurs nommés par le Sultan. Les États vassaux se distinguent en territoires administrés par des princes héréditaires sous la direction de la Sublime Porte, et en pays tributaires, qui ont leurs chefs héréditaires et s'administrent librement. Les Eyalets ont à leur tête un gouverneur général, appelé ordinairement pacha, et qui porte le titre de Wali. Celui-ci a auprès de lui un conseil composé de: un président, deux secrétaires, le mufti(52), le receveur général des contributions, le métropolitain chrétien ou le grand rabbin de la province, et enfin, les délégués des villes chrétiennes ou musulmanes. Eyalets et provinces se divisent à leur tour en sandjaks ou livahs, administrés par des gouverneurs (moutaçarrifs), puis les sandjaks sont subdivisés en Kayem-Makamliks que des lieutenants-gouverneurs (Kayem-Makams) administrent, aidés d'un conseil composé généralement de six membres. Les Kayem-Makamliks comprennent plusieurs Kazas (Cantons) qui obéissent à un mudir (directeur) et à un conseil administratif de quatre membres. Enfin, les Kazas se composent
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Ottomans; il est le chef spirituel <strong>et</strong> temporel de l'empire. D'après l'ordre<br />
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Tous les suj<strong>et</strong>s, jusqu'aux plus hauts dignitaires, étaient réputés les<br />
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d'une façon officielle, aussi bien par le sultan pour désigner ses<br />
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La position des membres de la classe politique dominante, à<br />
commencer par les Grands Vizirs, était très précaire. Les services les<br />
plus éminents n'étaient pas toujours une garantie contre la disgrâce. Au<br />
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fonctionnaires étaient dépourvus de toute assise sociale ou politique en<br />
dehors du Sultan: on a déjà vu comment ils sont produits par la machine<br />
des Janissaires(49).<br />
Immédiatement au dessous du Sultan, chef suprême de l'empire,<br />
deux ministres d'État sont placés à la tête de toutes les affaires. C'est<br />
d'abord le Grand Vizir (premier ministre) qui est chargé de toute<br />
l'administration civile, <strong>et</strong> qui, sous le nom de sérasquier, commande à<br />
toutes les forces militaires. Puis vient le Cheikh Al-Islam ou Grand<br />
Mufti, qui est chef des 'oulémas' <strong>et</strong> auquel sont confiées, comme on l'a<br />
déjà vu, l'administration civile <strong>et</strong> religieuse, ainsi que l'interprétation de<br />
la loi(50).<br />
Le Grand Vizir était assisté d'un certain nombre de Vizirs<br />
révocables à tout moment, des deux juges de l'armée (Kadi-Asker), du<br />
chancelier (nichandji), du responsable des finances (Defterdar), du<br />
grand Amiral (Kapoudan Pacha) <strong>et</strong> de l'Agha des Janissaires. Quelques<br />
ministres sans portefeuille <strong>et</strong> les conseillers des principaux ministres