79 - Vaincre et Convaincre
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Janissaires. Les mariés ne voulaient plus habiter les casernes. Le contrôle des registres devint de plus en plus défectueux. Les officiers se faisaient payer la solde des Janissaires morts depuis longtemps, qu'on avait omis de rayer des rôles, les billets donnant droit à la solde furent mis en circulation comme des billets de banque(40). Les jeunes chrétiens, les Adjemis-oghlans n'avaient appris qu'un seul métier : celui de soldat, et ne savaient que faire la guerre. Avec l'entrée ces turcs dans le corps, tout cela devait changer. Le corps des Janissaires devient une sorte d'organisation corporative pouvant, comme «force politique», contrecarrer la volonté du Sultan(41). Cette nouvelle organisation s'opposait à toute réforme de l'armée, comme c'était le cas sous Salim III où les Janissaires anéantirent, en 1806, la nouvelle armée «Nizami Djédid» formée à l'européenne, pour être liquidés à leur tour vingt ans plus tard par le Sultan Mahmoud II(42). L'ordre politique et administratif. Dans un chapitre de son livre «Le Prince», s'intitulant: «Pourquoi le royaume de Darius, occupé par Alexandre, ne se révolta point contre ses successeurs après sa mort?», Machiavel distinguait deux types de régimes politiques qui existaient à son époque: «Les principautés connues dans l'histoire se trouvent gouvernées de deux manières diverses: soit par un prince, avec l'aide de quelques serviteurs que par grâce particulière il nomme ministres, soit par un prince et ses barons qui détiennent ce titre, non par faveur du prince, mais par ancienneté de sang. Ces barons ont des domaines et des sujets propres qui les reconnaissent pour seigneurs, et leur portent une affection naturelle(43). A partir de cette distinction, Machiavel essaie d'aller plus loin dans sa comparaison, en soulignant les caractéristiques de chacun des deux modèles d'État illustrés, à savoir: le royaume de France et l'empire ottoman:
«Les exemples de ces deux sortes de gouvernement sont, à notre époque, le Grand Turc et le Roi de France. Toute la monarchie du Grand Turc est gouvernée par un seul maître; les autres sont ses serviteurs. Divisant son royaume en Sandjacs, il y envoie divers administrateurs, les mute, les change selon son bon plaisir. Le roi de France, au contraire, vit parmi une multitude de grands seigneurs de race très ancienne, reconnus et aimés de leurs propres sujets. Chacun a ses privilèges héréditaires auxquels le roi ne peut toucher sans péril»(44). Machiavel constate que les deux systèmes de pouvoir, oriental et occidental, englobent deux genres de cohésion interne, et d'articulation entre le tout et les partis: «Qui donc considérera ces deux façons de gouverner verra la difficulté de conquérir le domaine du Grand Turc; mais, une fois conquis, la grande facilité de s'y maintenir. Inversement, vous trouverez à certains égards plus de facilité à occuper le domaine du roi de France, mais une difficulté plus grande à en rester le maître».... (45), alors que dans l'empire ottoman «tu ne peux y être appelé par les princes de ce royaume, ni, pour faciliter ton entreprise, espérer en la révolte de ceux qui entourent le souverain. A cause des liens existants entre eux et précédemment exposés - ce sont ses créatures et obligés - ils sont plus difficiles à corrompre, et même si l'on y parvenait, on n'en tirerait pas grand profit, puisqu'ils ne peuvent entraîner le peuple derrière eux, pour les raisons déjà dites»(46). En effet, on a déjà vu cet édifice original constitué par l'ordre religieux et l'ordre militaire, et selon quel principe fonctionne l'institution de l'armée (janissaires), pour défendre la classe au pouvoir, et lui être totalement attachée. Si l'essentiel de la spécificité politique ottomane a été décrit plus par Machiavel, il nous reste à préciser l'articulation du pouvoir entre ces différents appareils en rapport avec l'appareil administratif central et régional. Le pouvoir central de l'empire ottoman est absolu; il est limité par le Coran et par ses interprètes. Le vrai titre du sultan est Padichah des
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seigneurs de race très ancienne, reconnus <strong>et</strong> aimés de leurs propres<br />
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Machiavel constate que les deux systèmes de pouvoir, oriental <strong>et</strong><br />
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entre le tout <strong>et</strong> les partis:<br />
«Qui donc considérera ces deux façons de gouverner verra la<br />
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souverain. A cause des liens existants entre eux <strong>et</strong> précédemment<br />
exposés - ce sont ses créatures <strong>et</strong> obligés - ils sont plus difficiles à<br />
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profit, puisqu'ils ne peuvent entraîner le peuple derrière eux, pour<br />
les raisons déjà dites»(46).<br />
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religieux <strong>et</strong> l'ordre militaire, <strong>et</strong> selon quel principe fonctionne<br />
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ottomane a été décrit plus par Machiavel, il nous reste à préciser<br />
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l'appareil administratif central <strong>et</strong> régional.<br />
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le Coran <strong>et</strong> par ses interprètes. Le vrai titre du sultan est Padichah des