79 - Vaincre et Convaincre
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à l'enlèvement. La facilité qu'avaient les jeunes recrues d'accéder, après avoir passé par des écoles spéciales, aux plus hautes fonctions aussi bien militaires qu'administratives et politiques explique cette docilité, et les Osmanlis essayaient même souvent de substituer leurs enfants à ceux des chrétiens, pour les faire profiter des avantages et des privilèges qu'avaient les Janissaires(33). Le corps des Janissaires était intimement lié à l'ordre des derviches Bektachis. Des représentants officiels de l'ordre résidaient dans les casernes des Janissaires. Leur importance politique reposait d'ailleurs sur une étroite union avec les soldats janissaires. Ils étaient les aumôniers du corps, et l'accompagnaient dans les batailles, chantant des hymnes à sa gloire. Ils ont pris part aussi à de nombreuses révoltes. Le Chef des Bektach était en même temps chef d'un régiment de soldats(34). La plupart des enfants des prisonniers de guerre et ceux qui venaient d'un devchirmé (cueillette) étaient envoyés à la capitale. On confiait le reste à la garde de hauts dignitaires de la Cour et de gouverneurs des provinces. Les autres, les adjemis-Oghlans «garçons sans expérience» ou «novices», on les préparait physiquement et idéologiquement à leur profession future après un stage de plusieurs années; ils avaient des demeures spéciales dans les jardins du palais du sultan. Une partie des adjemi-oghlans était affectée au service personnel du sultan. Les plus doués d'entre eux passaient par une sorte d'école de quatre classes, l'enseignement que leur donnaient les khodjas les rendaient aptes à accéder aux hautes fonctions auxquelles on les avait prédestinés. C'est surtout parmi ces Iteh-oghlans (garçons de l'intérieur) que furent choisis les vizirs (ministres) et les aghas (chefs militaires). De 1453 à 1623, parmi les 49 Grands Vizirs qui se succédèrent pendant cette période, il n'y en eut que 5 d'origine turque. Le reste a été choisi, par le sultan parmi les «garçons de l'intérieur», du corps des Janissaires. C'est dire l'importance de ce corps dans le fonctionnement du pouvoir(35).
La solde était payée par trimestre. Les Janissaires avaient le privilège de recevoir la solde dans le divan impérial. Depuis Soleiman, les sultans portant l'uniforme de l'Agha, se rendaient le lendemain de la paie au divan et recevaient à leur tour la solde d'un simple Janissaire, témoignant ainsi du lien étroit qui les unissait au corps(36). Le chef suprême du corps des Janissaires était généralissime de toute l'infanterie, ministre de la guerre et un des plus hauts dignitaires de la cour. A la suite de la sédition qui l'empêcha de terminer l'expédition contre la Perse, le sultan Salim ler fit exécuter le Segman Bachi jusqu'alors commandant en chef de l'odjak, et nomma de son propre chef le premier Agha. Les sultans dès lors suivirent cet exemple, en prenant le plus souvent un ancien Iteh-Oghlan. A la fin du XVIe siècle, les Janissaires forcèrent le Sultan à leur accorder de nouveau le droit de choisir leur chef eux-mêmes. C'est ainsi que le choix de l'Agha devint un sujet de querelles entre le sultan et ses soldats(37). L'Agha avait droit de vie et de mort sur ses hommes. Il avait également droit à la succession d'un Janissaire mort. L'Agha avait la garde des princes du sang et veillait à leur sécurité, il avait aussi le droit de «vérifier» la mort du Sultan(38). En 1582, le Sultan Murad III donna la permission à quelques Osmanlis d'entrer dans l'odjak. Depuis commença la transformation lente, mais progressive du corps. Corps d'armée d'étrangers, il devint par la suite une armée turque toujours plus nombreuse; plus tard, presque tout le monde pouvait devenir Janissaire, le contrôle étant de moins en moins rigoureusement exercé. D'une troupe de guerriers entraînés, sélectionnés et observant une discipline quasi-religieuse, le corps devint un amas de gens de toutes les professions qui souvent se faisaient remplacer dans les rangs pour ne pas faire le service actif, gardant le titre de Janissaire à cause des avantages qu'il pouvait encore conférer(39). Sous Soleiman, les vétérans obtinrent l'autorisation de se marier. Sous ses successeurs, cette faveur devint un droit pour tous les
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L'Agha avait droit de vie <strong>et</strong> de mort sur ses hommes. Il avait<br />
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En 1582, le Sultan Murad III donna la permission à quelques<br />
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