79 - Vaincre et Convaincre

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26.06.2013 Views

empire ne constitue pas une seule formation sociale, et du fait que cet empire Connaît deux mouvements de reproduction: - Celui du pouvoir central, «Ghalaba» ottoman: l'Un(5). - Celui des pouvoirs locaux: fonctionnaires ottomans ou açabyya de notables locaux ( famille, tribu, communauté): le Multiple. Ces pouvoirs locaux jouant le rôle essentiel de contenir la «Moumâna'a» populaire et de la représenter auprès du pouvoir central qui se trouve débordé par ces pouvoirs locaux, à chaque fois que sa «Ghalaba» s'affaiblit dans sa lutte contre l'extérieur, à chaque fois que «Dar Al- Silm» l'emporte sur «Dar Al-Harb». La puissance de l'Empire ottoman, à ses moments d'apogée, était concentrée sur les deux rivages l'un en Europe l'autre en Asie qui s'étendent le long du Bosphore, de la mer Marmara et du détroit des Dardanelles. Ainsi, l'élément turc de l'Europe est solidement appuyé sur son ancienne patrie, l'Asie Mineure, avec laquelle il peut communiquer facilement, grâce au peu de largeur des bras de mer qui l'en séparent. Maison voit la cohésion des diverses parties de l'empire avec cette région centrale diminuer rapidement à mesure qu'on s'approche des frontières. Ainsi, elle est très faible sur les bords du Danube et sur les côtes de l'Adriatique, aussi bien que sur le rivage méridional de la mer Noire, le long de la frontière russe vers les confins méridionaux de la Mésopotamie, et plus encore sur les côtes de la Méditerranée en Syrie, en Palestine, en Égypte, dans les régences de Tunis, de Tripoli et d'Alger(6). Tout cet ensemble disparate constituait l'empire Ottoman; on est en droit de se demander comment le pouvoir central a pu les maintenir sous sa domination pendant plusieurs siècles, et de se demander si la force centrifuge qui éloigne les populations de ces contrées lointaines du centre de l'Empire, Constantinople, n'était pas bien supérieure à la force d'attraction qui les a fait toujours se serrer autour de lui. L'empire se composait en gros de trois parties distinctes : la Turquie d'Europe, la Turquie d'Asie et les États vassaux d'Afrique.

- La Turquie d'Asie: L'Anatolie, la Transcaucasie et la chaîne du Caucase, la Syrie, la Palestine, une partie de l'Irak, l'Arabie, - La Turquie d'Europe: le nord du Caucase, le Kouban, la Crimée et l'Ukraine du sud, la Transylvanie, la Bessarabie, la Moldavie, la Valachie (ces quatre dernières en suzeraineté seulement), la plus grande partie de la Hongrie, et les pays qui forment aujourd'hui la Yougoslavie, la Bulgarie et la Grèce. - La Turquie d'Afrique: l'Égypte, la Tripolitaine et la Cyrénaïque, la Tunisie et l'Algérie (tout au moins les régions côtières de ces pays). La Turquie d'Asie constituait le noyau central autour duquel est venu se construire un conglomérat de nationalités et de communautés les plus disparates. L'empire ottoman se présente avec des traits orignaux, ceux d'un État superposé à plusieurs communautés en opposition. Certes, c'est un empire turc, avec une dynastie turque, mais cet empire représente une structure laissant subsister sous elle tous les éléments de modes de vie différents: des religions variées, des groupements ethniques intacts, une multitude de cultures et de langues. Ce n'est pas un État qui se superpose à une nation regroupant des idéaux et des caractères communs selon un «contrat social» à l'occidental(7); dans ce grand complexe ottoman, les turcs jouent le premier rôle, mais les autres peuples ont une place considérable: Le «clergé» est arabe, le commerce et les finances grecs, arméniens et juifs, l'armée en partie albanaise(8). Mais il convient avant de schématiser, de ne pas généraliser rétrospectivement des constations tirées du XIXe siècle, en les appliquant à tout le système ottoman dès le début, comme le faisait Marx dans ses écrits politiques à la New York Tribune: «La force principale de la population turque en Europe, disait Marx, abstraction faite des réserves toujours prêtes en Asie, est représentée par la populace de Constantinople et quelques autres

empire ne constitue pas une seule formation sociale, <strong>et</strong> du fait que c<strong>et</strong><br />

empire Connaît deux mouvements de reproduction:<br />

- Celui du pouvoir central, «Ghalaba» ottoman: l'Un(5).<br />

- Celui des pouvoirs locaux: fonctionnaires ottomans ou açabyya de<br />

notables locaux ( famille, tribu, communauté): le Multiple.<br />

Ces pouvoirs locaux jouant le rôle essentiel de contenir la «Moumâna'a»<br />

populaire <strong>et</strong> de la représenter auprès du pouvoir central qui se trouve<br />

débordé par ces pouvoirs locaux, à chaque fois que sa «Ghalaba»<br />

s'affaiblit dans sa lutte contre l'extérieur, à chaque fois que «Dar Al-<br />

Silm» l'emporte sur «Dar Al-Harb».<br />

La puissance de l'Empire ottoman, à ses moments d'apogée, était<br />

concentrée sur les deux rivages l'un en Europe l'autre en Asie qui<br />

s'étendent le long du Bosphore, de la mer Marmara <strong>et</strong> du détroit des<br />

Dardanelles. Ainsi, l'élément turc de l'Europe est solidement appuyé sur<br />

son ancienne patrie, l'Asie Mineure, avec laquelle il peut communiquer<br />

facilement, grâce au peu de largeur des bras de mer qui l'en séparent.<br />

Maison voit la cohésion des diverses parties de l'empire avec c<strong>et</strong>te<br />

région centrale diminuer rapidement à mesure qu'on s'approche des<br />

frontières. Ainsi, elle est très faible sur les bords du Danube <strong>et</strong> sur les<br />

côtes de l'Adriatique, aussi bien que sur le rivage méridional de la mer<br />

Noire, le long de la frontière russe vers les confins méridionaux de la<br />

Mésopotamie, <strong>et</strong> plus encore sur les côtes de la Méditerranée en Syrie,<br />

en Palestine, en Égypte, dans les régences de Tunis, de Tripoli <strong>et</strong><br />

d'Alger(6). Tout c<strong>et</strong> ensemble disparate constituait l'empire Ottoman; on<br />

est en droit de se demander comment le pouvoir central a pu les<br />

maintenir sous sa domination pendant plusieurs siècles, <strong>et</strong> de se<br />

demander si la force centrifuge qui éloigne les populations de ces<br />

contrées lointaines du centre de l'Empire, Constantinople, n'était pas<br />

bien supérieure à la force d'attraction qui les a fait toujours se serrer<br />

autour de lui. L'empire se composait en gros de trois parties distinctes :<br />

la Turquie d'Europe, la Turquie d'Asie <strong>et</strong> les États vassaux d'Afrique.

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