79 - Vaincre et Convaincre
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chaque classification de la pensée arabe contemporaine avait son «empire ottoman». Traiter de l'Empire ottoman implique de faire face à des préjugés multiples, le premier de ces préjugés on le trouve dans le discours idéologique maronite sur l'histoire: 1 - A la chute de l'Empire Ottoman, les Libanais jubilent. Leurs émigrés qui avaient formés en Égypte, en France et dans les deux Amériques, des ligues et des partis politiques, rivalisent d'activité, avec les résidents, pour la proclamation de leur indépendance et l'organisation de leur État. Beaucoup de chrétiens, de druzes et de chi'ites de Wadi-Al-Taym, de Jabal Amel, du Akkar et de la Béqâ', se joignent aux habitants du Liban d'alors pour réclamer le rattachement de leurs régions au Liban agrandi, afin de bénéficier de ce qu'on était convenu d'appeler les «Privilèges» du Liban, sa «particularité», c'est-à- dire la liberté, la dignité, la non-discrimination religieuse et l'égalité de tous les citoyens. Les Libanais de la montagne et les Émigrés en Europe et en Amérique, familiers de ces concepts, ne pouvaient plus penser à la possibilité d'un retour à l'État théocratique, et partant à la suprématie de l'Islam avec toutes les conséquences connues, même si les musulmans devenaient un jour majoritaires dans le nouveau Liban(1). Et c'est ainsi que le Conseil Représentatif du Liban prend la décision, en mai 1919, de réclamer au Congrès de la Paix réuni à Versailles «l'indépendance du Liban dans ses frontières naturelles», et sollicite le vénérable patriarche Howayyek de présider la délégation libanaise au dit Congrès. A noter cependant que la grande masse des sunnites, une bonne partie des chi'ites et quelques rares druzes et chrétiens avaient combattu l'idée du grand Liban et réclamé leur rattachement à la Syrie. A Paris, un éminent homme d'État maronite rompu à la politique de l'Empire musulman, attire l'attention de sa Béatitude sur le danger d'étendre les frontières libanaises au-delà des régions chrétiennes et
d'englober, dans le Liban, des populations qui risqueraient d'en rompre l'équilibre. Les musulmans de ce nouveau Liban, se considérant un jour majoritaires, n'auront de cesse, soutenus par leurs frères des États voisins, de transformer le Liban en État islamique forcément théocratique, qu'ils placeraient sous le protectorat d'un gland État musulman. Sa Béatitude passa outre à ces conseils, confiant qu'il était dans la pérennité de l'amitié et de la protection de la France. «Personne ne pouvait imaginer en effet, qu'un jour viendrait où un certain Michel Jobert, muni d'un torchon imprégné d'essence essayerait d'effacer, dans l'histoire des relations franco-libanaises les noms de Saint-Louis, de François ler, de Louis XIV, de Napoléon III, de Clémenceau et du général de Gaule»(2). Le premier septembre 1920, le général Gouraud proclame donc, envers et contre tous les mécontents, l'État du Grand Liban. «Ce fût, aux yeux des musulmans, le triomphe des chrétiens qui ne tardèrent pas à constater amèrement que ce fût un triste triomphe»(3). Ce discours «idéologique» sur l'histoire du Liban trouve ses fondements dans l'idée principale de la «particularité», la «spécificité» du Mont-Liban au sein de l'empire ottoman; cette particularité relèverait, selon ce discours, de «l'état d'exception», de «Privilèges» par rapport à ce qui prévalait dans la région. Nous proposons de lire ce «cas d'exception», le Liban, à partir de sa règle générale qui est le système ottoman global, car on ne peut vérifier le degré de «particularité» de la partie (Le Liban) qu'en ayant une vision globale de tout le système ottoman dans son ensemble, afin de situer le «cas particulier» - qui s'avère n'en être pas un - par rapport à la règle générale, surtout que l'empire ottoman comportait une multitude de «cas particuliers» et de pouvoirs locaux: l'Un était basé sur le Multiple, le pouvoir central s'appuyant sur des pouvoirs locaux de nature différente. On ne peut couper avec le discours «libaniste» sur l'histoire du Liban qu'en renversant le point de départ de 1a lecture: au lieu de partir d'une périphérie de l'empire ottoman (Le Mont-Liban, l'Égypte, etc..), il faut plutôt partir de l'ensemble du système ottoman qui a été
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