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octobre 2012 - Lycée français de Shanghai

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<strong>Lycée</strong> Français <strong>de</strong> shanghai<br />

JournaL <strong>de</strong>s <strong>Lycée</strong>ns<br />

<strong>octobre</strong> <strong>2012</strong><br />

Chine-Japon: le bras <strong>de</strong> fer<br />

notre dossier spéCial (pages 6 à 9)<br />

Manifestation anti-Japonaise à Chengdu mi-Septembre © AFP


Édito<br />

Nous revoilà!<br />

Les cahiers, les livres, les tables griffonnées, les chaises qui font mal au dos, le réveil qui sonne, le prof qui<br />

s’énerve au tableau, la pause qui ne dure QUE quinze minutes… C’est reparti pour une année. Allons, allons, ne<br />

pleurez pas ! Il y a une chose qui est bien dans tout cela : revoilà Le P’tit Insolent version <strong>2012</strong>-2013. Avec une<br />

équipe encore plus nombreuse, plus motivée que l’année <strong>de</strong>rnière ! Elle n’allongera pas la durée <strong>de</strong> la pause et<br />

ne supprimera pas les professeurs – on a pourtant essayé <strong>de</strong> négocier avec la direction – mais elle vous promet<br />

un journal lycéen extraordinaire. Certains le diront intéressant, d’autres le diront culturel, et d’autres encore le<br />

diront distrayant. Nous, nous vous le garantissons exceptionnellement varié. Il y en a pour tout le mon<strong>de</strong>, pour<br />

tous les goûts.<br />

D’ailleurs, pour vous le prouver, voici notre premier numéro. A la Une, les relations sino-japonaises qui sont<br />

frigorifiques. Il est aussi question en page analyse <strong>de</strong> l’actu <strong>de</strong> cette vidéo qui a mis le feu aux poudres chez<br />

le peuple musulman. François et François-Emmanuel ont profité <strong>de</strong> l’occasion pour débattre sur la liberté<br />

d’expression. Pendant ce temps, la culture bat son plein, que ce soit à <strong>Shanghai</strong> ou au lycée : peinture, musique,<br />

cinéma, suivez le gui<strong>de</strong> ! Pour les mordus <strong>de</strong> sport, nous vous proposons l’interview d’Ariane Durand, capitaine<br />

<strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> volley, mais aussi un compte-rendu détaillé du <strong>Shanghai</strong> Sevens, une compétition <strong>de</strong> rugby. Tiens,<br />

en parlant <strong>de</strong> rugby, une équipe féminine se forme au lycée. Quelques intéressées ? Justine, elle, a décidé<br />

<strong>de</strong> vous parler <strong>de</strong>s ravages du tabac en Chine alors que Maxime et Dorian vous offrent une présentation <strong>de</strong>s<br />

nouvelles infrastructures du LFS. Et, enfin, la page que vous atten<strong>de</strong>z tous, celle qui fait la particularité <strong>de</strong> notre<br />

cher journal… Je mettrai ma main au feu que l’avez lue avant même cet édito. La page <strong>de</strong>s profs ! Pour bien<br />

commencer l’année, histoire <strong>de</strong> rigoler un bon coup, c’est M. Mazourine qui passe au grill <strong>de</strong>s questions.<br />

Alors, quoi <strong>de</strong> mieux qu’un journal aussi varié ? En espérant qu’il plaise aux grands – pour ne pas dire vieux –<br />

comme aux jeunes – pour ne pas dire petits – et que cette année soit réussie !<br />

Perrine Vrignaud, rédactrice en chef<br />

Du rugby féminin au LFS ? Et pourquoi pas ?<br />

Cette année, quelques élèves <strong>de</strong> terminale souhaitent la création d’une équipe <strong>de</strong> rugby féminine. Seulement, elles ne sont<br />

pas encore assez nombreuses ! Elles sont donc à la recherche <strong>de</strong> filles motivées afin <strong>de</strong> créer une véritable équipe. J’ai<br />

donc interrogé les filles souhaitant la création d’une équipe <strong>de</strong> rugby féminine afin qu’elles nous expliquent leurs motivations.<br />

Pourquoi le rugby ?<br />

« Parce que j’en ai fait pendant <strong>de</strong>ux ans à Hanoi. J’ai aussi<br />

participé à un tournoi à Phnom Penh avec mon équipe et<br />

nous avons gagné. C’est une ambiance très sympa. »<br />

Manon Herrou<br />

« Parce que j’aime ce sport. C’est un esprit d’équipe, ça<br />

change <strong>de</strong>s autres sports, c’est un peu rentre-<strong>de</strong>dans. »<br />

Clémentine Frey<strong>de</strong>r<br />

« J’aime beaucoup les sports d’action. Mon père est ancien<br />

rugbyman, c’est une super bonne ambiance et ça permet <strong>de</strong><br />

se défouler. »<br />

Anonyme<br />

Ont participé à ce journal<br />

Rédactrice en chef: Perrine Vrignaud<br />

Corédacteurs en chef: Eran Yu et Paul Wang<br />

Directrice iconographique: Justine Dofal<br />

Mise en page: Cécile Be<strong>de</strong>l et Justine Dofal<br />

Rédacteurs: Julien Raffaud; Francois Chardin; Audrey<br />

Lejeune; Guillaume Revert; Pierre Lahaye; Mathil<strong>de</strong> Carette;<br />

Clara Pou<strong>de</strong>vigne; Marie Wilmet; Tamara Levy; Marie Marin;<br />

2<br />

Le rugby peut-il être un sport féminin ?<br />

« Le rugby féminin existe déjà, c’est un sport comme un<br />

autre. »<br />

Anonyme<br />

« Je ne vois pas pourquoi il y aurait une équipe pour les<br />

garçons et pas pour les filles. Il faut s’enlever l’idée que le<br />

rugby est un sport masculin. »<br />

Manon Herrou<br />

Si vous souhaitez faire partie <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> rugby féminine,<br />

contactez Mme Watzky ! Nous avons besoin <strong>de</strong> vous !<br />

Tamara Lévy<br />

Francesco De Luca; Tanguy De Lavigerie; Francois-Emmanuel<br />

Lacassagne; Pedro Lemos; Hadrien Trouilleux; Clémentine Van<br />

Der Elst; Maxime Bascon; Dorian Rachel, Cécile Be<strong>de</strong>l, Justine<br />

Dofal.<br />

Invités <strong>de</strong> ce journal : Ariane Durand et Remi Mazourine<br />

Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> : Clément Dossin (textes) et Benoit Florençon<br />

(maquette)<br />

Contacts: clement.dossin@ef-shanghai.com<br />

benoit.florencon@ef-shanghai.com


Le LFS fait peau neuve<br />

Les traVauX au LFs Vont bon train. aPrÈs LiVraison d’un nouVeau Foyer<br />

et d’un bÂtiMent adMinistratiF – serVant aussi d’accueiL auX Parents –, Le<br />

<strong>Lycée</strong> retient son souFFLe dans L’attente <strong>de</strong> sa nouVeLLe MédiathÈQue.<br />

Comme vous le savez sans doute, notre lycée a, durant<br />

l’été, été agrandi avec la construction <strong>de</strong> nouveaux<br />

espaces. Nous supposons que vous avez déjà<br />

jeté un coup d’œil au bâtiment servant d’extension pour<br />

l’administration et <strong>de</strong> centre d’accueil pour les parents.<br />

Ce bâtiment est opérationnel <strong>de</strong>puis la rentrée. Au rez-<strong>de</strong>chaussée,<br />

vous pourrez trouver la réception et le bureau <strong>de</strong><br />

James (le responsable <strong>de</strong>s bus). En montant à l’étage, vous<br />

trouverez une gran<strong>de</strong> salle <strong>de</strong> réunion, le bureau <strong>de</strong> Mme<br />

Santoni, la conseillère d’orientation, et le bureau d’Anne Zhu.<br />

Au 2e étage se trouvent les bureaux <strong>de</strong> l’administration, une<br />

Quels sont les changements par rapport à notre ancien CDI?<br />

1. Il faut savoir tout d’abord que chaque étage <strong>de</strong> la<br />

médiathèque contiendra une partie <strong>français</strong>e, une alleman<strong>de</strong>,<br />

et une commune.<br />

2. L’extension <strong>de</strong> trois étages qui sera reliée au couloir E fera<br />

doubler la surface à laquelle nous avions accès dans le passé,<br />

ce qui nous donnera donc beaucoup plus d’espace pour faire<br />

<strong>de</strong>s recherches, réviser au calme ou tout simplement attraper<br />

un livre pour se détendre.<br />

3. Nous y trouverons aussi un petit amphithéâtre qui permettra<br />

<strong>de</strong>s petites conférences, <strong>de</strong>s réunions en petits comités, etc...<br />

4. Une sélection d’ouvrages encore plus vaste qu’auparavant<br />

sera disponible, notamment un rayon dédié à la littérature<br />

anglo-saxonne et un espace commun franco-allemand<br />

consacré à la littérature et à la civilisation chinoise. Ceci<br />

3<br />

petite réserve où sont stockés <strong>de</strong>s cahiers et, accessoirement,<br />

une salle <strong>de</strong>s profs pour nos très chers enseignants du <strong>Lycée</strong><br />

<strong>français</strong> <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong>.<br />

Cependant, la majorité <strong>de</strong>s questions que vous vous posez à<br />

propos <strong>de</strong>s travaux portent plutôt sur l’extension du CDI, la<br />

fameuse médiathèque. Cette <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>vrait être accessible<br />

après les vacances <strong>de</strong> la Toussaint. Nous avons donc décidé<br />

<strong>de</strong> vous présenter plus précisément ce qui va advenir <strong>de</strong> ce<br />

bâtiment.<br />

permettra aux élèves concernés par ces cursus (section<br />

européenne, OIB Américain et Chinois) d’approfondir leurs<br />

étu<strong>de</strong>s et aux curieux d’avoir accès à une plus gran<strong>de</strong><br />

panoplie d’œuvres littéraires.<br />

5. Et si vous trouvez que l’accès à l’information est encore<br />

trop restreint, notre nouveau CDI comprendra <strong>de</strong>s espaces<br />

numériques où <strong>de</strong>s ordinateurs et <strong>de</strong>s iPads seront mis à la<br />

disposition <strong>de</strong>s élèves.<br />

6. Un espace <strong>de</strong> lecture et <strong>de</strong> confort situé sur le toit est<br />

aussi prévu dans la construction <strong>de</strong> la médiathèque mais ne<br />

sera accessible que plus tard (<strong>de</strong> toutes façons, c’est bientôt<br />

l’hiver !)<br />

Avec la construction d’un nouveau bâtiment servant aussi<br />

bien à l’administration qu’à l’accueil <strong>de</strong>s parents, d’un foyer<br />

pour nous lycéens et d’une médiathèque, oui, le LFS a<br />

vraiment fait peau neuve.<br />

Maxime Bascon et Dorian Rachel<br />

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Analyse <strong>de</strong> l’actu<br />

La vidéo qui suscite la haine<br />

début sePteMbre, Le Mon<strong>de</strong> MusuLMan s’est eMbrasé à cause d’une Vidéo. retour<br />

sur <strong>de</strong>s éVÈneMents PLus Qu’inQuiétants.<br />

84 morts. Voilà le prix humain d’une vidéo <strong>de</strong> 13<br />

minutes. « Innocence of Muslims » ou l’« Innocence <strong>de</strong>s<br />

musulmans» en <strong>français</strong>, a déchiré le mon<strong>de</strong> en quelques<br />

jours seulement. Le 2 juillet <strong>2012</strong>, la ban<strong>de</strong> annonce d’un<br />

film nommé « Innocence of Muslims » est postée aux Etats-<br />

Unis sur YouTube mais passe inaperçue pendant plusieurs<br />

semaines. Le 8 septembre, cependant, elle est traduite en<br />

arabe et diffusée sur une chaine égyptienne… Cette vidéo<br />

blasphématoire présentant le prophète musulman Mahomet<br />

comme un partisan <strong>de</strong> la pédophilie, ayant <strong>de</strong>s relations<br />

sexuelles avec plusieurs femmes et étant homosexuel, a<br />

embrasé le mon<strong>de</strong> musulman.<br />

© page facebook DR<br />

L’ « Innocence <strong>de</strong>s musulmans » est un film très pauvre,<br />

autant au niveau <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’image, qui est médiocre<br />

et qui ressemble à celle d’un film amateur, qu’au niveau<br />

intellectuel. Comment cette production pitoyable a-t-elle pu<br />

entraîner le mon<strong>de</strong> dans la violence <strong>de</strong> cette façon ? Tout<br />

simplement parce qu’elle s’attaque à un élément fondamental<br />

<strong>de</strong> l’islam en visant le prophète Mahomet et que nombre <strong>de</strong><br />

musulmans se sont sentis offensés. Comme le dit Ali Gooma,<br />

le grand mufti d’Egypte, « les musulmans considèrent les<br />

insultes contre le Prophète comme pires que <strong>de</strong>s insultes<br />

qui seraient proférées envers leurs propres parents, leurs<br />

familles, et même contre eux-mêmes ».<br />

Face à cette vidéo, <strong>de</strong> nombreux musulmans, en gran<strong>de</strong><br />

4<br />

majorité salafistes (c’est-à-dire <strong>de</strong>s islamistes extrémistes),<br />

se sont réunis dans une douzaine <strong>de</strong> pays afin <strong>de</strong> manifester<br />

contre les ambassa<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s Etats-Unis. Ces émeutes ont<br />

provoqué la mort <strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> personnes, tuées par <strong>de</strong>s<br />

forces <strong>de</strong> police ou par <strong>de</strong>s manifestants, comme en Libye<br />

où est décédé l’ambassa<strong>de</strong>ur américain. A Paris, grâce<br />

aux réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter, une<br />

manifestation non-autorisée contre le film a été organisée<br />

le samedi 15 septembre. En effet, il existe un groupe sur<br />

Facebook nommé « Manifestation à Paris contre le film<br />

‘innocence of muslims’ » qui compte environ 4000 abonnés.<br />

C’est par le biais <strong>de</strong> cette page et du slogan « Touche pas à<br />

mon prophète » faisant référence à celui <strong>de</strong> SOS Racisme<br />

(« Touche pas à mon pote ») que s’est organisée la manifestation,<br />

à l’issue <strong>de</strong> laquelle les forces <strong>de</strong> l’ordre ont interpellé 152<br />

personnes.<br />

Une manifestion au Pakistan © Reuters<br />

Des acteurs trompés par le réalisateur<br />

La gran<strong>de</strong> question est <strong>de</strong> savoir d’où provient cette vidéo<br />

et, surtout, qui en est le réalisateur. Un homme disant<br />

s’appeler Sam Bacile s’est présenté à la presse américaine<br />

le 12 septembre comme un promoteur immobilier israéloaméricain<br />

<strong>de</strong> 54 ans, mais surtout comme l’auteur, réalisateur<br />

et producteur du film dont le but était, selon lui, <strong>de</strong> montrer<br />

les hypocrisies <strong>de</strong> cette religion. Seulement, les enquêteurs<br />

ont fait face à un problème <strong>de</strong> taille : il n’existe aucun Sam<br />

Bacile aux Etats-Unis. Quelques heures plus tard, Steve<br />

Klein, le consultant du film révèle que Sam Bacile n’est en<br />

réalité qu’un pseudonyme. Le 13 au soir, les enquêteurs ont<br />

enfin mis la main sur Nakoula Basseley Nakoula, un chrétien<br />

copte d’origine égyptienne qui a reconnu être le responsable<br />

<strong>de</strong> la société <strong>de</strong> production du film mais a nié en avoir été<br />

le producteur (alors que tout semble indiquer le contraire). Il<br />

a été arrêté le 28 septembre à Los Angeles. Les nombreux<br />

acteurs jouant dans le film clament avoir étés trompés et que<br />

les voix dans le film ne sont pas les leurs. Autre mystère pour<br />

ce film : son existence elle-même. En effet, personne n’a vu<br />

la version complète <strong>de</strong> celui-ci et seule sa ban<strong>de</strong>-annonce<br />

est trouvable… Ce film ne serait-il en fait qu’un canular aux<br />

conséquences monumentales ?<br />

Marie Wilmet


Attention, fausses cigarettes !<br />

FuMer tue. ce n’est Pas FauX Mais ce n’est Pas nouVeau. en reVanche, saVez-Vous ce<br />

Qu’iL y a VraiMent dans Les cigarettes Que Vous achetez en chine ?<br />

La hausse du prix du tabac incite <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong><br />

fumeurs, partout dans le mon<strong>de</strong>, à se fournir sur le<br />

marché parallèle. En France, un paquet sur cinq n’est<br />

pas acheté chez le buraliste. Petite anecdote : fin 2011, les<br />

douanes belges ont saisi un stock record <strong>de</strong> 151 millions <strong>de</strong><br />

cigarettes contrefaites provenant <strong>de</strong> Chine et <strong>de</strong>stinées à<br />

plusieurs pays européens, dont la France. Si ce phénomène<br />

prend <strong>de</strong> l’ampleur en France, il est d’autant plus important<br />

en Chine, et a fortiori à <strong>Shanghai</strong>, où l’on peut acheter<br />

facilement <strong>de</strong>s cigarettes à n’importe quel prix, mais sans<br />

forcément savoir ce qu’il y a <strong>de</strong>dans, ou même parfois sans<br />

savoir qu’elles sont fausses. Même paquet, même logo,<br />

même message sanitaire… Tout est i<strong>de</strong>ntique, jusqu’au<br />

moindre détail… Sauf le tabac! Mais où sont donc fabriquées<br />

ces milliards <strong>de</strong> cigarettes contrefaites?<br />

Réponse : à Yunxiao. Vous n’avez surement jamais entendu<br />

ce nom. Normal ! Yunxiao ressemble à n’importe quel<br />

endroit perdu dans la province chinoise du Fujian, à la seule<br />

différence que cette région est célèbre pour la contrefaçon<br />

<strong>de</strong> cigarettes. En effet, <strong>de</strong>puis les années 1990, Yunxiao a<br />

créé une nouvelle catégorie <strong>de</strong> millionnaires, célèbres dans<br />

toute la Chine, à l’activité loin d’être banale. Ils possè<strong>de</strong>nt 200<br />

usines clan<strong>de</strong>stines aménagées au plus profond <strong>de</strong> grottes,<br />

parsemées dans la campagne chinoise, haut-perchées dans<br />

la montagne ou enfouies dans d’épaisses forêts. Au moins la<br />

moitié <strong>de</strong> la production chinoise <strong>de</strong> cigarettes contrefaites<br />

viendrait <strong>de</strong> Yunxiao, alors même que celle-ci a été multipliée<br />

par huit <strong>de</strong>puis 1997 pour atteindre le chiffre record <strong>de</strong> 400<br />

milliards <strong>de</strong> cigarettes contrefaites par an.<br />

Des oeufs d’insectes et <strong>de</strong>s excréments humains<br />

Aux Etats-Unis, 99% <strong>de</strong>s fausses cigarettes viennent <strong>de</strong><br />

Chine. Ces cigarettes ont l’avantage d’être beaucoup moins<br />

chères. Mais si elles se ven<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s prix aussi bas, c’est<br />

parce qu’elles sont aussi beaucoup plus nocives. Des<br />

recherches scientifiques ont montré que les cigarettes <strong>de</strong><br />

contrefaçon chinoises contiennent <strong>de</strong>s niveaux plus élevés<br />

<strong>de</strong> produits chimiques que les cigarettes <strong>de</strong> marque : 80% <strong>de</strong><br />

nicotine et 130% d’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone en plus. Elles peuvent<br />

aussi contenir <strong>de</strong>s impuretés comme <strong>de</strong>s œufs d’insectes,<br />

<strong>de</strong>s excréments humains ou… <strong>de</strong>s colorants ajoutés par les<br />

fabricants pour imiter la couleur originale du tabac.<br />

A <strong>Shanghai</strong>, on ne fume pas que <strong>de</strong>s fausses cigarettes <strong>de</strong><br />

marque, on fume aussi <strong>de</strong>s cigarettes chinoises. Mais ces<br />

<strong>de</strong>rnières ne sont pas forcément <strong>de</strong> meilleure qualité au<br />

niveau sanitaire. En effet, une étu<strong>de</strong> a été effectuée par <strong>de</strong>s<br />

chercheurs du Roswell Park Center Institute. Ils se sont basés<br />

sur 78 marques <strong>de</strong> cigarettes chinoises, qu’ils ont comparées<br />

avec les cigarettes canadiennes (les mieux contrôlées). Il y<br />

aurait dans les cigarettes chinoises jusqu’à trois fois plus<br />

<strong>de</strong> métaux lourds et nocifs (plomb, arsenic ou cadmium),<br />

provenant directement du sol chinois, souvent très pollué.<br />

5<br />

Lorsque l’on sait que la Chine est le premier producteur <strong>de</strong><br />

tabac mais aussi le premier consommateur avec plus <strong>de</strong><br />

350 millions <strong>de</strong> fumeurs (soit un tiers <strong>de</strong>s fumeurs dans le<br />

mon<strong>de</strong>), cela n’a rien <strong>de</strong> très rassurant. Rappelons que la<br />

fumée du tabac contient plus <strong>de</strong> 4000 substances chimiques,<br />

dont on sait qu’au moins 250 sont nocives et plus <strong>de</strong> 50 sont<br />

cancérigènes.<br />

Un <strong>de</strong>rnier chiffre pour finir : 66 000 Français meurent<br />

chaque année à cause du tabac.<br />

Justine Dofal<br />

© Tom Colussi<br />

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Dossier<br />

Chine-Japon: au bout <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> nerfs<br />

Les reLations sino-JaPonaises sont eXtrêMeMent tendues <strong>de</strong>Puis PLusieurs<br />

seMaines. La cause <strong>de</strong> ce conFLit ? un archiPeL d’îLes et troP <strong>de</strong> MauVais<br />

souVenirs. anaLyse <strong>de</strong>s arguMents aVancés Par Les <strong>de</strong>uX caMPs.<br />

Les Iles Diaoyu<br />

Ce que les Japonais considèrent<br />

comme les îles Senkaku et ce que<br />

les Chinois perçoivent comme<br />

les Diaoyu Dao font renaitre <strong>de</strong>puis<br />

quelques semaines <strong>de</strong>s tensions qui<br />

ont pour origine les <strong>de</strong>ux guerres sinojaponaises<br />

<strong>de</strong> la fin du XIXe siècle et<br />

<strong>de</strong> la moitié du XXe siècle. L’Histoire<br />

est ainsi un élément crucial dans ce<br />

conflit et c’est sur <strong>de</strong>s éléments même<br />

parfois plus anciens que reposent les<br />

arguments <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux camps. Chaque<br />

pays défend sa propre vision. Eclairage.<br />

Le regard du Japon<br />

Deman<strong>de</strong>z à un Japonais ce qu’il<br />

pense <strong>de</strong> l’invasion nipponne en Chine<br />

(1937-1945). Les opinions diffèrent<br />

entre la gauche et la droite mais, d’un<br />

point <strong>de</strong> vue général, il reconnaitra<br />

l’occupation comme légitime dans un<br />

climat <strong>de</strong> guerre. Il dira que le nombre<br />

<strong>de</strong> victimes chinoises est exagéré par<br />

la propagan<strong>de</strong> maoïste afin d’écorner<br />

l’image du Japon. Selon le gouverneur<br />

<strong>de</strong> Tokyo, Shintaro Ishihara, les<br />

massacres n’auraient même jamais eu<br />

lieu car, dit-il, il est « impossible <strong>de</strong><br />

tuer autant <strong>de</strong> personnes en aussi peu<br />

<strong>de</strong> temps ». Même si le Japon ne s’est<br />

jamais excusé officiellement, il tente<br />

<strong>de</strong> « normaliser » ses relations avec<br />

Pékin. Notons que les cérémonies du<br />

40e anniversaire <strong>de</strong> cette normalisation<br />

ont été annulées cette année après les<br />

tensions liées aux îles Senkaku/Diaoyu.<br />

Pour revenir à ce dosser, un <strong>de</strong>s<br />

arguments que le Japon avance est<br />

celui <strong>de</strong> l’acquisition légitime <strong>de</strong> ces<br />

îles, rappelons-le inhabitées. Si l’on<br />

examine bien, les îles appartenaient à la<br />

Chine au temps <strong>de</strong> la dynastie <strong>de</strong>s Ming<br />

(XIVe-XVIIe siècles) mais, lors <strong>de</strong> la<br />

première guerre sino-japonaise et suite<br />

au Traité <strong>de</strong> Shimonoseki en 1895, elles<br />

ont étés annexées par le Japon. Prises<br />

ensuite par les Américains lors <strong>de</strong> la<br />

Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, elles n’ont<br />

été restituées au Japon qu’en 1972.<br />

Depuis, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> coopération<br />

ont eu lieu entre la Chine, Taiwan et le<br />

Japon mais il suffit d’une étincelle pour<br />

que cela provoque régulièrement <strong>de</strong>s<br />

tensions, comme on le voit à nouveau<br />

aujourd’hui.<br />

Un manifestant à Beijing<br />

Mis à part les quelques personnes qui<br />

sont nées avant 1895 et qui sont encore<br />

en vie, les Japonais ont appris à l’école<br />

que l’archipel Senkaku faisait partie<br />

intégrante <strong>de</strong> leur territoire. Plus encore,<br />

ces îles sont détenues <strong>de</strong>puis longtemps<br />

par <strong>de</strong>s propriétaires privés et « louées»<br />

au Japon afin d’en assurer l’entretien.<br />

6<br />

© AP<br />

© AP<br />

C’est justement pour éviter qu’elles ne<br />

tombent sous la coupe <strong>de</strong> propriétaires<br />

privés nippons ultranationalistes que<br />

le Japon a décidé <strong>de</strong> « racheter » les<br />

îles le mardi 11 septembre <strong>2012</strong>. Cette<br />

«nationalisation», qui se voulait un<br />

geste d’apaisement par Tokyo, a été<br />

perçue comme une provocation par la<br />

Chine, qui a été indignée et a vivement<br />

protesté jusque <strong>de</strong>vant les Nations<br />

unies lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière assemblée<br />

générale.<br />

D’un point <strong>de</strong> vue occi<strong>de</strong>ntal, on se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi un petit archipel<br />

constitue un tel enjeu ? Il faut comprendre<br />

l’intérêt économique potentiel que<br />

cet archipel représente pour chacun<br />

<strong>de</strong>s pays, du fait <strong>de</strong>s gisements<br />

d’hydrocarbures qui s’y trouvent. De<br />

plus, son acquisition augmenterait le<br />

territoire marin <strong>de</strong>s pays (aussi appelé<br />

Z.E.E, zone économique exclusive) et<br />

donc leur zone <strong>de</strong> pêche.<br />

Côté japonais, on craint que ce conflit<br />

ne contamine l’extrême dépendance<br />

économique entre la Chine et le Japon.<br />

Mais la population japonaise voit dans<br />

son ensemble l’épiso<strong>de</strong> comme un<br />

affront et ne veut en aucun cas perdre<br />

la face. D’après une étu<strong>de</strong> réalisée en<br />

2010, 20% <strong>de</strong>s Japonais disaient aimer<br />

la Chine, contre 77,8% qui ne l’aimaient<br />

pas et la haine n’a cessé d’augmenter<br />

<strong>de</strong>puis. Pour beaucoup <strong>de</strong> Japonais, ce<br />

conflit pourrait aboutir à une guerre, ce<br />

qui semble toutefois peu probable. En<br />

tout cas, pour apaiser les esprits, le<br />

Japon a nommé un ministre prochinois,<br />

chargé <strong>de</strong>s affaires chinoises.


Le regard <strong>de</strong> la Chine<br />

Pour les Chinois, les îles Diaoyu sont à la Chine ce que<br />

l’Alsace et la Lorraine sont à la France. Prises par<br />

les Japonais pendant la guerre <strong>de</strong> l’Opium, ces îles<br />

auraient normalement dû être rendues à la Chine à la fin <strong>de</strong><br />

la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale selon Pékin. « Diaoyu Dao » est<br />

le nom chinois <strong>de</strong> ces îles – cela signifie littéralement « îles<br />

<strong>de</strong> la pêche » – en raison <strong>de</strong> la présence d’une importante<br />

réserve <strong>de</strong> poissons où <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> mille ans, les pêcheurs<br />

chinois ont l’habitu<strong>de</strong> d’aller pêcher. La date <strong>de</strong> la découverte<br />

<strong>de</strong> ces îles reste floue mais la première trace écrite chinoise<br />

concernant les îles Diaoyu remonte à 1171 sous la dynastie<br />

Song. Ce manuscrit répertorie les îles comme faisant partie,<br />

avec Taiwan, <strong>de</strong> la région du Fujian. L’écrit parle également<br />

<strong>de</strong> la construction d’une base militaire sur les îles Diaoyu par<br />

le gouverneur du Fujian.<br />

Fort <strong>de</strong> ces éléments historiques très anciens, le<br />

gouvernement chinois réclame donc la souveraineté <strong>de</strong>s îles<br />

Diaoyu, territoire historiquement découvert et administré par<br />

la Chine. La revendication chinoise se base notamment sur<br />

la Conférence du Caire <strong>de</strong> 1943 et la Déclaration <strong>de</strong> Potsdam<br />

<strong>de</strong> 1945. Nous avons vu qu’après la défaite chinoise lors <strong>de</strong><br />

la guerre <strong>de</strong> l’Opium, Diaoyu ainsi que Taiwan avaient été<br />

cédées au Japon. Mais la Chine considère que les îles lui<br />

reviennent <strong>de</strong> droit après la défaite du Japon en 1945 à la fin<br />

<strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale. Cet argument s’appuie sur un<br />

fait historique : la Conférence du Caire en 1943 entre les pays<br />

7<br />

© AP<br />

alliés – États-Unis, Royaume-Uni et la République <strong>de</strong> Chine,<br />

représentée par Tchang Kei-Cheik – réunis en prévision d’une<br />

prochaine défaite japonaise. Cette conférence stipule que les<br />

îles Diaoyu, ainsi que Taiwan et les provinces chinoises <strong>de</strong><br />

la Manchourie, doivent être rendues à la Chine. Peu avant la<br />

capitulation du Japon en 1945, les pays vainqueurs – ceux<br />

déjà présents au Caire ainsi que l’URSS – confirment lors<br />

<strong>de</strong> la Déclaration <strong>de</strong> Potsdam la validité <strong>de</strong> la Conférence du<br />

Caire, autrement dit le fait que la souveraineté du Japon ne<br />

s’exerce plus sur la Manchourie, Taiwan et les îles alentours<br />

dont fait partie l’archipel aujourd’hui disputé.<br />

L’affaire aurait ainsi été résolue, les îles Diaoyu rendues à la<br />

Chine comme l’Alsace-Lorraine à la France mais les États-<br />

Unis en décidèrent autrement. Effectivement, dès 1945 avec<br />

la mise sous tutelle du Japon par les Américains, les îles<br />

Diaoyu sont placées dans le territoire japonais bafouant ainsi<br />

les accords précé<strong>de</strong>mment énoncés.<br />

Aujourd’hui, si l’on met <strong>de</strong> côté l’enjeu <strong>de</strong>s hydrocarbures<br />

et <strong>de</strong>s eaux riches en poissons, les conflictualités entre les<br />

<strong>de</strong>ux pays autour <strong>de</strong> ces îles sont pour la Chine un moyen<br />

<strong>de</strong> s’affirmer comme une nouvelle force, tant au niveau<br />

économique que militaire. Ces îles, aussi minuscules soientelles,<br />

sont considérées comme les vestiges <strong>de</strong> l’occupation<br />

japonaise et récupérer l’archipel est <strong>de</strong> ce fait un enjeu<br />

important pour la Chine, une question d’honneur. Le Premier<br />

ministre chinois a d’ailleurs prévenu : « Le gouvernement et<br />

le peuple chinois ne cè<strong>de</strong>ront jamais un centimètre carré. »<br />

Pedro Lemos et Paul Wang<br />

D<br />

o s s i e r


Dossier<br />

D’autres tensions en mer <strong>de</strong> Chine<br />

<strong>de</strong>Puis PLus <strong>de</strong> 40 ans, La chine, Les PhiLiPPines et Le VietnaM essayent<br />

VaineMent <strong>de</strong> s’aPProPrier Les îLes sPratLy situées en PLein cœur <strong>de</strong> La Mer<br />

<strong>de</strong> chine MéridionaLe.<br />

Ces îles, s’étendant sur un territoire<br />

long <strong>de</strong> 500 km et large <strong>de</strong> 400<br />

km, sont revendiquées à la fois<br />

par la Chine, le Vietnam, la Malaisie,<br />

les Philippines et même par le sultanat<br />

<strong>de</strong> Brunei ! Les îles sont minuscules<br />

et ne présentent pas <strong>de</strong> réel intérêt à<br />

première vue. Mais pourquoi tant <strong>de</strong><br />

pays veulent-ils s’approprier l’archipel?<br />

Tout simplement parce que ces petits<br />

morceaux <strong>de</strong> terre possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

réserves impressionnantes <strong>de</strong> gaz et <strong>de</strong><br />

pétrole (la Chine estime ces réserves à<br />

17 milliards <strong>de</strong> tonnes) ! De plus, les<br />

eaux bordant ces îles regorgent <strong>de</strong><br />

poissons et sont donc perçues comme<br />

<strong>de</strong>s sources supplémentaires <strong>de</strong><br />

capitaux non négligeables.<br />

Durant la Deuxième Guerre mondiale, les<br />

îles étaient sous occupation japonaise.<br />

En 1946, toutes les bases militaires<br />

japonaises ont été désarmées par les<br />

Alliés. Depuis, la Chine revendique<br />

la souveraineté <strong>de</strong> toutes les îles <strong>de</strong><br />

l’archipel. A l’heure actuelle, elle ne<br />

possè<strong>de</strong> que neuf îles principales, les<br />

Philippines cinq, le Vietnam 21 petites,<br />

la Malaisie trois, le sultanat <strong>de</strong> Brunei<br />

<strong>de</strong>ux et Taiwan une (l’île principale <strong>de</strong><br />

l’archipel).<br />

Une carte <strong>de</strong>s Îles Spratly<br />

Depuis 1970, on assiste à <strong>de</strong>s<br />

affrontements entre ces pays. Par<br />

exemple, en 1984, Brunei a exploité <strong>de</strong>s<br />

zones <strong>de</strong> pêche qui ne lui appartenaient<br />

pas. En 1988, la Chine a détruit <strong>de</strong>s<br />

navires <strong>de</strong> transport vietnamiens, tuant<br />

plus d’une soixantaine <strong>de</strong> matelots.<br />

Depuis 1991, le Vietnam accuse la Chine<br />

<strong>de</strong> violer sa souveraineté territoriale en<br />

exploitant du pétrole sur son territoire...<br />

La situation est toujours tendue entre<br />

les <strong>de</strong>ux « frères communistes»<br />

qui essayent <strong>de</strong> prouver grâce à<br />

d’anciens objets (pièces <strong>de</strong> monnaies<br />

retrouvées, documents traitant<br />

d’échanges commerciaux) que c’était<br />

eux les premiers possesseurs <strong>de</strong> ces<br />

îles. Quant aux Philippines, elles ne<br />

revendiquent pas toutes les îles, mais<br />

mettent en avant le fait que l’archipel<br />

est plus proche <strong>de</strong> leur pays que<br />

d’aucun autre les revendiquant. De<br />

plus, ils veulent rebaptiser la mer <strong>de</strong><br />

Chine méridionale, et l’appeler mer<br />

<strong>de</strong>s Philippines <strong>de</strong> l’Ouest, ce qui n’a<br />

fait qu’envenimer les échanges avec la<br />

Chine et le Vietnam… Depuis 1998, cet<br />

archipel est en effet considéré comme<br />

l’un <strong>de</strong>s huit points les plus «sensibles»<br />

dans le mon<strong>de</strong> pouvant être à tout<br />

8<br />

moment à l’origine d’une guerre. Ces<br />

îles sont occupées militairement par<br />

les pays qui les administrent car à<br />

défaut <strong>de</strong> les avoir toutes, ils défen<strong>de</strong>nt<br />

au moins celles qu’ils ont déjà; on<br />

dénombre aujourd’hui 1500 soldats<br />

vietnamiens, 450 soldats chinois ainsi<br />

qu’une centaine <strong>de</strong> philippins et <strong>de</strong><br />

malaisiens.<br />

L’issue <strong>de</strong> ces conflits est indécise,<br />

chaque pays restant fermé à tout<br />

accord, ou à un éventuel partage du<br />

territoire qui mettrait fin aux tensions…<br />

Chaque Etat tient à ses lopins <strong>de</strong><br />

terre qui tous les ans lui rapportent<br />

<strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> dollars en raison du<br />

pétrole, du gaz ou <strong>de</strong> la pêche, et<br />

n’acceptera jamais <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r ne seraitce<br />

qu’un mètre carré <strong>de</strong> territoire. Les<br />

tensions en ce moment entre tous ces<br />

pays atteignent un niveau inégalé, <strong>de</strong>s<br />

solutions diplomatiques sont donc très<br />

attendues même si elles paraissent<br />

difficiles au vu <strong>de</strong> la situation.<br />

Marie Marin<br />

© Interfax


Des répercussions jusqu’à <strong>Shanghai</strong><br />

Le récent conFLit entre La chine et Le JaPon à ProPos <strong>de</strong>s îLes diaoyu a eu <strong>de</strong>s conséQuences<br />

JusQue dans notre ViLLe.<br />

Manifestation en Chine pour les Îles Senkaku/Diaoyu<br />

Le conflit pour la souverenaité <strong>de</strong>s îles Senkaku/<br />

Diaoyu a entraîné <strong>de</strong> nombreuses manifestations dans<br />

plusieurs gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Chine mi-septembre. A<br />

Pékin, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> manifestants se sont rassemblés<br />

<strong>de</strong>vant l’ambassa<strong>de</strong> du Japon sur laquelle ils ont lancé <strong>de</strong>s<br />

projectiles tout en criant <strong>de</strong>s slogans antijaponais et en<br />

chantant l’hymne national. D’autre part, à Qingdao, plusieurs<br />

usines appartenant à <strong>de</strong>s entreprises japonaises ont été<br />

incendiées et vandalisées.<br />

A <strong>Shanghai</strong>, les manifestants, pour montrer leur colère,<br />

s’en sont notamment pris à <strong>de</strong>s voitures et <strong>de</strong>s restaurants<br />

japonais (lire le témoignage ci-<strong>de</strong>ssous). En effet, beaucoup<br />

<strong>de</strong> voitures <strong>de</strong> marques japonaises (Toyota, Honda, Nissan)<br />

ont été vandalisées. Et certains restaurants japonais ont subi<br />

le même sort, tables fracassées et murs vandalisés.<br />

Certains Japonais ont confié avoir peur <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> chez eux<br />

et le gouvernement japonais a appelé ses ressortissants à<br />

la pru<strong>de</strong>nce. Une « blague » circule chez les <strong>Shanghai</strong>ens<br />

à ce propos. Il s’agit d’un Japonais qui, en allant acheter<br />

ses légumes, aurait dit : « Les îles Diaoyu appartiennent<br />

aux Chinois, puis-je avoir <strong>de</strong>s choux s’il vous plait ? » Cette<br />

anecdote symbolise bien l’ampleur <strong>de</strong> ce conflit.<br />

Des conséquences économiques<br />

Toutefois, il ne faut pas exagérer cette vague <strong>de</strong> répression.<br />

Si le conflit a atteint un pic vers la mi-septembre, notamment<br />

entre le 15 et le 20 septembre où beaucoup <strong>de</strong> manifestations<br />

se sont enchainées, les choses se sont calmées aujourd’hui.<br />

Choses vues à <strong>Shanghai</strong><br />

Après avoir discuté avec plusieurs propriétaires <strong>de</strong> restaurant<br />

japonais, beaucoup confirment qu’il y a eu une pério<strong>de</strong> tendue<br />

mais que le bilan n’est pas non plus désastreux. Certes,<br />

certains restaurants ont subi <strong>de</strong>s attaques mais il ne faut pas<br />

non plus généraliser. L’ordre à <strong>Shanghai</strong> a été rétabli.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s manifestations, ce conflit a aussi eu <strong>de</strong>s<br />

conséquences économiques avec la baisse <strong>de</strong> la Bourse<br />

<strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong> et la fermeture provisoire <strong>de</strong> certaines usines<br />

japonaises, comme Honda qui a ordonné l’arrêt <strong>de</strong> ses cinq<br />

usines d’assemblages en Chine. Or, il faut gar<strong>de</strong>r à l’esprit que<br />

le fort partenariat économique entre la Chine et le Japon leur<br />

permet d’assurer une certaine stabilité économique et <strong>de</strong> se<br />

hisser au niveau <strong>de</strong> la concurrence mondiale. N’oublions pas<br />

que le Japon est le premier investisseur étranger en Chine<br />

et que les tensions entre les <strong>de</strong>ux pays peuvent provoquer<br />

une crainte au niveau <strong>de</strong>s emplois. En cas <strong>de</strong> conflit ouvert,<br />

les <strong>de</strong>ux économies risqueraient <strong>de</strong> s’entrainer toutes <strong>de</strong>ux<br />

dans leurs chutes. Un haut fonctionnaire du gouvernement<br />

nippon a évoqué une perte <strong>de</strong> 200 millions d’euros pour les<br />

constructeurs automobiles. En Chine, le montant <strong>de</strong>s dégâts<br />

se chiffreraient à 100 millions d’euros.<br />

D’un point <strong>de</strong> vue plus anecdotique, on peut noter que lors<br />

du récent <strong>Shanghai</strong> Sevens <strong>de</strong> rugby, l’équipe japonaise<br />

n’était pas présente (lire p. 15). De même, les inscriptions<br />

au marathon <strong>de</strong> <strong>Shanghai</strong>, sponsorisé par <strong>de</strong>ux marques<br />

japonaises (Toray et Mizuno) ont longtemps été retardées à<br />

cause <strong>de</strong> la crise avant <strong>de</strong> rouvrir début <strong>octobre</strong>. Signe que<br />

les choses rentrent dans l’ordre ?<br />

Eran Yu<br />

« Dimanche 16 septembre, ma famille et moi mangions dans un restaurant situé sur Gubei Circus lorsque nous fûmes<br />

témoins d’un évènement rare à <strong>Shanghai</strong>. Même si nous savions que la Chine était en conflit avec le Japon à propos <strong>de</strong><br />

la souveraineté <strong>de</strong> certaines îles, l’arrivée d’une foule <strong>de</strong> Chinois brandissant ban<strong>de</strong>roles, affiches et drapeaux rouges,<br />

encadrée par la police et scandant <strong>de</strong>s slogans patriotiques nous a surpris au plus haut point. Notre inquiétu<strong>de</strong> augmenta<br />

quand nous vîmes les manifestants s’arrêter <strong>de</strong>vant un restaurant japonais, criant et jetant <strong>de</strong>s bouteilles sur la <strong>de</strong>vanture<br />

<strong>de</strong> l’échoppe. Mon père nous rassura : ce genre d’événement s’était déjà produit. Des manifestants chinois avaient déjà<br />

violemment protesté <strong>de</strong> cette manière contre <strong>de</strong>s intérêts étrangers, comme il y a quatre ans lors <strong>de</strong> la venue du dalaï-lama<br />

en France. Heureusement, il s’agit d’épiphénomènes qui ne durent jamais trop longtemps. »<br />

Cécile Be<strong>de</strong>l<br />

9<br />

© AFP<br />

D<br />

o s s i e r


Tu Veux Mon Avis?<br />

Faut-il limiter la liberté <strong>de</strong> la presse ?<br />

La nouVeLLe aFFaire <strong>de</strong>s caricatures <strong>de</strong> MahoMet dans Charlie hebdo nous<br />

interroge sur Les LiMites à iMPoser, ou Pas, à La sacrosainte Liberté <strong>de</strong> La<br />

Presse. <strong>de</strong>uX aVis Pour y Voir PLus cLair.<br />

« La liberté <strong>de</strong> la presse présente <strong>de</strong>s inconvénients. Mais<br />

moins que l’absence <strong>de</strong> liberté. » François Mitterrand.<br />

Ce ne sont pas les élèves scolarisés au lycée <strong>français</strong> <strong>de</strong><br />

Jakarta qui contrediront l’ancien prési<strong>de</strong>nt, eux qui ont<br />

vu leur lycée fermé le vendredi 21 septembre – <strong>de</strong>ux<br />

jours après la publication d’une caricature <strong>de</strong> Mahomet dans<br />

Charlie hebdo – par peur <strong>de</strong> représailles, puisque l’Indonésie<br />

est le plus grand pays musulman au mon<strong>de</strong>. Quand on voit<br />

ce type <strong>de</strong> conséquences, on est en droit <strong>de</strong> s’interroger<br />

sur le bien-fondé <strong>de</strong> cette liberté <strong>de</strong> la presse inscrite<br />

dans la déclaration <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et du citoyen<br />

<strong>de</strong> 1789, article 11. Cependant, malgré toutes les possibles<br />

conséquences négatives <strong>de</strong> ce droit, la liberté <strong>de</strong> la presse<br />

est à mon avis indissociable <strong>de</strong> la liberté d’expression.<br />

S’opposer à ce droit, c’est s’opposer à l’exposition <strong>de</strong> tous<br />

les points <strong>de</strong> vue et donc favoriser une opinion. Quand bien<br />

même certains propos sont considérés comme insultants<br />

ou blasphématoires pour certaines personnes, ils reflètent<br />

l’opinion d’une autre partie <strong>de</strong> la population, qui a tout autant<br />

le droit <strong>de</strong> s’exprimer. Ce dont ont peur les « censeurs »,<br />

c’est <strong>de</strong> la réaction <strong>de</strong>s personnes concernées. Ainsi, d’où<br />

vient la menace ? De la presse ? Non, mais bien <strong>de</strong>s lecteurs<br />

intégristes. Doit-on alors accuser Charlie Hebdo ou bien les<br />

semeurs <strong>de</strong> troubles qui n’acceptent pas l’expression <strong>de</strong> ces<br />

droits les plus fondamentaux. A mon avis, ceux-ci bafouent<br />

la démocratie en s’attaquant violemment aux journalistes,<br />

comme ce fut le cas lors <strong>de</strong> l’attaque au cocktail Molotov<br />

contre les locaux <strong>de</strong> Charlie Hebdo, le 2 novembre 2011, après<br />

la publication <strong>de</strong> premières caricatures.<br />

Un <strong>de</strong>s principaux arguments avancés contre cette liberté<br />

totale <strong>de</strong> la presse est que certains propos peuvent appeler à<br />

la haine, peuvent être racistes, bref, peuvent aller à l’encontre<br />

<strong>de</strong> la loi. Dans ce cas, oui, il est normal d’encadrer la liberté<br />

<strong>de</strong> la presse. Mais s’il ne dépasse pas ces limites imposées<br />

par la loi, le journal est dans son bon droit lorsqu’il publie<br />

un article, une image ou une caricature puisqu’il s’agit <strong>de</strong><br />

faire valoir la liberté d’opinion. Liberté qui est le socle <strong>de</strong><br />

la démocratie. La presse est donc libre <strong>de</strong> dire ce qu’elle<br />

pense <strong>de</strong>s évènements, <strong>de</strong> la situation actuelle, peu importe<br />

ce qu’en pensent les lecteurs. En censurant la presse, on<br />

risquerait <strong>de</strong> développer une pensée unique, puisque la<br />

presse est le seul moyen d’information fiable. Le contrôle <strong>de</strong><br />

la presse entraine ainsi le contrôle <strong>de</strong> l’opinion, le premier<br />

pas vers une dictature.<br />

François-Emmanuel Lacassagne<br />

Certes, il n’y a pas <strong>de</strong> vraie démocratie sans liberté <strong>de</strong><br />

la presse et liberté d’expression. Certes, une censure,<br />

même minime, peut en engranger une autre plus<br />

importante, suivie elle-même d’une interdiction <strong>de</strong> publier,<br />

et ce jusqu’à un contrôle total <strong>de</strong>s médias par une clique <strong>de</strong><br />

personnes influentes au pouvoir. Ce phénomène s’est vu et<br />

se verra encore.<br />

Mais il serait bien malsain <strong>de</strong> penser que cette « liberté<br />

10<br />

fondamentale » n’a pas <strong>de</strong> limites voire même <strong>de</strong><br />

conséquences. Limitée d’abord, <strong>de</strong> droit, par les lois qui la<br />

régisse. La liberté d’expression n’est jamais totale en effet<br />

puisqu’elle ne saurait être à l’origine d’une incitation à la<br />

haine ou au meurtre par exemple. La liberté d’expression est<br />

un mythe. La vraie liberté <strong>de</strong> s’exprimer n’est souvent pas là<br />

où l’on croit. Mais dans son sens le plus répandu et comme<br />

on l’entend dans le cas <strong>de</strong> la presse et <strong>de</strong>s médias, la liberté<br />

d’expression peut s’avérer être à l’origine <strong>de</strong> conséquences<br />

non souhaitées.<br />

Quelles peuvent-elles être ? La réponse est toute trouvée<br />

dans notre actualité. Les protestations anti-américaines l’ont<br />

montré dans le cas d’un film provocateur contre l’islam réalisé<br />

il y a peu (lire page 4). Mais les images nous provenant du<br />

mon<strong>de</strong> arabe à ce sujet ont éclipsé celles aussi frappantes<br />

<strong>de</strong> drapeaux tricolores brûlés, et <strong>de</strong> slogan anti-<strong>français</strong> dans<br />

les rues du Caire, <strong>de</strong> Tunis ou <strong>de</strong> Benghazi faisant suite à la<br />

caricature <strong>de</strong> Charlie Hebdo. Quelles conséquences donc à<br />

cet « excès » <strong>de</strong> liberté ? Des sièges diplomatiques <strong>français</strong><br />

surprotégés, <strong>de</strong>s alliances <strong>français</strong>es fermées, <strong>de</strong>s lycées<br />

<strong>français</strong> aussi, comme celui <strong>de</strong> Jakarta. Des exemples parmi<br />

d’autres. Ainsi, à mon avis, une caricature, un <strong>de</strong>ssin, un article<br />

ou un reportage ne saura être totalement libre d’attaquer<br />

ou <strong>de</strong> dénoncer sans prendre en compte les conséquences<br />

éventuelles. La liberté entière d’expression ne peut exister,<br />

comme dans ce cas, pour <strong>de</strong>s sujets à portée internationale.<br />

Ceci pour la raison, simple, que tous les Etats n’appliquent pas<br />

la même tolérance face à ce phénomène. Difficile <strong>de</strong> blâmer<br />

les manifestants <strong>de</strong> confession musulmane, chiites comme<br />

sunnites, qui protestent face à « l’excès » <strong>de</strong>s journalistes<br />

<strong>français</strong>. En effet, ceux qui condamnent cette caricature ne<br />

sont pas habitués à cette « liberté d’expression ». Ce sont là<br />

<strong>de</strong>ux conceptions radicalement différentes qui s’affrontent.<br />

Et qui ne se comprennent pas.<br />

Ainsi, ceux qui n’ont jamais ou presque connu le droit <strong>de</strong><br />

s’exprimer n’ont pas la possibilité <strong>de</strong> penser comme certains<br />

Occi<strong>de</strong>ntaux le feraient à propos <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinateurs en se<br />

disant : « ce ne sont que <strong>de</strong>s journalistes qui souhaitent faire<br />

bondir les ventes ». Si la liberté d’expression ne connait plus<br />

<strong>de</strong> limite au sein <strong>de</strong>s « vraies » démocraties, elle a encore du<br />

chemin à parcourir pour gagner tous les coins <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>.<br />

François Chardin


« Je ne pensais pas avoir une telle implication dans l’art »<br />

aLeXis Kouznine - KaraVaieFF, directeur <strong>de</strong> La iFa gaLLery sur La chang<strong>de</strong><br />

Lu, eXPLiQue au P’tit insolent son Parcours et en Quoi consiste son Métier<br />

<strong>de</strong> gaLeriste.<br />

La Ifa Gallery vue <strong>de</strong> l’extérieur © Audrey Lejeune<br />

Racontez-nous votre parcours. Comment êtes-vous <strong>de</strong>venu<br />

galeriste à <strong>Shanghai</strong> ?<br />

Après le Bac, j’ai fait une école <strong>de</strong> commerce. Je me suis<br />

toujours intéressé à l’art et j’ai toujours voulu avoir une<br />

implication dans ce domaine : je fréquentais souvent Drouot<br />

(une maison <strong>de</strong> vente aux enchères, NDLR) et je me suis<br />

inscrit à <strong>de</strong>s cours d’histoire <strong>de</strong> l’art au Louvre. En un an,<br />

on a étudié l’art mésopotamien. Je m’intéressais aussi<br />

beaucoup à l’impressionisme au début, puis au dadaïsme et<br />

l’art abstrait.<br />

Votre intérêt pour l’art a donc évolué au fil du temps ?<br />

Oui, et j’ai fini par m’intéresser à l’art contemporain. Après<br />

mes étu<strong>de</strong>s, je suis allé à Pékin où j’ai travaillé dans une<br />

société multinationale. Puis, à <strong>Shanghai</strong>, j’ai apporté mon<br />

ai<strong>de</strong> dans la première version <strong>de</strong> la galerie Ifa. Quand la<br />

directrice est partie, on m’a proposé <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir directeur,<br />

et j’ai accepté. Je ne pensai pas réussir à avoir une telle<br />

implication dans l’art.<br />

Vous avez parlé d’une première version <strong>de</strong> la galerie.<br />

Pouvez-vous nous raconter son histoire ?<br />

Avant, la galerie Ifa était plutôt un centre d’exposition sur<br />

plusieurs domaines : mo<strong>de</strong>, art, artisanat, et comportait<br />

une partie évènementielle. Elle s’étendait sur une surface<br />

L’exposition du moment se<br />

nomme Bring the Dogs Out et<br />

dure jusqu’au 4 novembre. Elle<br />

explore les représentations <strong>de</strong><br />

l’Homme en tant qu’animal. Les<br />

artistes présents sont Xu Zhe,<br />

Deng Hui, Shao Shao, Fu Yuxiang,<br />

Pan Honggang, Li Rui.<br />

Pour plus d’information, visiter<br />

www.ifa-gallery.com (Ifa<br />

Gallery, 621 Chang<strong>de</strong> Lu, près <strong>de</strong><br />

Wuding Lu, tel: 62560835).<br />

Deng Hui - Green Cap<br />

2008, huile sur toile<br />

© Michele Travierso<br />

<strong>de</strong> 700m2. En 2008, on a déménagé sur le site actuel et<br />

j’ai voulu changer le concept. J’ai changé le logo, le nom,<br />

j’ai ouvert un site internet, et je me suis concentré sur la<br />

partie artistique. Ce bâtiment date <strong>de</strong> 1923 mais on n’a pas<br />

eu recours à beaucoup <strong>de</strong> rénovations. Cette maison a été<br />

habitée par plusieurs familles, dont une qui y vit toujours<br />

aujourd’hui.<br />

Comment organisez-vous les expositions ?<br />

Je me focalise notamment sur l’art contemporain chinois,<br />

mais cela inclut autant les artistes chinois que les artistes<br />

étrangers travaillant en Chine. Comme je n’ai pas fait<br />

d’étu<strong>de</strong>s artistiques, je travaille aussi avec <strong>de</strong>s experts d’art<br />

contemporain et d’histoire <strong>de</strong>s arts. Je choisis les artistes<br />

que je représente, en leur accordant plus ou moins <strong>de</strong> place.<br />

Je travaille également avec d’autres galeries, on organise<br />

ensemble certains évènements et certaines expositions.<br />

En temps que galeriste, est-ce que c’est difficile <strong>de</strong> travailler<br />

avec les artistes ?<br />

Je trouve que c’est difficile, parfois, <strong>de</strong> rapprocher les artistes<br />

aux expositions. Ils peuvent avoir <strong>de</strong>s visions différentes<br />

<strong>de</strong>s miennes, ce qui peut rendre le travail assez long et<br />

difficile. Un artiste, c’est quelqu’un qui a sa propre créativité,<br />

et comme c’est très dur <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong> cette créativité, ils ont<br />

souvent dû se battre pour s’imposer dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’art.<br />

Cela veut aussi dire qu’ils n’acceptent pas toujours sans<br />

négocier certaines conditions.<br />

Avez-vous déjà eu <strong>de</strong>s problèmes avec la censure ?<br />

Oui, à la SH Contemporary Fair, on a dû voiler une œuvre<br />

assez imposante [en taille]. Même si elle avait déjà passé les<br />

tests <strong>de</strong> censure avant l’exposition, <strong>de</strong>s officiers l’ont revue<br />

quelques heures après l’ouverture, et ont décidé que cette<br />

œuvre comportait <strong>de</strong>s thèmes sensibles. À cause <strong>de</strong> cela, et<br />

<strong>de</strong> quelques autres œuvres que d’autres galeries exposaient,<br />

le catalogue <strong>de</strong> la foire a dû être réimprimé. Je comprends<br />

qu’il faille respecter les lois du pays où l’on expose, mais<br />

ce changement <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière minute m’a agacé au niveau <strong>de</strong><br />

l’organisation. En réalité, on n’a jamais eu <strong>de</strong> problèmes<br />

graves.<br />

Propos recueillis par Audrey Lejeune et Francesco De Luca<br />

11<br />

Pan Honggang- If There Is If No.3<br />

2009, résine coloree<br />

© Michele Travierso<br />

C u l t u r e


Culture<br />

«Quand on enregistre un album, on se sent puissant!»<br />

MaXiMe coLin (1es), VaLéry charachon (1es), Frédéric VieiLLe (1sa) et KeyVna<br />

<strong>de</strong>nise (1es) ForMent un grouPe <strong>de</strong> rocK, MonKey PhiLosoPhy, Qui est sur Le<br />

Point d’enregistrer son PreMier aLbuM. le P’tit insolent Les a rencontrés.<br />

D’où vient l’origine du nom « Monkey Philosophy » ?<br />

Keyvna (K): C’est parce que nous, on a une philosophie<br />

différente <strong>de</strong>s gens. On aime la musique, enfin le rock<br />

surtout, alors que les gens écoutent plutôt <strong>de</strong> l’électro… Et<br />

puis j’aime bien ce mot : « Philosophy » ça allait bien, et puis<br />

« Monkey»… Il fallait trouver le truc qui irait avec. Ça n’allait<br />

pas être «Gnome Philosophy » !<br />

Depuis combien <strong>de</strong> temps le groupe existe-t-il ?<br />

Frédéric (F): Un an, mais en fait ça ne fait vraiment que<br />

<strong>de</strong>ux mois qu’on répète sérieusement, qu’on fait <strong>de</strong>s<br />

compositions…<br />

K: Parce que les reprises, ça compte pas ! Voilà, sérieusement,<br />

<strong>de</strong>ux mois.<br />

Et comment on se sent, à 16 ans, lorsqu’on enregistre un<br />

album ?<br />

F: On aimerait bien que ça s’enregistre tout seul… Ne pas<br />

avoir à tout travailler…<br />

Maxime (M): En fait, on n’a même pas encore commencé,<br />

alors on peut pas vraiment vous dire !<br />

Valéry (V): Je ne sais pas, tu ne te sens pas puissant? On<br />

fait un CD!<br />

M: Moi je me sentirai puissant quand il sera FINI.<br />

© Cécile Be<strong>de</strong>l<br />

Depuis combien <strong>de</strong> temps jouez-vous <strong>de</strong> vos instruments ?<br />

F: ça fait <strong>de</strong>ux ans que je fais <strong>de</strong> la guitare.<br />

M: Deux ans <strong>de</strong> batterie, plus ou moins, et <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong><br />

guitare en cours.<br />

V: Ca me fait <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> basse.<br />

K: Moi je chante <strong>de</strong>puis trois jours… Non, un an. Et dans un<br />

mois, ça fera trois ans que je fais du saxo.<br />

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire à propos <strong>de</strong> vos<br />

concerts, passés ou à venir ?<br />

K: On a appelé le consulat pour jouer à la fête <strong>de</strong> la musique…<br />

Mais on est censés trouver l’endroit nous-mêmes.<br />

F: Et notre premier concert, l’an <strong>de</strong>rnier… Je n’en ai pas<br />

assez profité. J’ai envie d’en refaire un.<br />

K: Moi je préfère faire un concert dans un bar, parce que je<br />

ne connais pas les gens. Je peux danser, me mettre à poil, ils<br />

en auront rien à faire. Mais à l’école, y a les profs, <strong>de</strong>s gens<br />

que je connais… Je ne peux pas être moi-même.<br />

V: Mettez ca dans l’article, hein ! Keyvna est un animal !<br />

F: C’est pour ça que c’est lui qui a trouvé le nom du groupe.<br />

Propos recueillis par Cécile Be<strong>de</strong>l et Clara Pou<strong>de</strong>vigne<br />

Stalin Gar<strong>de</strong>ns sort du bois<br />

couP <strong>de</strong> ProJecteur sur un grouPe LocaL PLein d’aVenir. ou Pas…<br />

Nos amis Achmed Laughs et Gomez Bukhara<br />

(pseudonymes) du lycée britannique BIS ont l’année<br />

<strong>de</strong>rnière fondé le groupe <strong>de</strong> Black Pop Stalin Gar<strong>de</strong>ns.<br />

Accompagnés d’une étudiante chinoise à la basse, Elsa, ils<br />

se sont rapi<strong>de</strong>ment retrouvés avalés tout crus par le circuit<br />

Yuyintang-696-LiveBar, celui qui constitue aujourd’hui la<br />

« Un<strong>de</strong>rground <strong>Shanghai</strong> Music Scene » (USMS pour les<br />

initiés). Après une dizaine <strong>de</strong> concerts, tous plus foireux les<br />

uns que les autres, mais pas pour autant sans un certain<br />

succès, ils embauchèrent le majestueux Brad Ferguson<br />

dans le but <strong>de</strong> produire leur premier album. En tant que<br />

«manageur» du groupe (plus précisément le « mec <strong>de</strong>rrière<br />

qui paie les bières »), j’ai l’honneur <strong>de</strong> vous présenter cet<br />

album à vous, chers lecteurs. LET’S GO !<br />

OK, au cas où vous n’aviez pas compris, Stalin Gar<strong>de</strong>ns jouent<br />

d’un nouveau genre <strong>de</strong> musique, la Black Pop. Je réécris ça<br />

plusieurs fois pour que vous visualisiez au maximum ce que<br />

sous-entend ce sobriquet : Black Pop Black Pop Black Pop<br />

Black Pop Black Pop Black Pop… En gros, ils polluent <strong>de</strong><br />

douces mélodies mélancoliques – ça c’est pour le « pop »<br />

<strong>de</strong> Black Pop –, fournies par le monstre à la guitare Achmed,<br />

en employant non seulement <strong>de</strong> gros battements <strong>de</strong> brute<br />

12<br />

sauvage (fournis par le débutant préhistorique Gomez), mais<br />

aussi en déchirant le tout avec <strong>de</strong>s lamentations vocales<br />

inhumaines (encore fournies par Achmed), et <strong>de</strong>s notes<br />

<strong>de</strong> basse à <strong>de</strong>ux balles, que personne n’entend <strong>de</strong> toute<br />

façon (fournies par Elsa). C’est révolutionnaire ! Ces génies<br />

musicaux savent varier leur technique, et avec tellement<br />

<strong>de</strong> brio que <strong>de</strong> ces huit chansons, on ne s’emmer<strong>de</strong> qu’en<br />

écoutant la sixième. Si vous aimez Metallica, Sum 41, ou<br />

As I Lay Dying, vous détesterez cet album. Si vous préférez<br />

Nirvana, Queen, ACDC ou Pink Floyd, vous détesterez encore<br />

plus.<br />

Julien Raffaud<br />

Stalin Gar<strong>de</strong>ns<br />

<strong>Shanghai</strong> Void<br />

Self-Release<br />

Black Pop, <strong>2012</strong><br />

Note : 12/12


Et la bobine défile…<br />

au cinécLub du LFs, on ne change Pas une éQuiPe Qui gagne. aMis cinéPhiLes, à<br />

L’aFFût ! une nouVeLLe saison cinéMatograPhiQue coMMence, aVec <strong>de</strong> beLLes<br />

ProMesses.<br />

Créé il y a <strong>de</strong>ux ans par M. Flecher, le cinéclub du LFS a<br />

repris du service cette année, revisitant les piliers du<br />

septième art pour le plaisir <strong>de</strong> tous. Ce ren<strong>de</strong>z-vous<br />

culturel est proposé un lundi sur <strong>de</strong>ux, à partir <strong>de</strong> 17h15 au<br />

Fine Art Center, tant aux élèves qu’aux enseignants. Tradition<br />

oblige, cet évènement se veut rassembleur, éducatif, mais<br />

aussi artistique… C’est du moins ce qu’avancent MM.<br />

Fontaine et De Meester. Ce <strong>de</strong>rnier confie lui-même adorer<br />

le cinéma, qu’il juge comme « un art nécessaire, alliant une<br />

source d’inspiration et <strong>de</strong> culture », <strong>de</strong> même que le cinéclub:<br />

« L’an <strong>de</strong>rnier, les liens créés avec les élèves m’ont donné<br />

envie <strong>de</strong> recommencer […] C’est important <strong>de</strong> partager <strong>de</strong>s<br />

films majeurs, à connaitre pour plus tard ».<br />

L’année <strong>de</strong>rnière, nous avons eu droit à <strong>de</strong>s chefs-d’œuvre<br />

tels que M.A.S.H., Memento ou même Elephant, d’ailleurs<br />

récompensé à Cannes d’une palme d’or. On ne peut donc que<br />

Le film du Vendredi 26 Octobre<br />

faire l’éloge <strong>de</strong> cette structure motivante et incontournable.<br />

Le cinéclub est une véritable occasion d’enrichir votre<br />

culture du grand écran (et générale au passage) et chaque<br />

séance représente un évènement à ne pas manquer pour les<br />

amateurs <strong>de</strong> cinéma. Surtout que les projections à <strong>Shanghai</strong><br />

<strong>de</strong> films européens ou américains sont plus coûteuses qu’en<br />

France : en effet comptez 100 kuais la séance, sans prendre<br />

en compte le trajet en taxi… Le cinéclub, c’est également<br />

une agréable manière <strong>de</strong> finir la journée avec vos amis en<br />

savourant <strong>de</strong>s œuvres considérées comme les meilleures<br />

<strong>de</strong> leurs temps. Car, oui, cette année, les choix <strong>de</strong> MM. De<br />

Meester et Fontaine portent sur <strong>de</strong>s œuvres classées par<br />

l’AFI (American Film Institute) parmi les 100 meilleurs<br />

films <strong>de</strong> tous les temps. Vous aurez donc cette année au<br />

programme <strong>de</strong>s monuments, d’Hitchcock à Kubrick, sans<br />

oublier Scorsese, Godard et bien-entendu Tarantino.<br />

Pierre Lahaye et Guillaume Revert<br />

L’excellent “À bout <strong>de</strong> souffle” <strong>de</strong> Jean-Luc Godard sera à l’affiche <strong>de</strong> la prochaine séance du cinéclub.<br />

En voici le synopsis: Michel Poiccard, jeune homme insolent, dérobe une voiture à Marseille pour se<br />

rendre à Paris. Après avoir quitté la cité phocéenne, il est contrôlé sur la mythique nationale 7, et tue un<br />

policier qui le poursuivait. La traque lancée contre lui prend alors <strong>de</strong> l’ampleur…<br />

Ci-contre: l’affiche originale <strong>de</strong> 1960 du premier long-métrage <strong>de</strong> Godard<br />

Le DVD du mois : « On ne choisit pas sa famille »<br />

cette coMédie Française réaLisée Par christian cLaVier est un FiLM<br />

diVertissant Mais Qui ne restera Pas dans Les annaLes.<br />

Sortie en novembre 2011 au cinéma, cette comédie<br />

met en scène Christian Clavier, dans le rôle <strong>de</strong> César<br />

Borgnoli, Jean Reno, dans celui du docteur Luix,<br />

Murielle Robin, incarnant Kim, et Helena Noguerra qui joue le<br />

rôle d’Alex Borgnoli. Murielle Robin, Jean Reno et Christian<br />

Clavier avaient déjà eu l’occasion <strong>de</strong> jouer ensemble dans<br />

«les Visiteurs 2 » (sorti en 1997). Kim et Alex sont un couple<br />

<strong>de</strong> lesbiennes qui veulent adopter une enfant thaïlandaise<br />

prénommée Maily. Seul problème, le gouvernement vient <strong>de</strong><br />

changer les conditions d’adoption et n’accepte plus que les<br />

couples mariés. Pour pouvoir aller chercher Maily, Kim et le<br />

frère d’Alex, César Borgnoli, doivent faire semblant d’être un<br />

couple uni, qui s’aime. Avec César, un individu pas très doué,<br />

borné et <strong>de</strong>s fois stupi<strong>de</strong>, la cohabitation n’est pas si simple…<br />

Voilà pour le pitch. A mon avis, cette comédie très<br />

divertissante reste quand même basique. Certes, on a affaire<br />

à <strong>de</strong>s situations hilarantes mais le scénario est pauvre.<br />

L’intrigue est intéressante mais reste quand même à creuser.<br />

C’est dommage que l’on ne montre pas plus <strong>de</strong> détails sur la<br />

culture thaïlandaise. Quant aux jeux <strong>de</strong>s acteurs, Christian<br />

13<br />

Clavier exagère dans les mimiques, ce qui peut rendre <strong>de</strong>s<br />

fois le film pesant. Quant à Jean Reno et Murielle Robin,<br />

ils incarnent à la perfection leurs personnages malgré le<br />

scénario décevant. Helena Noguerra fait un virage plutôt<br />

prometteur dans son jeu, elle incarne un tout nouveau type<br />

<strong>de</strong> personnage avec un potentiel grandissant. Ce film n’est<br />

bien sûr pas le film du siècle, mais il reste tout <strong>de</strong> même<br />

plaisant à regar<strong>de</strong>r seul ou accompagné !<br />

Mathil<strong>de</strong> Carette<br />

Note:<br />

C u l t u r e


Sport<br />

« La motivation vaut presque autant que la capacité physique »<br />

La sPortiVe du Mois est ariane durand, éLÈVe en terMinaLe sb, Mais aussi<br />

caPitaine <strong>de</strong> L’éQuiPe FéMinine <strong>de</strong> VoLLey-baLL du LFs. MaLgré Les MauVais<br />

résuLtats, La caPitaine gar<strong>de</strong> esPoir et Fait conFiance à sa nouVeLLe éQuiPe.<br />

Depuis quand joues-tu au volley ?<br />

J’ai commencé le volley en 3e avec Mme Thierry. Mais<br />

j’en avais déjà fait un peu en cours d’EPS en 5e. Puis j’ai<br />

recommencé en 1ère et encore cette année.<br />

Combien d’heures d’entraînement as-tu par semaine ?<br />

1h30 tous les jeudis soirs.<br />

Que veux-tu faire plus tard comme étu<strong>de</strong>s ?<br />

Je compte aller en Prépa Maths-Physique pour les <strong>de</strong>ux<br />

prochaines années et ensuite m’inscrire en école d’ingénieur.<br />

Continueras-tu le volley après la Terminale ?<br />

Je ne sais pas vraiment si je vais continuer le volley, même<br />

si j’adorerais, surtout à cause du temps <strong>de</strong> travail à fournir<br />

en prépa. J’essayerai quand même <strong>de</strong> trouver du temps libre<br />

pour le sport. Mais le volley est un sport d’équipe. Je ne peux<br />

donc pas jouer n’importe quand dans la semaine quand j’en<br />

ai envie.<br />

Comment trouves-tu l’équipe féminine <strong>de</strong> volley ?<br />

Malgré notre nombre <strong>de</strong> victoires encore nul, je tiens à dire<br />

que notre équipe possè<strong>de</strong> une motivation qui surpasse celle<br />

<strong>de</strong> n’importe quelle équipe que nous avons rencontrée pour<br />

l’instant. Et puis, au niveau du sport, mon point <strong>de</strong> vue est que<br />

la motivation vaut presque autant que la capacité physique.<br />

C’est sur ce point qu’il faut que l’on travaille maintenant.<br />

Mais d’après ce que je peux remarquer sur les capacités <strong>de</strong>s<br />

joueuses <strong>de</strong> l’équipe pendant les matchs, nous sommes sur<br />

la bonne voie.<br />

Est-ce que cela a été dur <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir capitaine ?<br />

Pour tout dire, il n’y a jamais eu <strong>de</strong> sélection pour la capitaine.<br />

J’ai été choisie par Mme Watzky parce qu’elle connaissait<br />

mes capacités et surtout parce que j’étais la seule <strong>de</strong> l’équipe<br />

à avoir été dans l’équipe l’année <strong>de</strong>rnière aussi !<br />

Quelle est ta citation sportive préférée ?<br />

A vrai dire, je n’ai jamais vraiment eu <strong>de</strong> citation sportive<br />

préférée. En plus, je ne pense pas que les sportifs en général<br />

soient très connus pour leurs citations. Alors pour être<br />

franche, en cherchant vite fait sur internet, je pense que celle<br />

qui se prête la plus à notre situation est celle-ci : « La plus<br />

gran<strong>de</strong> victoire c’est peut-être d’admettre sa défaite... ». Peutêtre<br />

sommes-nous alors les plus victorieuses !<br />

Propos recueillis par Mathil<strong>de</strong> Carette<br />

14<br />

© Cécile Be<strong>de</strong>l<br />

Tableau <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong>s matchs <strong>de</strong> Volley féminin et les matchs à venir.<br />

© lyceeshanghai.com


Le <strong>Shanghai</strong> Sevens n’attire pas les foules<br />

Les équipes <strong>de</strong> rugby du LFs ont côtoyé <strong>de</strong>s joueurs professionnels dans le cadre du shanghai sevens.<br />

Mais sous un ciel pluvieux et <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s gradins presque vi<strong>de</strong>s.<br />

les équipes <strong>de</strong>s moins <strong>de</strong> 9 ans et 11 ans du LFS avant leur match contre Dulwich<br />

Il était 9h du matin ce samedi 22 septembre lorsque les<br />

équipes <strong>de</strong> rugby <strong>de</strong>s catégories -9, -11 et -19 ans sont<br />

entrées par la gran<strong>de</strong> porte dans le sta<strong>de</strong> Yuanshen <strong>de</strong><br />

Pudong, fières et prêtes à en découdre ! Après un long trajet<br />

en bus, nous y étions enfin, dans un vrai sta<strong>de</strong>, avec un<br />

vrai public… qui en fait n’était pas là ! Malgré cette absence<br />

regrettable, et la pluie qui trempait maillots et shorts, les<br />

équipes ont fièrement défendu les couleurs du lycée.<br />

L’équipe chinoise après sa victoire sur les hongkongaises<br />

En catégorie -9 ans, les Français, qui n’avaient qu’un<br />

entraînement en commun <strong>de</strong>puis la rentrée, se sont battus,<br />

mais ont tout <strong>de</strong> même dû s’incliner 6 essais à 0 face à<br />

l’équipe du Dulwich College. Dans la catégorie supérieure,<br />

c’est encore face à Dulwich que s’est retrouvée notre équipe,<br />

qui a cette fois été plus offensive, avec un essai marqué.<br />

Mais avec <strong>de</strong>ux essais encaissés, la rencontre s’est là aussi<br />

soldée par une défaite. Pour les -19 ans, <strong>de</strong>ux matchs ont<br />

eu lieu, face à la SCIS et la BISS Pudong. Malgré l’absence<br />

<strong>de</strong> nombreux éléments, présents au DS <strong>de</strong> philo, l’équipe a<br />

montré <strong>de</strong> belles ressources, le premier match se soldant<br />

par un match nul, avec un très bel essai <strong>de</strong> Clément Soulard<br />

côté <strong>français</strong>, alors que l’essai adverse aurait pu être invalidé<br />

pour un en-avant. Face à la BISS, dont la carrure <strong>de</strong>s joueurs<br />

15<br />

était impressionnante, la très sérieuse défense n’a laissé<br />

passer que <strong>de</strong>ux essais, réussissant à contenir les offensives<br />

adverses pendant les cinq <strong>de</strong>rnières minutes.<br />

Les Hairy Crabs, qui jouaient eux aussi en « exhibition », n’ont<br />

quant à eux pu jouer que <strong>de</strong>ux minutes le samedi, à cause<br />

d’une organisation défaillante. C’est donc un Clément Dossin<br />

quelque peu ronchon et frustré que l’on pouvait retrouver<br />

dans les tribunes ! Heureusement, les organisateurs se sont<br />

rachetés le dimanche offrant la possibilité aux Crabs <strong>de</strong> jouer<br />

<strong>de</strong>ux rencontres pleines.<br />

Du côté <strong>de</strong> la compétition professionnelle du <strong>Shanghai</strong><br />

Sevens, qualificative pour la Coupe du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> rugby à VII<br />

qui aura lieu à Moscou en 2013, Hong Kong s’est imposé chez<br />

les hommes contre la Chine tandis que les Chinoises ont<br />

vengé les garçons en remportant la finale féminine. A noter<br />

que l’équipe japonaise, l’une <strong>de</strong>s meilleures d’Asie, était<br />

absente en raison <strong>de</strong>s tensions diplomatiques avec Pékin<br />

(lire notre dossier). Les équipes présentes étaient la Chine,<br />

Hong Kong, Taipei, la Thaïlan<strong>de</strong>, la Malaisie, le Sri Lanka,<br />

Singapour, les Emirats Arabes Unis, et la Corée du Sud.<br />

L’équipe <strong>de</strong> Hong Kong après sa victoire face à la Chine<br />

Tanguy <strong>de</strong> Lavigerie<br />

S<br />

p<br />

o r t


La page <strong>de</strong>s profs<br />

« Captiver les élèves ? Tout dans le feeling »<br />

<strong>de</strong> Paris à shanghai en Passant Par hong Kong et Moscou, iL est Passé d’éLÈVe<br />

Médiocre à ProF d’histoire charisMatiQue et Passionné. entretien aVec<br />

réMi Mazourine, Le ProF Qui VouLait <strong>de</strong>Venir Prési<strong>de</strong>nt.<br />

Comment avez-vous atterri à <strong>Shanghai</strong>, <strong>de</strong>puis combien <strong>de</strong><br />

temps y êtes-vous et quel a été votre parcours avant <strong>Shanghai</strong>?<br />

J’ai toujours été un élève assez exécrable mais au lycée j’ai fini<br />

par avoir mon bac quand même et je suis <strong>de</strong>venu un bon étudiant.<br />

Fondamentalement, je suis <strong>de</strong>venu prof parce que je n’aimais<br />

pas l’école. Je trouvais qu’on m’avait fait violence en termes <strong>de</strong><br />

scolarité. Comment je suis venu à <strong>Shanghai</strong> ? C’est grâce à ma<br />

femme, qui voulait absolument voyager, et on a atterri à Hong<br />

Kong, où j’ai passé un an. J’ai passé la meilleure année <strong>de</strong> ma vie<br />

parce que je n’ai pas travaillé (rires). En fait au bout <strong>de</strong> six-huit<br />

mois ça <strong>de</strong>vient pesant, mais je vous assure que six-huit mois <strong>de</strong><br />

glandouille c’est très vivable ! Après une expérience en tant que<br />

remplaçant d’instituteur à Hong Kong, j’ai été pris à <strong>Shanghai</strong> il<br />

y a maintenant sept ans. C’est un peu le hasard qui m’a fait venir<br />

ici finalement.<br />

Quelles étu<strong>de</strong>s avez-vous suivi ?<br />

J’ai commencé par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’histoire, à la Sorbonne, qui<br />

m’ont paru relativement, euh,… Disons que j’avais un potentiel <strong>de</strong><br />

liberté assez fort… Tellement fort que je me suis dit que si je ne<br />

voulais pas régresser intellectuellement par rapport à la terminale,<br />

il fallait que je fasse autre chose, donc j’ai appris le russe. Je suis<br />

d’origine russe. Quand j’étais étudiant, j’allais en Russie chaque<br />

année ce qui m’a permis <strong>de</strong> découvrir ce pays. Quand j’imaginais<br />

la Russie, j’imaginais un pays gigantesque, <strong>de</strong>s gens avec <strong>de</strong>s<br />

© Audrey Lejeune<br />

chapkas, <strong>de</strong>s églises avec <strong>de</strong>s dômes, <strong>de</strong>s troïkas avec les petites<br />

cloches, c’était que <strong>de</strong>s clichés ! Bon ce n’est pas du tout comme<br />

ça. Depuis cette époque, il y a eu 70 ans <strong>de</strong> communisme qui ont<br />

« un peu » changé les choses (sourire). Moi, j’étais en Russie<br />

pendant la crise du rouble par exemple, et en l’espace <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxtrois<br />

jours, en 1997, le rouble s’est mis à valoir absolument rien,<br />

ce qui faisait qu’avec mes dollars je pouvais m’acheter la moitié<br />

<strong>de</strong> la Russie (rires) C’était <strong>de</strong>s expériences vraiment fortes, qui<br />

ont construit ma personnalité.<br />

Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ? On sent bien que<br />

Avez-vous donc une « technique » particulière pour captiver<br />

vos élèves ?<br />

Ça va vous surprendre mais je n’ai pas <strong>de</strong> technique, c’est<br />

essentiellement du feeling. C’est l’adaptation au moment. En fait,<br />

je pense qu’il faut aimer ses élèves. Là où je suis peut-être un<br />

peu différent <strong>de</strong>s profs que j’ai eus, c’est que je m’intéresse plus<br />

à mes élèves et à leurs réactions qu’au programme. Ça nécessite<br />

aussi quand même, je vais me jeter quelques fleurs, une maitrise<br />

totale <strong>de</strong>s notions.<br />

vous aimez vos élèves, votre classe. Quels sont vos rapports Que pouvez-vous nous dire concernant, à tout hasard, M.<br />

avec eux ?<br />

Ver<strong>de</strong>il, un prof « un peu comme vous » disent certains.<br />

Ce que je préfère, c’est le contact avec <strong>de</strong>s jeunes sur un sujet J’aime beaucoup M. Ver<strong>de</strong>il. Alors physiquement, on ne se<br />

qui m’intéresse. Dans le métier d’enseignant, il y a aussi un ressemble pas, ça c’est clair. Mais on a une manière d’appréhen<strong>de</strong>r<br />

aspect un peu acteur. Ce côté one-man-show. En plus, c’est la vie qui est sans doute assez commune. C’est-à-dire que… on<br />

drôlement pratique parce qu’on a un public captif. Dans un one- n’est pas sur terre pour s’emmer<strong>de</strong>r. Ouais ! ça veut tout dire !<br />

man-show, les gens ont payé, ils peuvent partir en gueulant (rires) Mais la plupart du temps on n’a pas le même avis sur à peu<br />

s’ils ne sont pas contents, mais les élèves, ils ne peuvent pas !<br />

(rire sadique) Fondamentalement, quand j’avais votre âge, moi<br />

près tous les sujets.<br />

je voulais <strong>de</strong>venir prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République. La manière dont Qu’aimez-vous faire à <strong>Shanghai</strong> ?<br />

le mon<strong>de</strong> fonctionne, les rapports <strong>de</strong> force, c’est quelque chose <strong>Shanghai</strong>, c’est la ville où je suis <strong>de</strong>venu papa et, du coup,<br />

qui m’a toujours extrêmement intéressé. Le fait d’associer ça j’associe <strong>Shanghai</strong> à la découverte <strong>de</strong> choses nouvelles et<br />

avec le contact <strong>de</strong>s jeunes, qui sont en général beaucoup plus d’émotions fortes. On est super content d’amener son gamin à la<br />

drôles que les vieux… Faut quand même que vous réalisiez, les piscine, on est super fier quand il gagne un match <strong>de</strong> foot. Ça fait<br />

gens <strong>de</strong> votre âge sont beaucoup plus sympas que les gens du partie <strong>de</strong> la vie. Sinon, ce que je vous conseille à <strong>Shanghai</strong>, c’est<br />

miens, les plus vieux (grand rire). En fait j’essaye en général <strong>de</strong> la scène musicale. <strong>Shanghai</strong> c’est peut-être un <strong>de</strong>s endroits les<br />

les provoquer, <strong>de</strong> les faire réagir. J’aime bien.<br />

plus chouettes pour écouter <strong>de</strong>s concerts en live en Asie.<br />

Propos recueillis par Hadrien Trouilleux et Clémentine Van Der Elst<br />

Les perles <strong>de</strong> profs:<br />

« When you come in my class, drink coffee »<br />

« Et oui, 1995, l’année <strong>de</strong> votre naissance….Qu’est ce que vous êtes jeunes…»<br />

« Next week i’m going to a place where savages live... I’m going to Paris.»<br />

« Bon maintenant vous sortez car j’ai une envie pressante ! Pulito, vous ne me suivez pas hein !»<br />

16

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