La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne
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ainsi que tous ceux qui étaient à proximité 298 . Peu importe si Chagall entendit parler de cet épisode ou non, l’artiste mit de toute façon l’accent de son tableau sur cette partie de la synagogue comprenant l’Arche Sainte. Il représenta l’imposant tabernacle au centre de l’espace, en en faisant ainsi l’objet principal et le sujet réel de la peinture. C’est une véritable peinture religieuse, illustrant exclusivement des objets de culte. De plus, avec son atmosphère quelque peu intime, mais aussi calme et sérieux, il n’y a plus ici aucune touche humoristique comme dans La Synagogue de 1917. Cette solennité caractérise les trois tableaux de synagogue réalisés à Safed par Chagall, ainsi que l’absence de personnages, comme nous l’avons déjà remarqué. Chagall ne représenta donc plus la synagogue comme un endroit où les gens se réunissent et discutent, mais comme un lieu de recueillement, de prière et de culte, qui évoque la paix et le silence. Ces synagogues bien retranscrites jusque dans leur ambiance témoignent peut-être du respect de l’artiste envers ces endroits saints, et de sa volonté de les garder intactes dans sa mémoire. 1. 2. Les premières œuvres en gouache pour la Bible Il semble que la Terre d’Israël (Eretz Israël 299 ) offrit de l’inspiration à l’artiste. Même si son voyage fut effectué sans but documentaire, son travail dut probablement être nourri par le souffle de la Terre Sainte. À son retour, Chagall reprit avec ferveur son travail sur la Bible qui était déjà commencé avant le voyage. De 1930 à 1931, l’artiste peignit d’abord 40 gouaches préparatoires pour les gravures, qu’il réalisa par la suite et termina au début de l’année 1934. Néanmoins, Chagall écrivit à plusieurs reprises 300 à son ami Yosef Opatoshu qu’il était triste car le travail sur la Bible était arrêté à cause de la crise [économique] et qu’il souhaitait que la situation changeât afin de reprendre ce travail. Dans une autre lettre de l’année 1935 adressée à Hilla Rebay, la directrice du Musée Guggenheim à New York, Chagall mentionna le fait que Vollard avait interrompu le projet d’édition de la Bible à cause de la dépression économique, alors qu’il avait déjà fait 40 gravures sur la Genèse et sur l’Exode. Dans cette lettre, l’artiste expliqua qu’il avait beaucoup aimé ce travail et qu’il avait pénétré si profondément dans l’univers biblique 298 http://www.safed.co.il/Synagogues/Avrutch.html 299 Chagall utilisa cette expression dans sa lettre à Opatoshu après son retour du voyage. Cf. Benjamin Harshav, Marc Chagall and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., p. 374. Or, Harshav dit que « Eretz » était une appellation familière que les sionistes utilisaient pour désigner la Palestine. Cf. Marc Chagall : Les Années russes, 1907-1922, op. cit., p. 166. 300 Lettres de Chagall à Yosef Opatoshu en janvier 1934 et au début de l’année 1935 ; cf. Benjamin Harshav, Marc Chagall and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., p. 434 et p. 440. 92
qu’il ne pouvait pas s’arrêter au premier 301 livre. Chagall cherchait le moyen de continuer sa Bible auprès de cette directrice new-yorkaise : après avoir écrit qu’il y avait beaucoup de choses intéressantes à illustrer comme les livres des Prophètes et des Rois ou le Cantique des Cantiques, Chagall demanda à Hilla Rebay s’il lui était possible de lui trouver un grand éditeur ou n’importe qui d’autre aux États-Unis, qui serait intéressé par l’édition de cette Bible 302 . Ensuite, Chagall écrivit en février 1936 que les gravures qu’il avait faites pour Vollard dormaient dans la réserve, et qu’il ne savait pas comment le « secouer » pour les faire publier 303 . Le travail pour la Bible stagnait, néanmoins l’artiste était continuellement « en contact avec la Bible », et en mars de l’année 1936 il écrivit qu’il « mourait d’envie » de finir 304 . En août de cette année, Chagall montra l’intention de « finir avant tout [les illustrations] pour Vollard » y compris celles de « la Bible commencée depuis longtemps et qui était encore en cours... » 305 . Chagall ne délaissa donc pas ce travail, même s’il avait peu d’avenir en perspective, et continua à avancer dans sa création. En décembre 1937 306 , il affirma avoir déjà fait 70 planches. Néanmoins, ses mentions sur ce sujet s’arrêtèrent là dans ses lettres, ce qui nous laisse croire que Chagall ne put continuer ce travail plus longtemps, à la suite des évènements désastreux. Ces gouaches 307 sont essentiellement consacrées à la Genèse et à l’Exode, ainsi qu’à leurs personnages importants 308 . 24 gouaches traitent d’épisodes de la Genèse : la création d’Adam et Ève, l’alliance de Dieu avec Noé et Abraham, l’histoire de Jacob et de Joseph. 15 gouaches sont sur l’Exode : l’histoire de Moïse et la sortie d’Égypte des Hébreux. La dernière gouache représente Josué. Parmi ces gouaches, quelques-unes ne seront pas choisies pour les gravures : La Création d’Ève, Noé recevant l’ordre de construire l’Arche, l’une des deux gouaches de L’Arc-en-ciel, signe d’alliance entre Dieu et la Terre, Abraham se prosterne devant les trois Anges, Abraham et Isaac en route vers 301 Chagall travaillait avec la Bible traduite en yiddish moderne par le poète américain Yehoash. Dans cette version de la Bible qui comportait plusieurs volumes, la Genèse et l’Exode étaient réunis dans le premier volume. C’est pourquoi Chagall dit « le premier livre » pour désigner les gravures réalisées pour les deux premiers livres de la Bible. 302 Lettre de Chagall à Hilla Rebay en mars 1935 ; cf. Benjamin Harshav, Marc Chagall and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., pp. 441-442. Nous traduisons. 303 Lettre de Chagall à Pavel Ettinger en février 1936 ; Ibid., p. 447. 304 Lettre de Chagall à Yosef Opatoshu en mars 1936 ; Ibid., p. 448. 305 Lettre de Chagall à Pavel Ettinger en août 1936 ; Ibid., p. 450. 306 Lettre de Chagall à Yosef Opatoshu en décembre 1937 ; Ibid., p. 473. 307 Pour les illustrations, voir le catalogue Musée National Message Biblique Marc Chagall Nice – Catalogue des collections, op. cit., pp. 176-182. 308 Création d’Adam (1), Création d’Ève (1), Noé (6), Abraham (7), Lot (1), Rébecca (1), Joseph (4), Jacob (3), Moïse (10), Aaron (1), Sortie d’Égypte (4), Josué (1). Le chiffre entre parenthèse désigne le nombre des gouaches. 93
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synagogue comprenant l’Arche Sainte. Il représenta l’imposant tabernacle au centre de<br />
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véritable peinture religieuse, illustrant exclusivement des objets de culte. De plus, avec son<br />
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humoristique comme dans <strong>La</strong> Synagogue de 1917. Cette solennité caractérise les trois<br />
tableaux de synagogue réalisés à Safed <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong>, ainsi que l’absence de personnages,<br />
comme nous l’avons déjà remarqué. <strong>Chagall</strong> ne représenta donc plus la synagogue comme<br />
un endroit où les gens se réunissent et discutent, mais comme un lieu de recueillement, de<br />
prière et de culte, qui évoque la paix et le silence. Ces synagogues bien retranscrites jusque<br />
dans leur ambiance témoignent peut-être du respect de l’artiste envers ces endroits saints,<br />
et de sa volonté de les garder intactes dans sa mémoire.<br />
1. 2. Les premières œuvres en gouache pour la <strong>Bible</strong><br />
Il semble que la Terre d’Israël (Eretz Israël 299 ) offrit de l’inspiration à l’artiste.<br />
Même si son voyage fut effectué sans but documentaire, son travail dut probablement être<br />
nourri <strong>par</strong> le souffle de la Terre Sainte. À son retour, <strong>Chagall</strong> reprit avec ferveur son travail<br />
sur la <strong>Bible</strong> qui était déjà commencé avant le voyage. De 1930 à 1931, l’artiste peignit<br />
d’abord 40 gouaches pré<strong>par</strong>atoires pour les gravures, qu’il réalisa <strong>par</strong> la suite et termina au<br />
début de l’année 1934. Néanmoins, <strong>Chagall</strong> écrivit à plusieurs reprises 300 à son ami Yosef<br />
Opatoshu qu’il était triste car le travail sur la <strong>Bible</strong> était arrêté à cause de la crise<br />
[économique] et qu’il souhaitait que la situation changeât afin de reprendre ce travail. Dans<br />
une autre lettre de l’année 1935 adressée à Hilla Rebay, la directrice du Musée<br />
Guggenheim à New York, <strong>Chagall</strong> mentionna le fait que Vollard avait interrompu le projet<br />
d’édition de la <strong>Bible</strong> à cause de la dépression économique, alors qu’il avait déjà fait 40<br />
gravures sur la Genèse et sur l’Exode. Dans cette lettre, l’artiste expliqua qu’il avait<br />
beaucoup aimé ce travail et qu’il avait pénétré si profondément dans l’univers biblique<br />
298 http://www.safed.co.il/Synagogues/Avrutch.html<br />
299 <strong>Chagall</strong> utilisa cette expression dans sa lettre à Opatoshu après son retour du voyage. Cf. Benjamin<br />
Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., p. 374. Or, Harshav dit que<br />
« Eretz » était une appellation familière que les sionistes utilisaient pour désigner la Palestine. Cf. <strong>Marc</strong><br />
<strong>Chagall</strong> : Les Années russes, 1907-1922, op. cit., p. 166.<br />
300 Lettres de <strong>Chagall</strong> à Yosef Opatoshu en janvier 1934 et au début de l’année 1935 ; cf. Benjamin Harshav,<br />
<strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., p. 434 et p. 440.<br />
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