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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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transposa fidèlement sur sa toile le paysage en face de lui. Cette ressemblance avec le<br />

paysage réel est en effet le point commun de tous les tableaux réalisés en Palestine. Une<br />

autre photographie (ill. 28) 276 est aussi intéressante : celle de Bella et de Chaim-Nachman<br />

Bialik devant une vue de Jérusalem, qui montre le même paysage que celui de L’enceinte<br />

de Jérusalem près du portail de la grâce (ill. 29) 277 . Nous y reconnaissons les mêmes<br />

éléments disposés dans la même perspective : une colline et le mur de Jérusalem au dernier<br />

plan, et des cactus et des cailloux au premier. Les tableaux Jérusalem de 1931 et Le mur<br />

des <strong>La</strong>mentations illustrent également des scènes fidèles à l’aspect réel – l’ampleur du mur<br />

et la petitesse des gens qui prient devant le monument. Quant aux synagogues de Safed,<br />

<strong>Chagall</strong> peignit aussi tous les détails à l’intérieur de chaque lieu. Grâce à cette fidélité<br />

visuelle, nous arrivons même à identifier les différentes synagogues de Safed que <strong>Chagall</strong><br />

illustra : l’Ari Séfarade (Dans la Synagogue à Safed), Bima-Abuhav Synagogue<br />

(Synagogue ou Intérieur de la Synagogue de Safed) et Avrutch Synagogue (Dans la<br />

Synagogue).<br />

Nous nous demandons pourquoi <strong>Chagall</strong> peignit tous ces tableaux avec un tel<br />

réalisme. Pour celui qui connaît un peu le style de l’artiste, ces peintures <strong>par</strong>aîtront<br />

atypiques. <strong>Chagall</strong> annonça alors : « Je suis venu vérifier certains sentiments, sans ap<strong>par</strong>eil<br />

photographique, sans pinceau même » 278 . Cependant, il nous semble que ce propos<br />

contredise les œuvres, qui sont non seulement quasi-naturalistes, presque comme de la<br />

documentation touristique, mais aussi qui n’évoquent aucune émotion. Pour nous éclairer,<br />

il faut probablement examiner de plus près les tableaux en question et leur sujet. Comme<br />

nous l’avons déjà remarqué, ces tableaux représentent des sites et des monuments. Or, tous<br />

ces lieux semblent être dotés d’une signification <strong>par</strong>ticulière pour les Juifs. D’abord, le<br />

Tombeau de Rachel, situé à côté de la ville de Bethléem, est considéré comme le troisième<br />

lieu saint du judaïsme, après le Mont du Temple et le Tombeau des Patriarches. C’est le<br />

lieu où fut enterrée Rachel, la matriarche biblique, femme de Jacob et mère de Joseph et de<br />

Benjamin. Au fil des ans, ce site est devenu un lieu de pèlerinage pour les Juifs, en<br />

<strong>par</strong>ticulier pour les femmes qui n’arrivent pas à enfanter. De plus, la tradition juive<br />

276<br />

Bella et Chaïm Bialik devant Jérusalem en 1931, photographie. Voir Voyages & rencontres de <strong>Marc</strong><br />

<strong>Chagall</strong>, 1923-1939, op. cit.<br />

277<br />

L’enceinte de Jérusalem près du portail de la Grâce, 1931, Huile sur toile, 71 x 65, 5 cm, Collection<br />

<strong>par</strong>ticulière ; cf. Voyages & rencontres de <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, 1923-1939, op. cit..<br />

278<br />

Charles Sorlier, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> et Ambroise Vollard, op. cit., p. 18.<br />

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