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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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<strong>Chagall</strong> ne voulut donc voir la Palestine ni comme voyageur, ni comme artiste, mais<br />

comme Juif. Or, dans cette terre portant l’empreinte de l’histoire de son peuple depuis le<br />

temps des patriarches, <strong>Chagall</strong> remarqua également les efforts des Juifs du présent,<br />

consacrés à la construction de ce nouvel état. Il reconnut que ce dynamisme<br />

communautaire fut l’un des deux éléments qui l’avaient le plus marqué :<br />

« En Palestine, j’étais impressionné <strong>par</strong> la présence constante en tout lieu de la<br />

confrontation de deux éléments : d’une <strong>par</strong>t, l’enthousiasme pour le futur, la lutte pour<br />

le nouveau – de l’autre, la gloire du passé fossilisé il y a longtemps ; tous les deux sont<br />

forts et passionnants » 264 .<br />

<strong>Chagall</strong>, qui ne se pensait « ni sioniste, ni nationaliste » 265 , ne dissimula pas pour autant la<br />

fierté qu’il avait ressentie, en sa qualité de simple « Juif », auprès de son peuple :<br />

« Depuis que les Juifs se sont installés dans ce pays ensoleillé, ils ont acquis une<br />

nouvelle qualité [...] – c’est un calme spécial, une confiance en soi. Un Juif marche làbas<br />

d’un air assuré et travaille – ce petit groupe de 170 000 personnes a l’intention de<br />

continuer ce qu’ils ont commencé, malgré l’atmosphère politique et économique. [...]<br />

Ils ont tous cet enthousiasme : les marchands et les citoyens de la ville aussi bien que<br />

les gens des kibboutzim où la vie est beaucoup plus dure [...]. Ils ont investi là-bas toute<br />

leur force, ils ont construit, créé » 266 .<br />

Cependant, malgré son admiration pour l’enthousiasme du peuple, l’artiste dut<br />

éprouver une déception en ce qui concerne le projet de musée à Tel Aviv, qui était tout de<br />

même l’objet premier de son voyage. En effet, <strong>Chagall</strong> ne voulait que des originaux<br />

réalisés <strong>par</strong> de grands artistes juifs, alors que Dizengoff était prêt à exposer tout l’art juif, y<br />

compris des objets ethnographiques et folkloriques, voire même des moulages et des<br />

reproductions. <strong>Chagall</strong>, qui rêvait de créer un « vrai musée », se rendit compte qu’il était<br />

peut-être trop exigeant.<br />

« Peut-être que j’en demande trop, et peut-être que cela suffit aux Juifs de voir des<br />

bateaux juifs, et que cela soit de l’art ou pas, ils s’en moquent. [...] mais ça ne<br />

m’intéresse pas de ramasser les déchets de toutes les Juives et de tous les Juifs » 267 .<br />

264 Ibid., p. 376. Nous traduisons.<br />

265 Dans la lettre de <strong>Chagall</strong> à Yosef Opatoshu en juin 1931 ; Ibid., p. 374.<br />

266 Ibid., pp. 375-376. Nous traduisons.<br />

267 Lettre de <strong>Chagall</strong> à A. Z. Ben-Yishay en août 1931 ; Ibid., pp. 378-379. Nous traduisons.<br />

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