26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

annulés à chaque fois – cette fois-ci, l’enthousiasme de Monsieur Dizengoff m’a<br />

influencé. J’ai fait mes bagages et décidé d’aller lui donner un coup de main » 252 .<br />

En ce qui concerne l’idée selon laquelle ce fut à l’initiative de Vollard que son<br />

voyage fut conçu, <strong>Chagall</strong> donna une précision :<br />

« Pendant les cinq dernières années j’ai porté en moi l’idée de peindre le livre des<br />

Prophètes que Vollard m’a invité à faire. [...] J’aurais bien sûr pu faire ces peintures en<br />

étant à <strong>Paris</strong>. En plus, j’ai fait les illustrations pour les Âmes mortes de Gogol sans<br />

connaître la vie de cette période (le début du XIX e siècle). J’ai aussi pré<strong>par</strong>é les dessins<br />

pour les Fables de <strong>La</strong> Fontaine alors que je n’ai pas vécu au XVIII e siècle » 253 .<br />

À une autre occasion, il souligna de nouveau que son voyage n’avait aucun but<br />

documentaire pour ses illustrations :<br />

« Est-ce une question de cocotier ou de montagne ? Les mêmes cocotiers, presque les<br />

mêmes montagnes, les mêmes Arabes et les chameaux, vous pouvez aussi les trouver à<br />

quelques centaines de kilomètres de la Palestine. Pour cela, il suffit d’aller en Algérie<br />

ou au Maroc... » 254 ; « Au contraire, j’ai pensé que mon souhait de visiter la terre<br />

d’Israël était assez naturel, tout Juif doit ressentir la même chose face à son passé. Mais<br />

je pense que ce n’est pas nécessaire de copier la vie du pays sur le papier » 255 .<br />

Malgré tout ce que <strong>Chagall</strong> dit, certains comme Franz Meyer véhiculèrent tout de<br />

même l’idée que l’artiste avait eu besoin d’affronter le monde biblique « réel » pour<br />

« détacher de lui le monde biblique [rêvé], pour en faire un véritable monde » 256 . Si cela en<br />

avait été réellement ainsi, il aurait fait ce voyage avant de commencer ses illustrations sans<br />

attendre 1931. S’il est vrai que <strong>Chagall</strong> était en train de travailler sur la <strong>Bible</strong>, il n’avait pas<br />

choisi de <strong>par</strong>tir en Palestine pour faire des recherches artistiques, mais plutôt pour des<br />

raisons personnelles. En effet, lorsque <strong>Chagall</strong> dit : « Je suis venu vérifier certains<br />

sentiments, sans ap<strong>par</strong>eil photographique, sans pinceau même » 257 , cela ne signifiait<br />

252<br />

Ibid., pp. 363-364. Nous traduisons.<br />

253<br />

Benjamin Harshav pensa que <strong>Chagall</strong> mentionna Vollard comme une excuse quand il <strong>par</strong>lait aux non-Juifs<br />

pour dissimuler sa motivation « sioniste ». Ibid., p. 364. Nous traduisons.<br />

254<br />

Entretien avec Ben-Tavriya pour Razsvet, vol. XXVII, No. 24, <strong>Paris</strong>, 14 juillet 1931 ; Ibid., p. 364. Nous<br />

traduisons.<br />

255<br />

Ibid. Nous traduisons.<br />

256<br />

Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 180.<br />

257<br />

Charles Sorlier, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> et Ambroise Vollard, op. cit., p. 18.<br />

82

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!