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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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« Je ne travaille jamais de tête. Quand j’ai dû illustrer la « <strong>Bible</strong> » pour Vollard, celui-ci<br />

m’a dit : “ Allez place Pigalle ”. Mais j’ai voulu voir la Palestine, j’ai voulu toucher la<br />

terre » 249 .<br />

Or, cette affirmation de l’artiste a alimenté les malentendus. Certains en ont conclu que<br />

l’artiste fit ce voyage spécialement pour les illustrations et que ce fut seulement à son<br />

retour qu’il se mit au travail 250 . Il est certain que l’artiste voulut voir la Palestine, mais le<br />

voyage ne fut pas effectué « pour » l’illustration de la <strong>Bible</strong>, il fut réalisé pour une autre<br />

occasion.<br />

<strong>Chagall</strong> fut invité à venir en Palestine <strong>par</strong> Meir Dizengoff (1861-1937), sioniste,<br />

co-fondateur et premier maire de Tel Aviv, qui était la première ville juive après deux<br />

mille ans d’exil. Celui-ci invita l’artiste à passer quelque temps chez lui, aussi longtemps<br />

qu’il le voudrait, lui cédant même une <strong>par</strong>tie de sa maison. Dizengoff avait en effet un<br />

projet : la construction d’un musée juif dans la nouvelle ville. Et lors de sa visite à <strong>Paris</strong>, il<br />

contacta probablement <strong>Chagall</strong>, qui était alors président d’un comité artistique, pour avoir<br />

des conseils. Selon Benjamin Harshav, <strong>Chagall</strong> n’était pas sioniste, mais il se sentait<br />

concerné <strong>par</strong> le destin des Juifs en Palestine et <strong>par</strong> la construction de villes juives sur cette<br />

terre. De même, il pensait depuis plusieurs années à créer un musée juif. Ainsi, en 1929 il<br />

soumit cette idée au centre culturel yiddish, le YIVO (Institut Scientifique Yiddish (Juif)) à<br />

Vilna 251 . C’est pourquoi lorsque Dizengoff lui fit <strong>par</strong>t de son projet, <strong>Chagall</strong> fit d’autant<br />

plus volontiers ce voyage en Palestine. Dans un entretien, il raconta :<br />

« [...] Monsieur Dizengoff est venu à <strong>Paris</strong> et il m’a demandé de l’aider à construire un<br />

musée. J’ai eu du mal à croire que cet homme avait soixante-dix ans, ses yeux brillaient<br />

et il était tout excité <strong>par</strong> son idée. Alors que j’avais décidé de rester éloigné de toute<br />

fonction publique et que j’avais planifié plusieurs voyages en terre d’Israël, que j’ai<br />

249<br />

Charles Sorlier, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> et Ambroise Vollard, op. cit., p. 18.<br />

250<br />

En effet, la plu<strong>par</strong>t des écrits sur ce point répètent cette erreur : <strong>par</strong> exemple, Charles Sorlier écrit : « Pour<br />

réaliser ce nouveau livre l’artiste voulut voir les lieux où vécurent les Prophètes. Il se rendit en 1931, avec sa<br />

femme et sa fille, en Palestine [...] ». Ibid. De même, Françoise Rossini-Paquet écrit : « Alors que <strong>Marc</strong><br />

<strong>Chagall</strong> termine les gravures des Fables – la toute dernière sera achevée en 1931 – Ambroise Vollard<br />

commande l’illustration du Livre des Prophètes. [...] Pour ce travail colossal, le peintre veut voir les lieux<br />

historiques de la <strong>Bible</strong>. », dans « Vers l’exil... » dans Voyages & rencontres de <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> 1923-1939, op.<br />

cit., p. 58.<br />

251<br />

Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., pp. 362-363 et pp.<br />

351-353.<br />

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