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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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En revanche, c’est avec un regard très intime que <strong>Chagall</strong> représenta l’intérieur de<br />

la synagogue. Dans un tableau de 1917, <strong>La</strong> synagogue 207 , <strong>Chagall</strong> restitua une scène se<br />

déroulant dans cet édifice religieux (ill. 24). Nous y voyons un personnage lisant la Torah<br />

sur une estrade (bima), et le rideau rouge décoré d’une étoile de David, derrière lequel la<br />

Sainte Arche se trouve. À droite, il y a un relief représentant un chandelier à sept branches,<br />

et à gauche un lustre comportant lui aussi sept bougies. L’homme qui lit la Torah sur<br />

l’estrade a l’air un peu perdu, et personne ne semble prêter attention à sa lecture : les deux<br />

hommes à droite sont préoccupés <strong>par</strong> autre chose, et les gens se trouvant en bas à gauche<br />

sont en pleine discussion. De plus, les deux enfants au bord de l’estrade semblent<br />

également ne pas être à leur place. Benjamin Harshav 208 dit que <strong>Chagall</strong>, qui s’était éloigné<br />

de la religion depuis l’adolescence alors qu’il était chantre à la synagogue dans son<br />

enfance, ne retrouva son intérêt pour ce lieu que dans un but profane. Harshav expliqua<br />

que l’artiste transforma le monde religieux en expressions de folklore et d’art populaire, en<br />

focalisant son attention sur les personnes dans la synagogue plutôt que sur les rituels et les<br />

coutumes. Certes, cette synagogue restituée <strong>par</strong> le pinceau de <strong>Chagall</strong> dégage très peu<br />

l’ambiance d’un lieu sacré. Cependant, dans la réalité, les synagogues ne servent pas<br />

seulement au culte, mais également aux diverses activités communautaires, y compris la<br />

formation des adultes et l’enseignement de l’hébreu pour les enfants. Ainsi, le yiddish<br />

utilise le mot « école » (shul) pour désigner la synagogue. <strong>Chagall</strong> qui avait fréquenté ce<br />

lieu pendant son enfance, et comprenant bien la multifonction de l’endroit, représenta peutêtre<br />

une scène vraisemblable dans une synagogue.<br />

En cette même année 1917, <strong>Chagall</strong> fit un autre tableau relatif à un autre endroit<br />

emblématique juif, le cimetière 209 . Dans Les portes du cimetière (ill. 25), sous le ciel<br />

fractionné <strong>par</strong> des formes géométriques, s’érigent deux piliers liés <strong>par</strong> un fronton,<br />

constituant ensemble une entrée imposante. Les portes s’ouvrent vers l’intérieur du<br />

cimetière où l’on entrevoit des pierres tombales. Chaque pilier, ainsi que le fronton, porte<br />

des inscriptions en lettres hébraïques. L’étoile de David au-dessus du fronton est l’unique<br />

signe symbolique reconnaissable pour les personnes ignorant la langue. Nous avons déjà<br />

remarqué que <strong>Chagall</strong> de retour chez lui inséra souvent des inscriptions en caractères<br />

207 <strong>La</strong> synagogue, 1917, Gouache, aquarelle, crayon sur papier, 40 x 35 cm, Bâle, Collection <strong>Marc</strong>us Diener ;<br />

cf. <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> : Les années russes, 1907-1922, op. cit., cat. n° 148, p. 149.<br />

208 Ibid., p. 148.<br />

209 Les portes du cimetière, 1917, Huile sur toile, 87 x 68, 5 cm, <strong>Paris</strong>, Centre Georges Pompidou, Musée<br />

national d’art moderne; cf. Ibid., cat. n° 150, p. 167.<br />

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