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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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fond est coupé en deux horizontalement, la <strong>par</strong>tie terrestre est baignée <strong>par</strong> le rouge sanguin<br />

tandis que la <strong>par</strong>tie céleste est couverte <strong>par</strong> le vert foncé. Les personnages principaux, saint<br />

Jean et Marie, au pied de la croix sont entièrement imprégnés <strong>par</strong> ces deux couleurs<br />

jusqu’à fusionner avec le fond. L’enfant Christ seul, peint en bleu pâle, se détache du fond.<br />

Entre le ciel et la terre, une rivière polychrome – jaune et bleue, mais aussi rouge et verte –<br />

forme une longue bande horizontale, avec laquelle le rameur et le porteur d’échelle<br />

s’alignent. Parallèlement, l’ensemble du tableau est fractionné en différentes formes<br />

circulaires et triangulaires qui se recoupent et se lient en même temps. Nous y voyons,<br />

comme dans des œuvres précédentes, des empreintes du cubisme et de l’orphisme.<br />

Or, ce tableau comporte un côté très décoratif : le tissu autour des reins du Christ, la<br />

robe de la Vierge et les jambes de saint Jean sont décorés de motifs floraux. <strong>La</strong> Vierge est<br />

même <strong>par</strong>ée d’un collier. En revanche, <strong>par</strong> rapport au dessin qui servit de base au tableau,<br />

le panneau d’inscription sur la croix, le crâne au pied de ce pilier ainsi que les auréoles sur<br />

les personnages ont dis<strong>par</strong>u dans cette peinture. Si la suppression de ces éléments renforce<br />

le caractère mystérieux et énigmatique du tableau en en simplifiant la composition, l’ajout<br />

de motifs décoratifs met l’accent sur le côté plastique de cette peinture. Ceci est tout à fait<br />

caractéristique des peintures religieuses de <strong>Chagall</strong> de cette époque : le sujet ne prend pas<br />

le pas sur la composition picturale. Mais <strong>Chagall</strong> n’abandonna pas non plus le côté<br />

spirituel. Au contraire, comme nous l’avons déjà étudié dans la <strong>par</strong>tie précédente, il<br />

interpréta d’une manière complètement originale et personnelle le sujet de la Crucifixion,<br />

en y introduisant un élément atypique comme l’enfant Jésus crucifié, mais en y apportant<br />

aussi une dimension poétique très large.<br />

Chapitre III. Le retour malgré lui à son milieu<br />

Durant l’été 1914, <strong>Chagall</strong> se rend à Berlin pour voir son exposition organisée<br />

dans la galerie « Der Sturm » de Herwarth Walden, puis il va ensuite à Vitebsk. Ce dernier<br />

voyage est sans retour car la guerre vient d’éclater et empêche <strong>Chagall</strong> de revenir à <strong>Paris</strong>.<br />

Se retrouvant de nouveau dans sa ville natale, l’artiste peint son entourage, et puise son<br />

inspiration dans tous les composants de son monde d’origine. Nous observerons ses<br />

œuvres traitant du monde juif, plus précisément celles relatives aux portraits, aux fêtes<br />

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