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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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qui présente une scène singulière nous <strong>par</strong>aît à la fois simple et complexe. Nous y voyons<br />

d’abord un grand cercle multicolore et un couple au milieu. Sur ce grand cercle, les<br />

numéros 9, 0, 11 sont visibles comme sur une horloge, et les corps du couple, unis en un,<br />

se situent à l’axe du cercle comme deux aiguilles. Leurs jambes – ils n’en ont qu’une paire<br />

– dont les pointes sont très aiguisées renforcent cette impression. Le sujet du tableau n’est<br />

pas reconnaissable au premier coup d’œil. Mais quelques aquarelles et dessins précédents<br />

montrent que <strong>Chagall</strong> traitait alors le thème du premier couple humain, Adam et Ève. <strong>La</strong><br />

forme curieuse de leur corps trouve dès lors son explication dans le verset biblique<br />

« l’homme s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair » (Genèse, II, 24). <strong>La</strong><br />

pomme dans la main de la femme est donc le symbole de la Chute. <strong>Chagall</strong> représenta<br />

d’abord le couple de façon encore relativement « naturaliste » dans le jardin d’Éden, avec<br />

le serpent et la pomme (Étude pour Adam et Ève, 1911-1912) 149 (ill. 10), mais il le saisit<br />

ensuite d’une manière plus abstraite (Étude pour Adam et Ève, 1912) 150 (ill. 11) et chercha<br />

à l’intégrer au grand contexte d’une spirale se fondant en un cercle (Étude pour Adam et<br />

Ève, 1911) 151 (ill. 12). L’esquisse de la collection Edersheim (Étude pour Adam et Ève,<br />

1912) témoigne d’une progression vers l’essentiel tout en contenant des éléments<br />

nouveaux (ill. 11) : le paysage de forêt de la première version est réduit à un simple tapis<br />

d’herbe <strong>par</strong>semé de fleurs. Le fond bleu et blanc suggère un ciel et ses nuages. <strong>La</strong> forme<br />

circulaire et l’inscription des chiffres 9, 10, 11 et 12 sur le bord du cercle entourent la<br />

scène 152 . Dans l’étude suivante (Étude pour Adam et Ève, 1911), <strong>Chagall</strong> développa cette<br />

idée du cercle en en insérant trois plus petits à l’intérieur du premier. Il les divisa ensuite<br />

<strong>par</strong> deux diagonales et fixa son axe au centre du corps du couple. Cet ensemble nous<br />

rappelle immédiatement le célèbre dessin de Léonard de Vinci, l’homme de Vitruve.<br />

Néanmoins, l’objectif du cercle et des diagonales de <strong>Chagall</strong> est différent de celui du grand<br />

maître de la Renaissance italienne. <strong>Chagall</strong> ne vise pas à définir les lois d’une géométrie<br />

naturelle, comme les chiffres au bord du cercle pourraient le laisser penser. Son propos est<br />

purement symboliste. En transformant le couple originel en aiguilles, <strong>Chagall</strong> le place au<br />

cœur de l’horloge cosmique.<br />

149<br />

Étude pour Adam et Ève, 1911-1912, Gouache sur papier, découpé au format ovale, 27,5 x 24 cm,<br />

Collection <strong>par</strong>ticulière ; cf. Ibid., cat. n° 64, p. 88.<br />

150<br />

Étude pour Adam et Ève, 1912, Crayon, plume et encre, aquarelle sur papier, monté dans un passe-<strong>par</strong>tout<br />

fermé, 24,8 x 20,3 cm, New York, Collection M. et Mme Hans S. Edersheim ; cf. <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> : œuvres sur<br />

papier, op. cit., cat. n° 31, p. 52, 70.<br />

151<br />

Étude pour Adam et Ève, 1911, Crayon sur papier blanc, 33,5 x 25,5 cm, Saint-Paul-de-Vence, Collection<br />

de l’artiste ; cf. Ibid., cat. n° 32, p. 71.<br />

152<br />

Ibid., cat. n° 31, p. 52, 70.<br />

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