26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

nu est étrangement peint en couleur rose foncé et cette utilisation de couleur inhabituelle<br />

est sans doute très significative. Est-il un signe de la nature divine de l’enfant ? Si nous<br />

observons attentivement, nous comprenons vite que c’est en effet cet enfant que l’homme<br />

pointe du doigt. L’enfant est donc le centre du tableau et lui donne son véritable sens. Une<br />

dimension spirituelle est ainsi voilée dans cet étrange mélange de peinture religieuse russe<br />

et de peinture de genre vitebskoise.<br />

Le Christ né déjà vieux<br />

<strong>La</strong> Sainte Famille de 1910 est une œuvre emblématique de la période saintpétersbourgeoise<br />

de <strong>Chagall</strong> (ill. 2). Elle montre une composition plus complexe et plus<br />

vive que celle de 1909. Cette fois-ci, la scène se déroule dans la rue et les personnages sont<br />

groupés autour d’un banc posé en plein air. Au milieu de la scène, un homme assis regarde<br />

le ciel en faisant un geste <strong>par</strong>lant avec ses mains et ses bras. Sur ses genoux, se tient un<br />

enfant (petit homme ?) nu et barbu. À côté d’eux, une femme, vue de profil, est en train de<br />

lire un livret qu’elle tient dans ses mains. À la droite de l’homme, un petit personnage se<br />

tient debout. Tout en montrant le haut avec son doigt de la main gauche, il égorge avec<br />

l’autre main un cochon se trouvant à côté de lui. Par rapport aux personnages statiques et<br />

les couleurs sombres de <strong>La</strong> Sainte Famille de 1909, cette scène est nettement plus animée<br />

grâce à ces personnages expressifs et aux diverses couleurs vives. <strong>La</strong> majeure <strong>par</strong>tie du<br />

tableau est colorée <strong>par</strong> des couleurs très claires comme le jaune pour le ciel, ainsi que le<br />

vert, le blanc et le rose pour les vêtements du couple.<br />

Excepté le titre, le geste de l’homme nous rappelle immédiatement une icône. Il<br />

est beaucoup plus théâtral que celui des hommes des tableaux précédemment étudiés, avec<br />

un bras tendu vers l’extérieur et l’autre replié, ramenant sa main vers son menton. Cette<br />

attitude fut com<strong>par</strong>ée <strong>par</strong> Franz Meyer avec celle d’un apôtre dans une icône russe de la<br />

2 ème moitié du XIV ème siècle, la Transfiguration du Christ 102 . Même si cette dernière œuvre<br />

n’était pas la source directe qui a inspiré à <strong>Chagall</strong> de donner une telle expression à son<br />

personnage, il y a sans doute un lien très fort entre cette Sainte Famille et la tradition de la<br />

peinture religieuse. <strong>La</strong> composition où l’artiste mit le Christ au centre du tableau<br />

découlerait d’une expression récurrente de l’icône dans laquelle l’enfant Christ trône dans<br />

le sein de la Vierge. Dominique Gagneux remarqua que <strong>Chagall</strong> retint également de l’icône<br />

Roditi, <strong>Chagall</strong> dit : « Les peintres russes que je connaissais avaient d’ailleurs presque tous cette palette que<br />

vous trouvez si sombre ». Ibid..<br />

102 Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 49, cat. ill. C2.<br />

40

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!