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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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<strong>Chagall</strong> éprouva donc le besoin de <strong>par</strong>tir et d’aller plus loin. Lorsque Bakst pré<strong>par</strong>a son<br />

dé<strong>par</strong>t pour <strong>Paris</strong>, <strong>Chagall</strong> décida lui aussi d’aller dans cette capitale des arts.<br />

Par ailleurs, la poésie était une autre passion de <strong>Chagall</strong>. Il confia jadis : « sitôt que<br />

j’ai commencé à savoir m’exprimer en russe, je me suis mis à écrire des vers » 87 . Ses<br />

poèmes étant une autre expression de soi, il en écrivit continuellement durant son séjour<br />

saint-pétersbourgeois. Il avait eu envie à un moment de montrer ses vers à un vrai poète. Il<br />

demanda alors au sculpteur Guinzbourg s’il pouvait soumettre ses poèmes à un poète de<br />

ses amis. Mais le sculpteur refusa brutalement en disant qu’un peintre n’avait pas besoin<br />

d’écrire. <strong>Chagall</strong> fut « effrayé » et son désir en fut « calmé » 88 . Plus tard, lorsque le peintre<br />

fit la connaissance d’Alexandre Block, poète de renom, il fut de nouveau saisi <strong>par</strong> l’envie<br />

de lui montrer ses vers mais il n’osa pas. <strong>Chagall</strong> dit : « Et j’ai rejeté, abandonné et perdu<br />

l’unique cahier de mes poésies enfantines » 89 . Or, ce cahier de poèmes écrits en russe<br />

n’était pas « perdu ». En effet, <strong>Chagall</strong> l’avait gardé pendant son séjour à <strong>Paris</strong> et laissé<br />

dans son atelier lorsqu’il dut momentanément rentrer à Vitebsk. Mais la guerre le retint et<br />

son ami Blaise Cendrars, croyant que <strong>Chagall</strong> était mort, récupéra ses affaires et vendit les<br />

tableaux. Quand <strong>Chagall</strong> revint à <strong>Paris</strong>, il ne trouva pas ses œuvres et refusa dorénavant de<br />

<strong>par</strong>ler à son ancien ami. C’est ainsi que quelques documents sont restés dans la collection<br />

de Cendrars. L’ouvrage documentaire que Benjamin Harshav 90 a récemment constitué<br />

relate le contenu de ce cahier inédit grâce à son contact avec la fille de Cendrars.<br />

D’après la documentation de Harshav, les poèmes sont intitulés « 1909-910, mes<br />

poèmes de mon enfance, mon amour, mes rues et le ciel familier » 91 . <strong>La</strong> plu<strong>par</strong>t furent<br />

écrits à Vitebsk et à Lyozno lorsque <strong>Chagall</strong> s’absentait de l’école de Bakst. Ces poèmes<br />

sont remplis de métaphores sur la nature et la religion, mais l’ambiance est assez<br />

décadente car ils <strong>par</strong>lent de mort et de suicide malgré quelques vers sur l’amour. Ces<br />

poèmes sont des documents très précieux car ils nous aident non seulement à mieux<br />

comprendre la personnalité du jeune <strong>Chagall</strong>, mais surtout ils nous indiquent son état<br />

d’esprit sur le sujet religieux. Très curieusement, plusieurs poèmes comprennent des vers<br />

sur le Christ et expriment l’identification de l’artiste avec le Crucifié.<br />

87 Ibid., p. 132.<br />

88 Ibid., p. 133.<br />

89 Ibid.<br />

90 Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., pp. 190-193.<br />

91 Dans le texte de Harshav, la traduction anglaise est la suivante : « 1909-910, my poems of my childhood,<br />

my love, my streets and familiar sky ». Ibid., p. 190.<br />

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