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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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Société pour la Protection des Beaux-Arts. Se trouvant dans un cadre académique où on<br />

devait continuellement copier les têtes en plâtre des Grecs et des Romains, <strong>Chagall</strong> ne se<br />

sentit pas évoluer. Cependant, il fut élu comme pensionnaire de l’école et ce titre lui permit<br />

de recevoir quinze roubles <strong>par</strong> mois pendant un an 82 . Mais un an après, le jeune artiste<br />

rencontra de nombreuses difficultés pour se nourrir et se loger tout en faisant ses études. Il<br />

avait besoin de mécènes. Pour commencer, il obtint du sculpteur Guinzbourg une lettre de<br />

recommandation pour le baron David Guinzbourg. Mais celui-ci ne lui attribua une<br />

subvention mensuelle de dix roubles que pour quelques mois. En outre, les Juifs avaient<br />

besoin d’une autorisation <strong>par</strong>ticulière pour demeurer en dehors de leur zone de résidence.<br />

En se faisant domestique chez un avocat nommé Goldberg, <strong>Chagall</strong> trouva la solution pour<br />

rester à Saint-Pétersbourg. Bientôt, en dehors de Goldberg, le jeune peintre fit la<br />

connaissance de nombreux amateurs et collectionneurs. Parmi eux, Maksim Vinaver,<br />

député à la Douma, son beau-frère Léopold Sev, le critique N. G. Sirkine et l’écrivain<br />

Pozner, soutinrent <strong>Chagall</strong> avec conviction. Étant tous rédacteurs de la revue culturelle<br />

juive en langue russe Voskhod (Renouveau) et ap<strong>par</strong>tenant à l’élite des Juifs qui aspiraient<br />

à voir la renaissance de leur culture, ils attendaient de <strong>Chagall</strong> qu’il devînt un grand<br />

peintre 83<br />

.<br />

Or, <strong>Chagall</strong> fut peu satisfait de l’enseignement de l’École de Protection des Beaux-<br />

Arts. En juillet 1908, après une dispute avec un professeur, il la quitta définitivement. Par<br />

contre, à cette époque, l’école de Bakst commençait à être renommée pour son style<br />

européen et <strong>Chagall</strong> voulut y entrer. Son talent « gâché mais pas complètement »<br />

l’impression de ne pas progresser comme à l’École de la Protection des Beaux-Arts.<br />

84 étant<br />

reconnu <strong>par</strong> Bakst (1866-1924), <strong>Chagall</strong> commença à travailler dans cette école et à<br />

s’orienter vers une peinture plus moderne et occidentale. Cependant, il se rendit vite<br />

compte qu’il ne pouvait pas être instruit <strong>par</strong> quelqu’un d’autre que lui-même : « Je ne saisis<br />

rien que <strong>par</strong> mon instinct » 85 . Pendant trois mois, il fuît l’atelier « pour [s]’orienter en<br />

liberté et pour essayer de secouer le joug qui [l]’embarrassait » 86 . Cette attitude peut être<br />

une clé pour saisir le caractère de l’artiste, qui ne supportait aucun « joug », autrement dit,<br />

aucun cadre qui limiterait sa liberté et son potentiel créatif. Chez Bakst, il avait<br />

82<br />

De septembre 1907 à septembre 1908.<br />

83<br />

Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 31.<br />

84<br />

<strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, Ma vie, op. cit., p. 127.<br />

85<br />

Ibid., p. 130.<br />

86<br />

Ibid. Alors que <strong>Chagall</strong> relate trois mois d’absence, Benjamin Harshav, d’après les dates de poèmes<br />

composés à Vitebsk et à Lyozno durant cette période, pense que cela dura un mois et demi, au mois de<br />

septembre et d’octobre 1909.<br />

35

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