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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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l’inauguration du musée qui lui est consacré à Nice. Il en va de même dans ses tableaux du<br />

Message Biblique, pour lequel le peintre s’efforce de construire un message universel et<br />

intemporel en représentant un ensemble de personnages : ceux issus de l’Ancien<br />

Testament, ceux issus du monde réel de l’époque et le Christ sur la croix. Les signes juifs<br />

sont de moins en moins visibles dans ses œuvres religieuses, alors que le Christ y devient<br />

un élément indispensable qui élargit le monde biblique chagallien de l’Ancien au Nouveau<br />

Testament.<br />

Dans ce contexte les illustrations bibliques de <strong>Chagall</strong> revêtent de nouvelles<br />

problématiques. Si nous avons considéré le fondement de sa première <strong>Bible</strong> comme la<br />

dualité de deux mondes existant chez l’artiste, dans le deuxième ouvrage publié en 1960,<br />

les Dessins pour la <strong>Bible</strong>, la confrontation du monde juif et d’autres mondes n’est plus en<br />

cause. Dans ces illustrations, les éléments du judaïsme ou les références à d’autres formes<br />

artistiques issues de différentes cultures ne sont guère visibles. De plus, l’artiste n’essaie<br />

plus d’éviter les représentations de Dieu anthropomorphe. Au contraire, il figure Dieu tout<br />

aussi clairement que le font les peintres occidentaux dans les peintures religieuses. Il y a là<br />

indubitablement une évolution de <strong>Chagall</strong>. D’ailleurs, quelques dessins traitant des mêmes<br />

sujets que la première <strong>Bible</strong> nous laissent voir plus concrètement le changement entre les<br />

deux illustrations. <strong>La</strong> plus grande différence se trouve dans le style adouci, pourrait-on<br />

dire, des dessins. Dans la seconde illustration, les lignes fluides et les formes arrondies<br />

contrastent avec la rigidité des eaux-fortes. Ce changement formel provient en grande<br />

<strong>par</strong>tie de la lithographie en couleurs, la nouvelle technique que <strong>Chagall</strong> a acquise à son<br />

retour en France, et qui permet de dessiner directement sur le support. Outre la<br />

lithographie, l’artiste multiplie les moyens pour réaliser ses dessins comme le crayon,<br />

l’aquarelle, le lavis, la gouache et l’encre, qui créent des effets picturaux très variés. <strong>La</strong><br />

recherche stylistique étant une préoccupation majeure, ces Dessins pour la <strong>Bible</strong> mettent<br />

en valeur les personnages féminins de l’Ancien Testament, qui n’ap<strong>par</strong>aissent guère dans<br />

la première <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong>. C’est effectivement le point de dissemblance le plus<br />

important dans cet ouvrage au regard de la première <strong>Bible</strong>. En outre, la volonté de l’artiste<br />

d’en faire un ouvrage différent et complémentaire est aussi manifeste dans la sélection des<br />

livres. Ici, <strong>Chagall</strong> illustre en priorité les livres non traités dans sa première <strong>Bible</strong>, pour que<br />

ces Dessins pour la <strong>Bible</strong> deviennent la suite de la première qui ne couvre pas<br />

amour que je ressens pour tous. [...] Et tous, quelle que soit leur religion, pourront y venir et <strong>par</strong>ler de ce rêve,<br />

loin des méchancetés et de l’excitation ». Cf. Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> Nice, op. cit.,<br />

p. 10.<br />

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