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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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XLV et XCII) et dans l’allure de David vainqueur sur Goliath (pl. LXIII). L’ange de la<br />

planche XCII est d’ailleurs représenté sous l’aspect d’un vieil homme, tout comme l’image<br />

de Dieu le Père du christianisme, quoi qu’il ait des ailes. Cette figure de vieillard réap<strong>par</strong>aît<br />

dans la planche XLI pour représenter l’Éternel, mais cette fois-ci sans ailes. C’est l’unique<br />

exemple de Dieu Anthropomorphe dans l’ensemble de cette <strong>Bible</strong>. Mais, le souvenir de<br />

Rembrandt est le plus significatif au regard de toutes les éventuelles influences<br />

extérieures. Dans plusieurs exemples, la ressemblance des images est immédiatement<br />

identifiable : l’illustration de <strong>Chagall</strong> « Joseph et la femme de Putiphar » (pl. XXI) rappelle<br />

la gravure de Rembrandt sur le même sujet. <strong>La</strong> planche LXI illustrant « David devant<br />

Saül » et un dessin à la plume de Rembrandt 1098 montrent la même composition avec des<br />

éléments identiques. De plus, la position du corps du prophète tué <strong>par</strong> un lion (pl. LXXXII)<br />

est exactement celle du prophète de Rembrandt. <strong>La</strong> planche LIII représentant « le sacrifice<br />

de Manoah » est com<strong>par</strong>able à l’un 1099 des dessins du maître hollandais. Par ailleurs,<br />

l’influence de Rembrandt est aussi fortement présente dans l’utilisation de la technique du<br />

clair-obscur, l’effet de son contraste. <strong>La</strong> planche X de <strong>Chagall</strong> sur « le sacrifice<br />

d’Abraham » présente le patriarche recouvert de noir, le corps nu d’Isaac et l’ange en<br />

blanc qui se contrebalancent dans la composition, probablement à l’exemple de la peinture<br />

de Rembrandt. <strong>Chagall</strong> développe davantage le clair-obscur pour construire un équilibre<br />

dans l’image 1100 , opposer les éléments 1101 et marquer la tension entre les personnages 1102 .<br />

En outre, l’aspect très humain des anges de <strong>Chagall</strong> semble avoir subi aussi l’influence de<br />

Rembrandt, qui a représenté les trois anges accueillis chez Abraham 1103 avec une<br />

ap<strong>par</strong>ence humaine à des âges et à des physiques variés.<br />

Après les éléments du judaïsme et les références à d’autres œuvres, nous avons<br />

relevé l’originalité de <strong>Chagall</strong> comme le troisième élément constitutif de ces 105 eauxfortes<br />

de la <strong>Bible</strong>. Originalité, d’abord, dans sa façon de concevoir une illustration. Son<br />

utilisation de l’espace et du temps s’avère, en effet, très souple sans contraintes au regard<br />

1098<br />

David jouand de la harpe devant Saül, vers 1655, Dessin à la plume, Musée du Louvre, <strong>Paris</strong>.<br />

1099<br />

Le Sacrifice de Manoah, Dessin à la plume, National Gallery of Scotland, Edimbourg.<br />

1100<br />

Ainsi, dans son illustration « l’Arc-en-ciel, signe d’alliance entre Dieu et la Terre », l’ange au ciel est tout<br />

blanc, en contraste avec Noé sur la terre, vêtu entièrement de noir (pl. IV).<br />

1101<br />

Dans la planche II représentant la colombe de l’arche, le noir profond de l’intérieur de l’arche contraste<br />

du blanc lumineux de la colombe, qui semble indiquer l’extérieur, nouveau monde purifié <strong>par</strong> l’eau. De<br />

même, dans « Moïse brise les Tables de la loi », le clair-obscur divise l’image en deux en opposant les deux<br />

côtés : la <strong>par</strong>tie de Moïse avec les Tables contre celle du peuple adorant le veau d’or (pl. XXXIX).<br />

1102<br />

Quant à la planche représentant la femme de Putiphar qui tente de séduire Joseph, la séductrice montre sa<br />

nudité blanche, alors que Joseph est entièrement couvert de noir (pl. XXI). Et dans la planche LXI, le blanc et<br />

le noir opposent le jeune David plongé dans une quiétude et le vieux roi Saül tourmenté <strong>par</strong> le mauvais esprit.<br />

1103<br />

Abraham recevant les trois anges, 1656, Eau forte et pointe sèche, Musée d’Art et d’Histoire, Cabinet des<br />

Estampes, Genève.<br />

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