26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

démontrent sa recherche picturale dans leurs formes géométriques et la polychromie, qui<br />

reflètent, <strong>par</strong> ailleurs, les influences des grands mouvements artistiques de l’époque.<br />

Contrairement à sa gêne marquée dans le traitement du sujet chrétien, le sujet juif<br />

est représenté avec familiarité et, <strong>par</strong>fois, avec un réalisme surprenant. Rentré à Vitebsk<br />

pour une courte durée mais retenu <strong>par</strong> la guerre de 1914, <strong>Chagall</strong>, étant obligé d’y rester,<br />

peint assidûment son entourage et le monde juif. À <strong>par</strong>t sa famille, il réalise plusieurs<br />

portraits des Juifs – des rabbins, des mendiants... – d’après une observation attentive de<br />

leur physionomie et de leur psychologie. Les principales fêtes religieuses et les lieux<br />

emblématiques de la communauté comme la synagogue et le cimetière sont aussi<br />

fidèlement dépeints. En effet, le style réaliste est encore plus accentué dans les tableaux<br />

peints en Palestine. Durant son voyage en Terre Sainte de l’année 1931, <strong>Chagall</strong> a peint<br />

des monuments et des sites historiques en posant le chevalet directement à l’extérieur,<br />

contrairement à son habitude. Le point commun de ces tableaux est leur style étonnamment<br />

réaliste – com<strong>par</strong>able à la photographie documentaire – qui est rare chez lui. Le tombeau<br />

de Rachel, Le rem<strong>par</strong>t de Jérusalem, Le mur de lamentation et les Synagogues de Safed<br />

révèlent ainsi de grandes ressemblances avec les lieux. Nous pouvons, dès lors, remarquer<br />

qu’il y a une différence dans les représentations de l’artiste inhérente aux sujets<br />

représentés : en ce qui concerne le sujet chrétien, <strong>Chagall</strong> le détourne en renversant la<br />

règle iconographique conventionnelle et la symbolique chrétienne traditionnelle. Mais il<br />

dépeint fidèlement le monde juif, la plu<strong>par</strong>t du temps, sans le déformer. Bien entendu, le<br />

contraste tient d’abord aux caractères différents des deux sujets. Il tient ensuite à la façon<br />

dont <strong>Chagall</strong> appréhende les deux sujets : la question juive est <strong>par</strong>tie prenante de son<br />

propre monde, tandis que la question chrétienne lui est étrangère et constitutive de son<br />

imaginaire.<br />

Chez <strong>Chagall</strong>, la coexistence de différents mondes reste primordiale. Les<br />

déplacements qu’il a connus l’ont ouvert à d’autres cultures. Après Vitebsk où il est né, il<br />

va à Saint-Pétersbourg et à <strong>Paris</strong>. Rentré à Vitebsk pour une visite, il doit y rester malgré<br />

lui mais bientôt il quitte définitivement sa ville natale et la Russie. En passant <strong>par</strong> Berlin, il<br />

regagne <strong>Paris</strong> et y s’installe. Néanmoins, la deuxième guerre mondiale le pousse vers les<br />

Etats-Unis où il se réfugie pour éviter la persécution des Juifs. Il revient à <strong>Paris</strong> après la<br />

guerre et se fixe pour toujours dans le Midi de la France. Dans la première <strong>par</strong>tie de<br />

l’étude, nous avons schématisé ce <strong>par</strong>cours comme un va-et-vient entre le monde intérieur<br />

et le monde extérieur de <strong>Chagall</strong>. Si Vitebsk et le monde juif fondent l’univers de<br />

naissance et dans lequel l’enfant a grandi, ils contiennent <strong>par</strong> là-même les éléments qui ont<br />

317

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!