26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

notamment la Crucifixion et la Vierge. L’agonie du Christ, symbole de la souffrance des<br />

Juifs, voire de toute l’humanité, ap<strong>par</strong>aît toujours dans les tableaux de la période de guerre,<br />

accompagnée souvent d’une figure de la mère portant son enfant. Cependant, cette<br />

expression douloureuse s’adoucit peu à peu, semble être plus calme et se dirige vers un<br />

message d’espérance et de résurrection. Ce changement doit être lié certainement à la fin<br />

de la guerre, mais aussi probablement à son nouvel amour et à la naissance de son fils,<br />

David. Ce qu’il faut noter ici, c’est surtout le fait que les sujets religieux comme la<br />

Crucifixion et la Sainte Famille aient été adoptés pour représenter une époque et les étapes<br />

de la vie personnelle de <strong>Chagall</strong>. Ces sujets furent traités dans sa jeunesse avec une<br />

distance rationnelle et une ambition artistique expérimentale. Mais, depuis <strong>La</strong> Crucifixion<br />

blanche, l’œuvre dans laquelle le Christ sur la croix incarne les Juifs y compris l’artiste luimême,<br />

où le sujet est lié à sa judéité, à une question existentielle, la distance s’efface et le<br />

sujet devient personnel. C’est sans doute <strong>par</strong> cette personnalisation que <strong>Chagall</strong> s’approche<br />

davantage du sujet chrétien et du monde des autres.<br />

En 1948, l’artiste mit fin à son exil américain et rentra définitivement en France<br />

pour s’y installer. Dès lors, le rapport entre <strong>Chagall</strong> et ce pays, jadis étranger pour l’artiste,<br />

évolue, ainsi que sa relation avec la culture française, y compris l’art religieux. En<br />

découvrant le Midi, sa terre et sa lumière, <strong>Chagall</strong> trouve une intimité avec la France et<br />

redécouvre la sensation de la « lumière-liberté » qu’il avait ressentie jadis, lors de sa<br />

première venue à <strong>Paris</strong>. En outre, l’invitation de l’Église à <strong>par</strong>ticiper aux travaux décoratifs<br />

de l’Église Notre-Dame-de-Toute-Grâce sur le Plateau d’Assy fut un tournant. Ce travail<br />

amène l’artiste, qui, au début, hésitait beaucoup à accepter en raison de sa judéité, à faire<br />

un pas plus vers l’art religieux français. En même temps, <strong>Chagall</strong> rêvait de disposer d’un<br />

édifice religieux entier pour sa peinture biblique, dans l’idée d’en faire un lieu de<br />

recueillement. Il commence, ainsi, à réaliser de grands tableaux, qui se réuniront sous<br />

l’appellation : Message Biblique. Cette période de l’appropriation correspond d’ailleurs à<br />

celle de la publication de ses <strong>Bible</strong>s. Les 105 eaux-fortes virent le jour en 1956, presque 30<br />

ans après leur création. Ensuite en 1960, <strong>Chagall</strong> publie son deuxième livre biblique<br />

illustré, Dessins pour la <strong>Bible</strong>, avec un style et un contenu très différents du précédent. <strong>La</strong><br />

<strong>Bible</strong> devient désormais l’emblème de l’art de <strong>Chagall</strong>. Celui-ci découvre pendant cette<br />

période plusieurs nouvelles techniques comme la céramique et la lithographie en couleurs,<br />

mais leurs sujets demeurent toujours principalement bibliques. De plus, la première <strong>Bible</strong> à<br />

l’eau-forte est très présente dans ces œuvres comme un modèle iconographique, et cette<br />

310

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!