26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

devient de plus en plus synthétique. Le Monde de la <strong>Bible</strong> 1072 (ill. 299), une lithographie de<br />

l’année 1975, montre clairement cette tendance : des personnages bibliques typiques chez<br />

l’artiste comme le roi David, Moïse tenant les Tables de la Loi et le prototype du prophète<br />

sont tous représentés avec une grande foule. À proximité d’eux se trouve également un<br />

peintre devant son chevalet où ap<strong>par</strong>aît une Crucifixion. <strong>La</strong> présence du peintre dans<br />

l’œuvre indique une autre tendance de cette période : la <strong>par</strong>ticipation de <strong>Chagall</strong> dans son<br />

œuvre biblique ou son union avec ce sujet. En réalité, le thème biblique ne quitte jamais<br />

<strong>Chagall</strong>, et ce, jusqu’à ses derniers jours. Le fait de situer son autoportrait dans ses œuvres<br />

au sujet biblique n’est pas nouveau. Cependant, dans la dernière phase de sa vie, l’artiste se<br />

montre davantage dans ce cadre, plus <strong>par</strong>ticulièrement en <strong>par</strong>allèle avec des figures<br />

d’anges ou avec le Christ. Aux alentours de la Seconde Guerre mondiale, <strong>Chagall</strong> réalisa le<br />

tableau Le peintre crucifié 1073 dans lequel le Christ tient dans sa main des pinceaux et une<br />

palette tel un peintre (ill. 300). Ce Christ représenté comme peintre ou le peintre crucifié<br />

réap<strong>par</strong>aît dans un tableau aux environs de 1968-1971, Devant le tableau 1074 , comme une<br />

synthèse de l’autoportrait et de la Crucifixion. Cette peinture nous montre un tableau posé<br />

sur le chevalet où ap<strong>par</strong>aît un crucifié (ill. 301). Le peintre assis devant ce chevalet a une<br />

tête de chèvre. Or, le crucifié peint dans le tableau est un réel autoportrait de <strong>Chagall</strong>, car,<br />

sur la croix son nom est écrit en yiddish. Les personnages qui le regardent derrière la croix<br />

représentent donc ses <strong>par</strong>ents. Ce tableau du chevalet est d’ailleurs posé dans un paysage<br />

ressemblant à celui de Vitebsk. Ainsi, entouré des éléments biographiques essentiels qui<br />

conditionnaient sa vie, <strong>Chagall</strong> incarne le Christ et son sacrifice : comme le Christ a donné<br />

sa vie pour l’humanité, le peintre a consacré toute sa vie à l’art.<br />

Si la figure du peintre crucifié représente très probablement la passion d’être<br />

artiste et son côté sacrificiel, la com<strong>par</strong>aison avec la figure de l’ange semble suggérer le<br />

don divin et la mission <strong>par</strong>ticulière que <strong>Chagall</strong> reçut. Dans une lithographie de 1972, <strong>La</strong><br />

lutte de Jacob et de l’ange 1075 , dans un coin de la scène nous voyons un peintre devant son<br />

tableau qui représente un ange (ill. 302). Ce peintre se trouve en effet devant Jacob et<br />

l’ange, les lutteurs, qui occupent le centre de l’image. Derrière eux, deux anges sont sur<br />

une échelle, comme dans le songe de Jacob, et encore d’autres anges flottent dans le ciel.<br />

1072<br />

Le Monde de la <strong>Bible</strong>, 1975, Lithographie, papier 55 x 76 cm, illustration 45 x 65 cm, Mourlot n°746 ; Cf.<br />

Charles Sorlier, <strong>Chagall</strong> lithographe 1974-1979, Monte-Carlo, André Sauret, 1984, n°746.<br />

1073<br />

Le peintre crucifié, 1938-1940, Gouache sur papier, Collection <strong>par</strong>ticulière ; Cf. Franz Meyer, <strong>Marc</strong><br />

<strong>Chagall</strong>, op. cit., cat. ill. 689.<br />

1074<br />

Devant le tableau, 1968-71, Huile sur toile, 116 x 89 cm, Fondation Maeght, Saint-Paul.<br />

1075<br />

<strong>La</strong> Lutte de Jacob et de l’Ange, mai 1972, Lithographie en couleurs, papier 52, 5 x 41 cm, illustration 33<br />

x 25 cm, Mourlot n° 657 ; Cf. Charles Sorlier, <strong>Chagall</strong> lithographe 1969-1973, op. cit., n° 657.<br />

308

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!