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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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é<strong>par</strong>ties sur les trois murs, une pour chaque mur du nord et du sud et trois regroupées sur<br />

le mur ouest. <strong>La</strong> première fenêtre latérale gauche du mur sud représente les prophètes Élie,<br />

Jérémie et Daniel. <strong>La</strong> deuxième fenêtre droite du mur nord évoque la vision d’Isaïe. Les<br />

trois autres fenêtres centrales montrent le songe de Jacob à gauche et le roi David chantant<br />

la Jérusalem céleste à droite, tandis que le Christ prend place dans la fenêtre du milieu. Il<br />

répand la lumière autour de lui, entouré <strong>par</strong> des personnages qui semblent le louer. <strong>La</strong><br />

<strong>par</strong>tie inférieure de la fenêtre est occupée <strong>par</strong> l’arbre de Jessé sur lequel se trouve la Vierge<br />

à l’Enfant. Jacob et David sont figurés de profil, tandis que les figures du Christ et de la<br />

Vierge sont frontales, comme si les deux représentations latérales convergeaient vers les<br />

figures centrales 976 . L’accent est mis ici non pas sur le Christ comme symbole des Juifs<br />

persécutés ou des victimes de la guerre, mais sur le Christ Messie, descendant de Jacob et<br />

de David, né dans la lignée d’Israël.<br />

Le discours développé sur le Christ dans les vitraux de ces trois églises manifeste<br />

une évolution importante chez l’artiste. Il est vrai que le Christ, montré d’après un point de<br />

vue très chrétien, reflète sans doute les demandes des commanditaires des vitraux.<br />

Cependant, il faut noter également qu’à cette période <strong>Chagall</strong> représentait le Christ<br />

différemment de ses œuvres antérieures. Cela semble indiquer que l’artiste fut amené à<br />

changer de position au sujet du Christ. Par exemple, Crucifixion 977 de 1972 nous montre<br />

une scène de Crucifixion dans une autre ambiance qu’au<strong>par</strong>avant. Dans les chapitres<br />

précédents, nous avons vu que le Christ était la plu<strong>par</strong>t du temps associé à la guerre et à la<br />

persécution sur les Juifs. C’est après la guerre que le Christ commence à être montré avec<br />

d’autres motifs que ceux illustrant la catastrophe, tels que la mariée, le bouquet de fleurs<br />

ou des éléments biographiques de l’artiste. <strong>La</strong> Crucifixion est ainsi dotée d’autres<br />

significations que la seule évocation de la catastrophe. Dans cette peinture de 1972, le<br />

motif central du tableau est toujours le Christ sur la croix, mais il n’y a rien de triste dans la<br />

scène, plutôt remplie de joie (ill. 251). Il faut encore remarquer que les composantes du<br />

tableau sont identiques à celles de la Crucifixion pendant la période de guerre. Comme<br />

dans <strong>La</strong> Crucifixion blanche, le Christ du centre est ici entouré <strong>par</strong> des personnages divers,<br />

entre autres, un Juif portant un rouleau de la Torah, une mère portant son enfant, un<br />

personnage tenant un chandelier allumé, etc. Or, ces figures ne représentent pas des<br />

réfugiés de guerre comme dans <strong>La</strong> Crucifixion blanche. Au lieu de se disperser, ils<br />

976 Sylvie Forestier, « <strong>Chagall</strong> et le vitrail », art. cit., p. 38.<br />

977 Crucifixion, 1972, Encre noire, pastel, aquarelle, fusain, rehauts à la gouache, 77,5 x 57,4 cm, <strong>Paris</strong>,<br />

Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art moderne ; Cf. André Verdet, <strong>Chagall</strong> méditerranéen, op.<br />

cit., p. 123.<br />

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