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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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Conformément à la <strong>par</strong>ole de Jacob (« Joseph est un rameau fertile d’un arbre plein de<br />

fruits […]. Ses branches […] s’élancent <strong>par</strong>-dessus la muraille » 959 ), l’artiste représenta un<br />

grand arbre dépassant la muraille (ill. 244) 960 . <strong>La</strong> bénédiction de Moïse décrit que l’Éternel<br />

bénit le pays de Joseph <strong>par</strong> la rosée et les produits précieux, <strong>par</strong> les dons excellents et <strong>par</strong><br />

les plus précieux fruits dont la terre est remplie. <strong>Chagall</strong> représenta effectivement plusieurs<br />

arbres fruitiers, une grande corbeille de fruits et une troupe d’animaux paissant, qui<br />

concourent tous à l’imagerie de l’abondance. Il ajouta également un oiseau couronné<br />

tenant un arc et un chofar – corne de bélier – tenu <strong>par</strong> deux mains ap<strong>par</strong>aissant du ciel. Ces<br />

images illustrent sans doute les versets de bénédictions décrivant la tribu comme l’arc qui<br />

reste ferme 961 et les cornes du taureau majestueux 962 . Pour Benjamin, qui est « semblable à<br />

un loup qui déchire » 963 , l’artiste recourut, sans surprise, à la forme d’un loup sur sa proie<br />

(ill. 245) 964 .<br />

<strong>Chagall</strong> se référait quasi principalement au texte biblique, aux bénédictions de<br />

Jacob et de Moïse pour représenter les douze tribus. <strong>La</strong> majorité des éléments figuratifs de<br />

chaque vitrail proviennent des éléments mentionnés dans la bénédiction. Alors que la<br />

tradition juive évite les images humaines, animalières et cosmiques, l’artiste ne s’imposait<br />

pas cette tradition limitant l’expression. Ainsi, les métaphores dans les bénédictions,<br />

comme le lion pour Juda, l’âne pour Issacar, la biche pour Nephtali, le rameau fertile pour<br />

Joseph et le loup pour Benjamin, sont littéralement représentées dans les vitraux. En<br />

revanche, l’artiste n’utilisait guère les symboles des tribus que la tradition avait adoptés<br />

pour remplacer des animaux et des astres. Il semble que <strong>Chagall</strong> employait ces symboles<br />

quand il était intéressant pour lui de les reprendre. Mais ceci fut rare ; il s’inspirait<br />

principalement du texte biblique et du judaïsme au sens général sans recourir à la tradition,<br />

et ce, toujours en harmonie avec sa propre imagination. Lorsque le texte ne mentionne pas<br />

de métaphores concrètes pour la tribu concernée, il emprunte seulement le thème à<br />

illustrer. C’est ainsi que la scène maritime pour Zabulon est inspirée de sa demeure<br />

côtière ; chez Dan, les animaux munis d’épées représentent la justice du personnage ; la<br />

scène guerrière avec des monstres armés pour Gad reflète la nature de la tribu. Il arrive<br />

également que les représentations de l’artiste s’éloignent non seulement de la tradition<br />

959<br />

Genèse XLIX, 22.<br />

960<br />

Joseph pour les vitraux de la synagogue du Centre Médical de l’<strong>Université</strong> hébraïque Hadassah, 1960-<br />

1962, Verre, 338 cm x 251 cm, Jérusalem, Ein Karem.<br />

961<br />

Dans la bénédiction de Jacob : Genèse XLIX, 24.<br />

962<br />

Dans la bénédiction de Moïse : Deutéronome XXXIII, 17.<br />

963<br />

Genèse XLIX, 27.<br />

964<br />

Benjamin pour les vitraux de la synagogue du Centre Médical de l’<strong>Université</strong> hébraïque Hadassah, 1960-<br />

1962, Verre, 338 cm x 251 cm, Jérusalem, Ein Karem.<br />

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