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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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midrashiques donnèrent à chaque tribu leurs couleurs spécifiques. C’est ainsi qu’à Ruben<br />

le rouge fut attribué ; à Siméon le jaune-vert ; à Lévi le blanc, le noir et le rouge ; à Juda le<br />

bleu azur ; à Issachar le noir ; à Zabulon le blanc ; à Dan le bleu ; à Gad le gris ; à Acher<br />

l’or ; à Nephtali le pourpre ou rose ; à Joseph noir ; à Benjamin la combinaison des douze<br />

couleurs. Dominique Jarassé, après avoir observé les vitraux de la grande synagogue de<br />

<strong>Paris</strong> pour les com<strong>par</strong>er à ceux de <strong>Chagall</strong>, remarque que les premiers se réfèrent<br />

fidèlement à cette tradition bien établie 943 .<br />

En revanche, les vitraux de <strong>Chagall</strong> ne suivent pas cette convention, ni pour<br />

l’ordre de la présentation des douze, ni pour leurs couleurs. Premièrement, ils se<br />

succèdent de gauche à droite, contrairement au sens de lecture hébraïque. Ruben, Siméon,<br />

Lévi pour le mur est ; Juda, Zabulon, Issachar pour le mur sud ; Dan, Gad, Acher pour le<br />

mur ouest ; Nephtali, Joseph, Benjamin pour le mur nord. En réalité, c’est l’ordre des<br />

bénédictions de Jacob, relatées dans la Genèse (XLIX, 1-28). Souvenons-nous que<br />

<strong>Chagall</strong>, dans une planche d’eau-forte pour la <strong>Bible</strong>, avait justement représenté le grand<br />

prêtre Aaron portant l’éphod, sur lequel nous pouvons lire les noms des douze dans cet<br />

ordre (pl. XL). Dès lors, cela laisse penser que <strong>Chagall</strong> se référa en premier aux<br />

bénédictions de Jacob comme point de repère tout au long de son travail. Concernant les<br />

couleurs, l’ensemble de ses vitraux est dominé <strong>par</strong> les quatre couleurs principales, le bleu,<br />

le rouge, le jaune et le vert. Toujours selon Dominique Jarassé, ces couleurs proviendraient<br />

également du texte, des bénédictions de Jacob et de Moïse. Quant aux versets sans allusion<br />

à des couleurs, il explique que l’artiste a pris sa liberté d’inventer 944 .<br />

Ce n’est d’ailleurs pas seulement l’ordre et la couleur qui sont fixés dans la<br />

tradition. Les douze tribus reçurent de celle-ci également des symboles, auxquels les<br />

images conventionnelles se réfèrent comme dans la grande synagogue de <strong>Paris</strong> 945 . Par<br />

exemple, le symbole traditionnel de Ruben est la mandragore, et elle ap<strong>par</strong>aît clairement<br />

dans cette synagogue. Cependant, le vitrail de <strong>Chagall</strong> ne la représente pas, mais créé une<br />

sorte de scène de la Genèse où poissons et oiseaux abondent (ill. 234) 946 . De même, pour<br />

Siméon qui est traditionnellement représenté <strong>par</strong> des tours, l’artiste montre encore un<br />

monde ressemblant à celui de la Genèse rempli d’astres et d’animaux (ill. 235) 947 .<br />

943 Cf. Ibid., pp. 48-49.<br />

944 Ibid., p. 49.<br />

945 Cf. Ibid., pp. 51-54.<br />

946 Ruben pour les vitraux de la synagogue du Centre Médical de l’<strong>Université</strong> hébraïque Hadassah, 1960-<br />

1962, Verre, 338 cm x 251 cm, Jérusalem, Ein Karem.<br />

947 Siméon pour les vitraux de la synagogue du Centre Médical de l’<strong>Université</strong> hébraïque Hadassah, 1960-<br />

1962, Verre, 338 cm x 251 cm, Jérusalem, Ein Karem.<br />

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