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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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Maîtres » 905 , il soulignait qu’il était possible de faire appel à des artistes sans demander<br />

leur confession. Dans son article « Aux grands hommes les grandes choses », le Père<br />

Couturier défendit son idée du recours aux grands artistes non croyants ou non chrétiens,<br />

en ces termes : « nous ne savons pas ce qui se passe dans le secret des cœurs » 906 . Pour lui,<br />

les grands artistes ne peuvent qu’être inspirés et leurs œuvres reflètent l’esprit, même si<br />

elles n’ont pas été réalisées avec la foi. Dans cette perspective, la judéité de <strong>Chagall</strong> ne<br />

posait aucun problème pour lui confier du travail à l’église du Plateau d’Assy.<br />

Après la mort du Père Couturier en 1954, le mouvement de renouveau de l’art<br />

sacré fut freiné, surtout dans son caractère révolutionnaire. Cependant, à <strong>par</strong>tir de 1956, ce<br />

sont les institutions gérant les Monuments Historiques qui intervinrent dans le<br />

développement de l’art contemporain au sein des édifices religieux. De plus, le ministère<br />

de la Reconstruction commença à travailler à la même période pour la restauration des<br />

grandes cathédrales de l’est de la France, endommagées pendant la Seconde Guerre<br />

mondiale. L’architecte en chef des Monuments Historiques, Robert Renard, eut l’idée de<br />

faire intervenir des artistes reconnus, entre autres <strong>Chagall</strong>, pour reconstituer les<br />

vitrages détruits des cathédrales de Metz et de Reims. Celles-ci avaient <strong>par</strong>ticulièrement<br />

souffert de la guerre dont les bombardements détruisirent une grande <strong>par</strong>tie de leurs<br />

verrières. En 1958, <strong>Chagall</strong> fut appelé <strong>par</strong> Robert Renard pour réaliser les maquettes pour<br />

les vitraux de la cathédrale Saint-Étienne de Metz, plus précisément ceux des fenêtres du<br />

déambulatoire intérieur de l’abside nord, puis du transept nord et du triforium est et ouest.<br />

De 1958 à 1968, l’artiste travailla à ce vaste programme dont le contenu est principalement<br />

inspiré de l’Ancien Testament. En outre, pour le travail des vitraux à <strong>par</strong>tir de 1958 il<br />

commença à collaborer avec Charles Marq et Brigitte Simon, maîtres-verriers de l’atelier<br />

Jacques Simon à Reims. Ceux-ci s’efforçaient d’imposer l’art du vitrail après la guerre en<br />

travaillant avec les artistes de premier plan 907 . Tous les vitraux de <strong>Chagall</strong> seront<br />

désormais réalisés en collaboration avec ces deux spécialistes, et plus <strong>par</strong>ticulièrement<br />

avec Charles Marq.<br />

Il importe de noter qu’avec ces vitraux de la cathédrale de Metz, l’artiste entrait<br />

réellement dans une période de création d’œuvres d’une grande envergure à sujet biblique.<br />

Les commandes publiques et privées pour les vitraux affluèrent jusqu’à ses derniers jours.<br />

905 Élisabeth Pacoud-Rème, « <strong>Chagall</strong> et le renouveau de l’art sacré en France après-guerre », dans <strong>Marc</strong><br />

<strong>Chagall</strong> maquettes de vitraux, catalogue d’exposition, <strong>Paris</strong>, Réunion des Musées nationaux, 2000, p. 7.<br />

906 Marie-Alain Couturier, « Aux grands hommes les grandes choses », Art Sacré, Textes choisis <strong>par</strong><br />

Dominique de Menil et Pie Duployé, Houston, Menil Foundation, 1983, p. 36.<br />

907 Élisabeth Pacoud-Rème, « <strong>Chagall</strong> et le renouveau de l’art sacré en France après-guerre », art. cit., pp. 10-<br />

12.<br />

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