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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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omantique. Comme le rouge est aussi une couleur plutôt féminine chez <strong>Chagall</strong> et que la<br />

plu<strong>par</strong>t de ses Dessins pour la <strong>Bible</strong> sont consacrés aux personnages féminins, l’artiste<br />

choisit probablement volontairement le rouge comme couleur emblématique pour<br />

l’ensemble de ces lithographies.<br />

Jusqu’ici nous avons étudié divers aspects des Dessins pour la <strong>Bible</strong>. Selon notre<br />

observation, ce deuxième livre biblique illustré <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong> est très différent du premier.<br />

Stylistiquement, la fluidité des dessins construite <strong>par</strong> les courbes et la libre utilisation des<br />

matériaux se distingue de la rigueur des eaux-fortes de la <strong>Bible</strong>. Dans les Dessins pour la<br />

<strong>Bible</strong>, nous ne trouvons pas des lignes droites, mais des lignes toujours courbées et<br />

ondulantes. Les formes sont donc arrondies et liées aux mouvements des personnages, qui<br />

sont doux, détendus, rythmiques et même dansants. Cette douceur d’expression s’accorde<br />

en effet au thème de ces dessins, qui contrastent autant <strong>par</strong> leur traitement que <strong>par</strong> leur<br />

sujet avec les eaux-fortes pour la <strong>Bible</strong> : lignes courbes contre lignes droites, couleurs<br />

contre noir et blanc, personnages féminins d’un côté et masculins de l’autre.<br />

Néanmoins, si les Dessins pour la <strong>Bible</strong> s’avèrent moins traditionnels que la<br />

première <strong>Bible</strong> <strong>par</strong> le choix des personnages majoritairement féminins, la conception<br />

générale de l’ouvrage se montre tout de même plus classique que la première. Dans celleci,<br />

l’artiste écarta des sujets sur la Chute de l’humanité en mettant principalement l’accent<br />

sur l’alliance entre Dieu et son peuple. En revanche, les Dessins pour la <strong>Bible</strong> montrent en<br />

détails l’épisode d’Adam et Ève qui sont chassés du Paradis après avoir désobéi à Dieu.<br />

L’histoire de la Chute continue <strong>par</strong> le meurtre de Caïn et le Déluge, auxquels quatre images<br />

sont consacrées. Or, ce qui nous frappe le plus dans cette <strong>par</strong>tie de la Genèse nouvellement<br />

représentée, c’est le fait que l’artiste figura Dieu. Dans la lithographie sur Ève maudite <strong>par</strong><br />

Dieu (ill. 225) 904 , <strong>Chagall</strong> nous montre l’Éternel sous l’ap<strong>par</strong>ence d’un vieillard barbu,<br />

selon la convention de l’art occidental. Ceci est un changement radical de la <strong>par</strong>t de<br />

l’artiste, car dans ses eaux-fortes pour la <strong>Bible</strong> il recherchait volontairement à respecter la<br />

tradition juive qui ne représente jamais la figure divine.<br />

904<br />

Ève maudite <strong>par</strong> Dieu pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960, lithographie en couleurs, 36, 4 x 26<br />

cm, Mourlot n° 236.<br />

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