La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne
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animaux, et le soleil et la lune. Ces motifs sont mélangés et répartis dans les huit dessins, mais la femme nue apparaît dans tous. En faisant une lecture et une interprétation littérales du texte biblique, l’artiste fait de ce sujet une illustration de l’amour sensuel entre un homme et une femme. Or, seul le corps des femmes est dénudé, et celles-ci montrent une grande volupté à travers leurs seins bien ronds. En particulier, le dernier dessin de la série représente une femme nue au corps éblouissant dont la rondeur des seins, du ventre et des hanches respire pleinement la féminité et la sensualité (ill. 211) 887 . Ces dessins nous rappellent les tableaux relatifs à la maternité des années 1950 et surtout le cycle sur Le Cantique des Cantiques que nous avons déjà étudiés de près. En réalité, deux dessins ressemblent exactement aux tableaux du cycle : le n° LXVII et Le Cantique des Cantiques II, ainsi que le n° LXXI et Le Cantique des Cantiques I. Le premier dessin montre une femme nue allongée sur un grand arbre penché en oblique (ill. 212) 888 . Cette représentation avec la présence d’un trône à droite de l’arbre est identique dans la peinture (ill. 179). Quant au couple accompagné d’un oiseau dans le deuxième dessin (ill. 213) 889 , il garde la même forme schématique du tableau (ill. 182). En outre, les amoureux du dessin n° LXXII (ill. 214) 890 apparaissent en mariés dans Le Cantique des Cantiques III (ill. 183). Leur corps unis, dont la forme élancée est accentuée par la longue robe de la femme, dessine un axe vertical dans les deux images. La même iconographie dans les dessins et dans les tableaux est certainement liée à leur date de création. Les trois tableaux du Cantique des Cantiques que nous venons de citer furent réalisés entre 1957 et 1960, presque à la même période que les Dessins pour la Bible. Cet ouvrage fut publié en 1960 et la plupart des dessins furent créés en 1958 et 1959. Chagall devait travailler pour cette deuxième illustration de la Bible et pour le cycle du Cantique des Cantiques en même temps, d’où sans doute leur ressemblance. Les nouveautés des Dessins pour la Bible, en comparaison à la Bible La similitude entre certains dessins de cet ouvrage et des tableaux de la même période prouve que Chagall choisit de s’inspirer de ses peintures plutôt que de sa première Bible. D’un autre côté, les dessins illustrant les mêmes sujets que ceux des eaux-fortes permettent de voir les différences entre les deux Bibles. D’abord, il faut souligner les 887 e Le Cantique (le 73 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960). 888 e Le Cantique (le 67 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960). 889 e Le Cantique (le 71 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960), Encre de Chine, lavis et fusain, 35, 5 x 26, 8 cm. 890 e Le Cantique (le 72 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960), Fusain et encre de Chine, 34 x 25, 5 cm. 250
différents points de vue que l’artiste porte sur le même sujet. La planche XIII des eaux- fortes pour la Bible et les dessins n° XX et XXI illustrent une scène de la Genèse : la bénédiction de Jacob. Dans l’eau-forte, nous voyons Isaac et Jacob au premier plan. La tension de la bénédiction usurpée plane. Rebecca, qui est aussi la mère d’Esaü, a poussé son fils cadet Jacob à recevoir la bénédiction de son père, l’incitant ainsi à voler le droit d’aînesse. Elle les regarde de loin, cachée derrière la table (ill. 142) 891 . En revanche, dans le dessin n° XX, c’est Rebecca qui est représentée au premier plan, et le père et le fils se trouvent derrière elle (ill. 215) 892 . Le dessin n° XXI présente la même composition que l’eau-forte, mais la taille des personnages est modifiée pour que Isaac et Jacob prennent moins de place, et que Rebecca soit un peu plus visible (ill. 216) 893 . Ces différentes présentations sont dues au déplacement de l’accent dans le sujet. Comme nous l’avons expliqué, les eaux-fortes pour la Bible retracent l’histoire de grands personnages bibliques masculins, tandis que les Dessins pour la Bible mettent en avant les personnages féminins. Ceux-ci ne sont plus spectateurs mais acteurs principaux des évènements, tout comme Rebecca qui semble diriger la situation. Ensuite, il y a des modifications dans la composition. En ce qui concerne l’histoire de Rebecca donnant à boire au serviteur d’Abraham, dans l’eau-forte (pl. XII), l’artiste mit les personnages ensemble au centre de la planche pour que notre regard se concentre sur eux. En revanche, deux dessins (n° XVII et n° XVIII) relatifs à ce sujet offrent une vue plus large sur la scène en montrant le paysage autour du puits où Rebecca et le serviteur d’Abraham se rencontrent. Nous y voyons des animaux et des gens qui puisent de l’eau, alors que dans l’eau-forte une seule personne sur le chameau accompagne les deux personnages principaux. Le sujet est traité d’une manière plus narrative dans les dessins, alors que l’eau-forte met l’accent sur les portraits des personnages. Par ailleurs, l’artiste représenta la rencontre de Jacob et de Rachel de la même manière dans le dessin comme dans l’eau-forte. La composition qui figure les deux personnages au premier plan est presque identique dans les deux supports, sauf la position de Jacob et Rachel qui s’inverse. Jacob, à droite de Rachel dans le dessin (ill. 217) 894 , et à 891 Avant de mourir, Isaac, aveugle, bénit son second fils, Jacob, que Rébecca lui a fait prendre pour son aîné Esaü (pl. XIII), 1931-1934, Eau-forte, 29, 9 x 24, 1 cm, Nice, Musée National Message Biblique Marc Chagall. 892 e Rebecca fait bénir Jacob par Isaac (le 20 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960), Fusain, 31 x 24 cm. 893 e La bénédiction de Jacob (le 21 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960). 894 e Rencontre de Jacob et Rachel (le 23 dessin pour Dessins pour la Bible, revue Verve, 1960), Fusain, encre de Chine, lavis et gouache, 35, 7 x 26, 6 cm. 251
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différents points de vue que l’artiste porte sur le même sujet. <strong>La</strong> planche XIII des eaux-<br />
fortes pour la <strong>Bible</strong> et les dessins n° XX et XXI illustrent une scène de la Genèse : la<br />
bénédiction de Jacob. Dans l’eau-forte, nous voyons Isaac et Jacob au premier plan. <strong>La</strong><br />
tension de la bénédiction usurpée plane. Rebecca, qui est aussi la mère d’Esaü, a poussé<br />
son fils cadet Jacob à recevoir la bénédiction de son père, l’incitant ainsi à voler le droit<br />
d’aînesse. Elle les regarde de loin, cachée derrière la table (ill. 142) 891 . En revanche, dans<br />
le dessin n° XX, c’est Rebecca qui est représentée au premier plan, et le père et le fils se<br />
trouvent derrière elle (ill. 215) 892 . Le dessin n° XXI présente la même composition que<br />
l’eau-forte, mais la taille des personnages est modifiée pour que Isaac et Jacob prennent<br />
moins de place, et que Rebecca soit un peu plus visible (ill. 216) 893 . Ces différentes<br />
présentations sont dues au déplacement de l’accent dans le sujet. Comme nous l’avons<br />
expliqué, les eaux-fortes pour la <strong>Bible</strong> retracent l’histoire de grands personnages bibliques<br />
masculins, tandis que les Dessins pour la <strong>Bible</strong> mettent en avant les personnages féminins.<br />
Ceux-ci ne sont plus spectateurs mais acteurs principaux des évènements, tout comme<br />
Rebecca qui semble diriger la situation.<br />
Ensuite, il y a des modifications dans la composition. En ce qui concerne l’histoire<br />
de Rebecca donnant à boire au serviteur d’Abraham, dans l’eau-forte (pl. XII), l’artiste mit<br />
les personnages ensemble au centre de la planche pour que notre regard se concentre sur<br />
eux. En revanche, deux dessins (n° XVII et n° XVIII) relatifs à ce sujet offrent une vue<br />
plus large sur la scène en montrant le paysage autour du puits où Rebecca et le serviteur<br />
d’Abraham se rencontrent. Nous y voyons des animaux et des gens qui puisent de l’eau,<br />
alors que dans l’eau-forte une seule personne sur le chameau accompagne les deux<br />
personnages principaux. Le sujet est traité d’une manière plus narrative dans les dessins,<br />
alors que l’eau-forte met l’accent sur les portraits des personnages.<br />
Par ailleurs, l’artiste représenta la rencontre de Jacob et de Rachel de la même<br />
manière dans le dessin comme dans l’eau-forte. <strong>La</strong> composition qui figure les deux<br />
personnages au premier plan est presque identique dans les deux supports, sauf la position<br />
de Jacob et Rachel qui s’inverse. Jacob, à droite de Rachel dans le dessin (ill. 217) 894 , et à<br />
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Avant de mourir, Isaac, aveugle, bénit son second fils, Jacob, que Rébecca lui a fait prendre pour son aîné<br />
Esaü (pl. XIII), 1931-1934, Eau-forte, 29, 9 x 24, 1 cm, Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong><br />
<strong>Chagall</strong>.<br />
892 e<br />
Rebecca fait bénir Jacob <strong>par</strong> Isaac (le 20 dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960), Fusain,<br />
31 x 24 cm.<br />
893 e<br />
<strong>La</strong> bénédiction de Jacob (le 21 dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960).<br />
894 e<br />
Rencontre de Jacob et Rachel (le 23 dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960), Fusain, encre<br />
de Chine, lavis et gouache, 35, 7 x 26, 6 cm.<br />
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