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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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verset étant « Il prospère comme un arbre ». Mais, à <strong>par</strong>t ces éléments, <strong>Chagall</strong> constitua<br />

ces dessins avec des motifs qui ne sont pas directement liés au texte mais qui ap<strong>par</strong>tiennent<br />

plutôt à son répertoire pictural. Il eut recours à ses propres motifs picturaux tels que<br />

l’oiseau, la chèvre, le chandelier, l’ange et les Tables de la Loi, même si sur ces derniers<br />

nous ne lisons pas les dix commandements mais un verset du Psaume I. Après le Psaume,<br />

<strong>Chagall</strong> illustra le début et la fin du livre de l’Ecclésiaste <strong>par</strong> deux dessins très proches l’un<br />

de l’autre. En réalité, le prologue de ce livre peut se résumer en une phrase : « Il n’y a rien<br />

de nouveau sous le soleil » 882 . Or, ce que nous voyons dans le dessin, c’est un grand<br />

oiseau, peut-être un coq, et un homme, ainsi qu’un grand livre ouvert dans les airs audessus<br />

d’une foule (ill. 209) 883 . L’homme et le livre indiquent probablement la personne<br />

qui <strong>par</strong>le dans l’Ecclésiaste, la foule les gens à qui s’adresse le message. Néanmoins, le<br />

grand oiseau ou le coq reste énigmatique tant que l’on ignore le sens symbolique de ce<br />

motif typiquement chagallien. À ce propos, Franz Meyer voyait dans cet animal une<br />

signification hautement religieuse en relation avec le sacrifice rituel du coq lors de la<br />

cérémonie de purification dans le judaïsme 884 . Chez <strong>Chagall</strong> le coq est également<br />

considéré comme un symbole de vie et d’espoir 885 . En effet, un grand oiseau qui ressemble<br />

à celui de l’Ecclésiaste ap<strong>par</strong>aît dans le premier dessin de cet ouvrage, qui représente<br />

l’Éden (ill. 210) 886 . Ce dessin montre Adam et Ève unis en seul corps dans le jardin<br />

d’Éden, entourés d’arbres et d’animaux. Nous voyons surtout un énorme oiseau qui déploie<br />

ses ailes derrière le premier couple, comme s’il manifestait une puissance de vie. <strong>La</strong><br />

présence du grand oiseau dans l’Ecclésiaste peut être interprétée à la lumière de ces<br />

symbolismes : dans ce texte qui <strong>par</strong>le du vrai sens de la vie, dans le respect et l’obéissance<br />

aux commandements de Dieu, l’oiseau est une allusion de la vie dont nous devons<br />

rechercher le sens dans la sainteté.<br />

Ainsi, si <strong>Chagall</strong> introduisit la symbolique <strong>par</strong> l’ajout de motifs picturaux<br />

personnels dans la représentation de textes abstraits comme les Psaumes et l’Ecclésiaste,<br />

pour le Cantique des Cantiques il réalisa des dessins encore plus poétiques grâce à ces<br />

éléments picturaux. Dans les huit dessins que l’artiste réalisa pour ce livre, nous pouvons<br />

remarquer que quelques motifs ap<strong>par</strong>aissent en répétition : un nu féminin, un roi, un couple<br />

d’amoureux, un arbre fleuri ou un bouquet de fleurs, un instrument de musique, des<br />

882 L’Ecclésiaste, I, 9.<br />

883 L’Ecclésiaste (le 64 e dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960).<br />

884 Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 71.<br />

885 Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 34.<br />

886 Paradis (le 1 er dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960), Crayon sur papier granulé, 35, 7 x<br />

27, 2 cm.<br />

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